si, c'est vrai !

tous propriétaires, tous actionnaires

Dans le Monde Diplomatique de décembre 2008, Laurent Bonelli publie un billet intitulé Tous petits propriétaires dans lequel il analyse et réagit aux propos de Alan Greenspan, directeur de la banque centrale des Etats-Unis de 1987 à 2006.

Alan Greenspan : Je me rendais bien compte que l’assouplissement du crédit hypothécaire accroissait le risque financier, et que l’accession à la propriété immobilière, grâce à des prêts subventionnés, déformait les verdicts du marché. Mais j’ai également estimé et j’estime toujours, que l’augmentation du nombre de propriétaires renforçait le soutien au capitalisme de marché. J’estimais donc, et je continue de le faire, que l’élargissement de la propriété immobilière individuelle valait bien l’accroissement du risque. La protection des droits de propriété , si essentielle dans une économie de marché, requiert une masse critique de propriétaires pour conserver un soutien politique.

Ce à quoi Laurent Bonelli répond en faisant un parallèle entre la propriété foncière et l’actionnariat salarial :

Au-delà de ce qui pourrait passer pour des campagnes publicitaires pour le bâtiment et les travaux publics (BTP), s’énonce une véritable philosophie de l’histoire : l’individu responsabilisé doit l’emporter sur un collectif toujours suspect de passions irrationnelles (voire pis, révolutionnaires). C’est assez connu. Mais derrière les propos de M. Greenspan se cache également l’une des nouvelles ruses de la raison des dominants. Il s’agit de faire participer, sur un mode mineur, les dominés à l’ordre dominant, de sorte qu’ils ne puissent pas contester cet ordre, sans eux-mêmes subir directement les préjudices de leur propre contestation. L’actionnariat salarial repose exactement sur le même principe. Il n’est pas suffisamment important pour peser sur les décisions stratégiques d’une entreprise, mais lie les pieds et les poings des employés, qui peuvent difficilement mener des actions affectant sa productivité sans en souffrir les conséquences.

Alors, tous propriétaires ? Tous actionnaires ?