si, c'est vrai !

se comprendre

La langue française est - dans les livres - une langue riche. Mais dans notre quotidien, le Français courant s’appauvrit, lui.

En premier lieu, certains mots passe-partout permettent de réduire l’étendue du lexique courant. Prenons quelques exemples utilisant les mots passe-partout que sont prendre et faire :

  • prendre le train : voyager en train
  • prendre du bon temps : passer du bon temps
  • prendre une douche : se doucher
  • faire du vélo : se balader en vélo
  • faire une bonne affaire : conclure une bonne affaire
  • faire l’idiot : se comporter comme un idiot

L’objet de ce billet n’est pas de dénigrer l’existence de ces verbes passe-partout, parfois bien utiles, mais plutôt de dénoncer l’usage immodéré qui en est fait de nos jours, contribuant ainsi à appauvrir notre langue.

En outre, l’utilisation plus large de nouvelles technologies de communication comme internet ou les terminaux mobiles (téléphones mobiles ou pda) favorisent l’usage de nouveaux modes d’expression et de communication adaptés aux textos des terminaux mobiles et à la messagerie instantanée des ordinateurs. Pour satisfaire aux contraintes d’instantanéité et de concision de la scripturalisation de l’oral, l’usage commun tend à réduire le champ lexical, la variété des lemmes (avec l’utilisation des mots passe-partout) ou encore de modifier l’orthographe des mots pour adopter une orthographe phonétique (comme dans le langage sms).

Cette évolution du langage, qui s’explique en partie par les claviers restreints et peu pratiques des terminaux mobiles, entraîne un appauvrissement certain du langage, une moindre finesse et moins de nuances dans l’expression. Or savoir s’exprimer, c’est aussi savoir régler ses différents autrement que par la force, c’est savoir discuter, parlementer, débattre, exprimer sa colère ou son désarroi. Si les jeunes (et les autres !) d’aujourd’hui ne disposent plus du langage comme outil d’expression de leurs idées et de leurs sentiments, il n’est pas étonnant de voir la violence physique (et la violence verbale qui l’accompagne) se développer.

Certains trouveront que le raccourcis est un peu rapide mais on peut malgré tout formuler l’hypothèse d’un lien fort entre le niveau d’éducation et le niveau de violence d’un groupe social. Faut-il voir dans la diminution des fonds alloués à l’éducation nationale un prélude à la barbarie ? Comme le disait si justement Abraham Lincoln : “si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance”.

Communiquer est déjà compliqué entre individus civilisés, et cela renforce la nécessité de maintenir un système éducatif efficace. En effet, le langage une composante majeure d’une société, permettant d’établir des liens entre individus, donc de contribuer au tissus social.

Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous voulez entendre, ce que vous entendez, ce que vous croyez en comprendre, ce que vous voulez comprendre, et ce que vous comprenez, il y a au moins neuf possibilités de ne pas se comprendre. Mais, s’il vous plaît, essayons quand même. Bernard Werber