si, c'est vrai !

NAIRU : chômage et inflation

L’objectif premier de la Banque Centrale Européenne est la lutte contre l’inflation. Les théories économiques présentent souvent l’inflation comme un mal à combattre et à éviter. Elle a - entre autre - pour effet de dévaloriser les patrimoines financiers et est donc néfaste pour les “riches”.

Le NAIRU (Non-Accelerating Inflation Rate of Unemployment) correspond au taux de chômage n’accélérant pas l’inflation. C’est une théorie conçue en 1975 dont la valeur chiffrée correspond au taux de chômage minimal pour ne pas accélérer l’inflation.

A titre d’information, l’OCDE estimait le NAIRU à environ 9,5% pour la France en 1999 alors que le taux de chômage était de 10,8%.

Le chômage a pour effet de modifier le rapport de force entre salariés et patrons :

  • un taux de chômage fort a pour effet de rendre les salariés plus faibles face à leurs patrons qui peuvent sans problème licencier les salariés trop revendicatifs pour embaucher à leur place des chômeurs plus dociles
  • un taux de chômage faible a pour effet de renforcer le pouvoir des salariés dont les revendications seront plus à même d’être imposées aux patrons

La flexibilisation du marché du travail modifie le rapport de force entre salariés et patrons, en favorisant ces derniers. En flexibilisant le marché du travail, on diminue ainsi le NAIRU et on peut donc décider de diminuer le taux de chômage sans risquer d’accélérer l’inflation. En fait, le NAIRU permet de déterminer la limite minimale du taux de chômage pour que les patrons se maintiennent position de force dans le rapport de force avec les salariés.

  • Un taux de chômage faible a tendance à pousser les salaires à la hausse, entrainant ainsi la hausse généralisée des prix : c’est l’inflation.
  • Un taux de chômage fort est une incitation à la modération salariale, à la modération des prix et donc à l’absence d’inflation.

En conséquence, lorsqu’un politicien parle de plein emploi et en fait un de ses objectifs de campagne, il y a fort à parier qu’il ne souhaite le plein emploi que dans la limite où il reste compatible avec le NAIRU, c’est à dire que le taux de chômage reste au dessus du NAIRU. Il faut donc se méfier de ceux qui promettent le plein emploi car il est probable qu’eux-même n’en croient pas un mot… Ils se mettraient aussitôt le MEDEF à dos.

Il apparaît ainsi que le taux de chômage n’est pas une fatalité, mais le résultat d’un choix délibéré d’une variable d’ajustement (le taux de chômage) dont l’objectif est de ne pas mettre en danger l’économie.

Et une étude de 3 chercheurs de l’université Paris 1 montre que flexibiliser l’emploi pour réduire le chômage n’est pas une évidence scientifique. Cette étude tend à montrer qu’il n’existe pas de lien direct entre le chômage et la flexibilité de l’emploi. Il faut au contraire prendre en compte le NAIRU, l’inflation et le rapport de force entre salariés et patrons pour étudier la problématique dans son ensemble.