si, c'est vrai !

le lièvre et la tortue

Méfiez vous du pétrole pas cher ! nous avertit Jean-Marc Jancovici dans une tribune où il explique que la baisse récente du cours du pétrole ne doit pas nous détourner de la problématique centrale que constituent les transports dans le contexte environnemental et énergétique actuel.

aspect environnemental

L’ORAMIP - Observatoire Régional de l’Air en Midi-Pyrénées - a réalisé au printemps 2008 une étude afin d’évaluer l’exposition des personnes à la pollution de l’air dans différents moyens de transport : voiture, bus, métro, marche à pied et vélo.

Pour ce premier volet de l’étude, trente cinq déplacements, parmi les plus empruntés dans l’agglomération toulousaine sur le trajet domicile-travail, ont été étudiés aux heures de pointe et comparés aux concentrations enregistrées sur les sites de mesures fixes de l’ORAMIP.

Les premiers résultats obtenus sont identiques à ceux obtenus au cours d’une étude similaire à Paris : l’automobiliste au volant de son véhicule ainsi que ses passagers sont les plus exposés à la pollution de l’air.

tableau comparatif de la pollution liée aux différents modes de déplacement

Les concentrations mesurées pour chaque mode de déplacement montrent que l’automobiliste est le plus exposé à tous les polluants pris en compte (dioxyde d’azote, particules en suspension, monoxyde de carbone, benzène). La marche, le vélo et le bus forment le trio gagnant des modes de transport permettant d’échapper le mieux aux polluants.

graphique comparatif de la pollution liée aux différents modes de déplacement

Il est donc illusoire de croire que l’automobile constitue un cocon protecteur et isolant de la pollution extérieure. Plus la circulation est dense, plus l’automobiliste s’intoxique. A l’inverse, le cycliste - qui évolue souvent au sein du même milieu - bénéficie d’une position plus élevée et donc plus éloignée des pots d’échappement. Il est en outre plus agile, ce qui lui permet de ne jamais rester bloqué dans les bouchons, réduisant de ce fait le temps de parcours, donc la durée d’exposition.

aspect énergétique

D’un point de vue énergétique, une autre étude de mars 1973 publiée dans Scientific American compare le coût énergétique du déplacement d’une unité de masse donnée. Elle vise à évaluer le rendement énergétique de différents modes de déplacement.

graphique comparatif de l'énergie nécessaire aux différents modes de déplacement

On constate avec étonnement que le vélo est très performant. Il a un rendement supérieur à de nombreux animaux, dont le cheval - taillé pour la galop - et le dauphin - dont les qualités hydrodynamiques sont connues de tous les nageurs. Le vélo présente le double avantage de permettre d’échapper en partie à la pollution urbaine et de ne pas contribuer à celle-ci.

A l’inverse, l’automobile se retrouve plutôt mal placée, à peu près aussi performante qu’un homme à pied ou qu’un avion de transport. Ce dernier fait est intéressant à noter : l’automobile, l’avion de transport et l’homme à pied sont d’un rendement équivalent.

Il faut nuancer ce propos en insistant sur le fait qu’il y a 2 différences majeures entre l’homme à pied d’une part, et l’automobile et l’avion d’autre part :

  • l’homme à pied fonctionne à l’aide d’énergie renouvelable (la nourriture) quand l’automobile et l’avion fonctionnent à l’aide d’énergie non renouvelable (à base de pétrole),
  • l’homme à pied peut difficilement parcourir plus de 50 kilomètres par jour quand l’automobile et l’avion peuvent parcourir plusieurs milliers de kilomètres en une journée.

Le rendement d’un mode de transport ne fait donc pas tout. L’intérêt environnemental et énergétique d’un mode de transport réside avant tout dans les caractéristiques renouvelables et écologiques de l’énergie primaire utilisée par le mode de transport et dans la distance moyenne parcourue à l’aide de ce moyen de transport.

Nous nous déplaçons trop, et à l’aide d’une énergie non écologique et non renouvelable. Notre mode de vie - fortement dépendant de transports énergivores - n’est pas durable et il cessera un jour ou l’autre, que nous le voulions ou non. Il nous appartient de décider si on préfère faire le choix d’un autre mode de vie, ou d’y être contraint tôt ou tard.

Etes-vous plutôt lièvre ou plutôt tortue ? Qu’on se le dise, dans un monde où les ressources sont finies, la tortue a plus d’avenir que le lièvre ! L’espérance de vie des tortues (plus de 50 ans) et l’ancienneté de l’espèce des testudines (plus de 200 millions d’années) en sont la preuve !