si, c'est vrai !

logiciel libre et (in)dépendance

De nombreux utilisateurs d’ordinateur ont une vision à court terme de l’outil informatique : ils ne s’intéressent qu’à l’usage qu’ils peuvent en faire au jour le jour sans prendre en compte les implications qu’il induit à long terme : pérennité des données, patrimoine numérique commun, indépendance, liberté de choix…

Mais faisons l’analogie avec l’automobile : conduire un véhicule sur la voie publique nécessite une formation. Cela se justifie d’une part du fait qu’il est nécessaire de savoir contrôler son véhicule et d’autre part du fait qu’il est impératif de savoir s’intégrer dans la circulation sans mettre en péril la sécurité des autres automobilistes. En serait-il autrement de l’informatique ?

L’une des plus belles supercheries de l’industrie de l’informatique est d’être arrivée à faire croire qu’il était possible d’utiliser l’informatique sans formation, sans connaissance préalable de l’outil. Il suffirait donc de s’installer au volant de l’ordinateur et de commencer à l’utiliser sur les sinueuses et difficiles routes de montagne ?

Or, si tous les éditeurs tentent de rendre l’informatique aussi intuitif, simple et abordable que possible, la technique de l’informatique ne cesse de se complexifier avec la diversification des usages (on fait de plus en plus de chose avec un ordinateur).

En conséquence, il n’est pas pas très étonnant de constater 2 dérives :

  • Des utilisateurs dont l’ordinateur plante et pestent contre lui, tentent parfois de le réparer eux-même et finissent souvent par aller chez leur revendeur ou chez un prestataire de micro-informatique et demandent à un “spécialiste” de remettre l’ordinateur en état de marche.
  • D’autres utilisateurs cèdent aux sirènes d’un éditeur de micro-informatique qui leur promet monts et merveilles contre monnaie sonnante et trébuchante. Ils sont alors rassurés d’être pris par la main et payent pour avoir un système d’exploitation plus récent, des mises à jour, un antivirus, un firewall, un antispyware, un antipopup, un antispam et que sais-je encore…

Ces deux dérives ont la même conséquence : elles maintiennent l’utilisateur dans l’ignorance et la dépendance. Finalement, des deux dérives, seule diffère l’entité qui perçoit la monnaie : le prestataire ou l’éditeur. Les mauvaises langues argueront qu’elles ne sont en aucun cas des conséquences fortuites mais des objectifs sciemment poursuivis.

Pour sortir de l’ornière et faire tomber les oeillères, la première des choses à faire est probablement d’énoncer quelques vérités :

  • oui, l’informatique est technique,
  • non, l’informatique n’est pas si simple que certains veulent le faire croire,
  • oui, une formation est souvent nécessaire pour commencer à maîtriser un outil.

L’informatique ne diffère pas des autres outils ni des autres techniques : il faut apprendre à l’utiliser.

Si certains utilisateurs ne rencontrent pas de problème avec leur ordinateur, il est toutefois possible qu’ils en causent à d’autres. Tout comme l’automobile s’insère la circulation, un ordinateur est de nos jours bien souvent connecté à internet tout ou partie du temps, pouvant ainsi causer des dommages en tout point du réseau internet. La connaissance de l’outil informatique permet de combler les failles de sécurité et d’éviter de causer des problèmes aux autres utilisateurs à son insu. Il est donc primordial de savoir correctement sécuriser son ordinateur afin d’éviter de se faire le relais d’attaques malintentionnées.

On peut à nouveau faire le parallèle avec l’automobile. En effet, il est aujourd’hui quasiment impossible pour un particulier d’assurer l’entretien quotidien d’un véhicule récent. Même la vidange n’est maintenant plus possible et doit être faite par un garagiste, qui plus est agréé. Ce garagiste aura payé son agrément, une formation et souvent du matériel spécifique à une marque de voiture (matériel propriétaire qu’il devra renouveler régulièrement).

L’informatique grand public va dans le même sens, proposant du poisson à celui qui a faim tandis que le logiciel libre propose en outre d’apprendre à pécher. Il est plus long et laborieux d’apprendre à pêcher que de simplement déguster un poisson déjà cuisiné. Mais à moyen terme, savoir pécher est assurément la solution la plus avantageuse.

Idéologiquement parlant, le logiciel propriétaire est la vente d’un produit à consommer tandis que le logiciel libre est le partage de la connaissance.

Ceci dit, chacun doit pouvoir décider s’il souhaite demeurer dépendant et assisté ou s’il préfère apprendre et gagner son autonomie. Mais la moindre des choses serait que chacun puisse faire ce choix en connaissance de cause, conscient des tenants et aboutissants.

Et si chacun avait conscience qu’utiliser l’informatique nécessite une formation, nul doute qu’un nombre non négligeable d’utilisateurs opteraient pour le logiciel libre, conscient que c’est un investissement qui s’inscrit dans le temps et dans une perspective humaniste.