si, c'est vrai !

il ne reste plus à ce pouvoir que la violence

Dans un article intitulé il ne reste plus à ce pouvoir que la violence, l’avocat Arié Halimi donne sa vision de l’état de la démocratie en France.

Selon lui, la transition d’un état démocratique et vers un état autoritaire n’est pas binaire. Et un état qui se repose fortement sur sa police est plutôt du côté de l’autoritarisme que du côté de la démocratie.

Nous sommes dans cette gradation des différents types d’exercice du pouvoir dans une démocratie, décrite par Juan J. Linz. Entre démocratie et dictature, il distingue une multitude de nuances, comme celle de la « démocratie illibérale ». La mécanique électorale demeure mais à l’échelle de l’exercice du pouvoir, un autoritarisme s’affirme ; il peut conduire au basculement, avec la généralisation de l’état d’urgence, la permanence de l’état d’exception. Cette possibilité de bascule vers un État policier, où l’autorité politique se soumet au corps policier, est manifeste en France. Les tracts de certains syndicats de police comme Alliance ou le SCPN sont de plus en plus agressifs. Pas seulement à l’égard des militants et des défenseurs des droits de l’homme : l’autorité civile et politique, qui normalement dirige, est elle aussi mise en cause dans ces publications. « Si un policier est jugé, voire condamné pour des violences policières, vous ne nous verrez plus dans la rue », affirment-ils en substance. Le corps policier, on le sent, exerce une pression très lourde sur le ministère de l’Intérieur.

Le déni des violences policières par les représentants de l’état use d’un argument fallacieux : les violences policières n’en sont pas car les policiers sont des représentants de l’état et l’état est fondé - par la loi - à user de la violence légitime.

Parler du monopole ou même de l’usage de la violence légitime relève d’une erreur de droit. Il n’y a pas de monopole de la violence légitime pour l’État. Ça n’existe pas dans le droit pénal. Toute violence, quelle qu’elle soit, est une infraction pénale. Vous pouvez ensuite avoir des faits justificatifs ou des causes d’exonération de responsabilité pénale.

Ces violences policières sont-elles des débordements marginaux, des dérives individuelles de certains policiers ? Ou bien relèvent-elles d’une stratégie globale délibérée ?

La vraie question qui se pose porte sur la nature de ces violences : relèvent-elles d’une stratégie délibérée ? Je pense que oui. Avec d’autres - jour­nalistes, responsables politiques, sociologues - j’ai suffisamment d’éléments en main, d’expérience, de dossiers, de lectures, pour affirmer que ce pou­voir politique extrêmement fragile ne tient plus que par la police, par l’usage de la force et des armes.

Au fil de ces violences policières, le corps policier dans son ensemble perd peu à peu son crédit, son image de défenseur de l’ordre et garant de l’application de la justice. Il apparaît de plus en plus clairement comme la garde impériale d’un gouvernement, d’une caste qui se retranche derrière la force pour mieux se protéger du peuple.

Le symptôme d’une démocratie malade.