si, c'est vrai !

tous propriétaires, tous actionnaires

Dans le Monde Diplomatique de décembre 2008, Laurent Bonelli publie un billet intitulé Tous petits propriétaires dans lequel il analyse et réagit aux propos de Alan Greenspan, directeur de la banque centrale des Etats-Unis de 1987 à 2006.

Alan Greenspan : Je me rendais bien compte que l’assouplissement du crédit hypothécaire accroissait le risque financier, et que l’accession à la propriété immobilière, grâce à des prêts subventionnés, déformait les verdicts du marché. Mais j’ai également estimé et j’estime toujours, que l’augmentation du nombre de propriétaires renforçait le soutien au capitalisme de marché. J’estimais donc, et je continue de le faire, que l’élargissement de la propriété immobilière individuelle valait bien l’accroissement du risque. La protection des droits de propriété , si essentielle dans une économie de marché, requiert une masse critique de propriétaires pour conserver un soutien politique.

Ce à quoi Laurent Bonelli répond en faisant un parallèle entre la propriété foncière et l’actionnariat salarial :

Au-delà de ce qui pourrait passer pour des campagnes publicitaires pour le bâtiment et les travaux publics (BTP), s’énonce une véritable philosophie de l’histoire : l’individu responsabilisé doit l’emporter sur un collectif toujours suspect de passions irrationnelles (voire pis, révolutionnaires). C’est assez connu. Mais derrière les propos de M. Greenspan se cache également l’une des nouvelles ruses de la raison des dominants. Il s’agit de faire participer, sur un mode mineur, les dominés à l’ordre dominant, de sorte qu’ils ne puissent pas contester cet ordre, sans eux-mêmes subir directement les préjudices de leur propre contestation. L’actionnariat salarial repose exactement sur le même principe. Il n’est pas suffisamment important pour peser sur les décisions stratégiques d’une entreprise, mais lie les pieds et les poings des employés, qui peuvent difficilement mener des actions affectant sa productivité sans en souffrir les conséquences.

Alors, tous propriétaires ? Tous actionnaires ?

l'histoire des choses, l'histoire des idées

Nous sommes dans une société de consommation, une société de consommation de biens physiques. Le cycle de vie de ces biens physiques suit le processus suivant :

  • extraction des matières premières
  • production des biens physiques
  • distribution des biens physiques (commercialisation)
  • consommation des biens physiques (utilisation)
  • et enfin élimination des biens physiques

Le cycle de vie suit donc un processus linéaire alors que nous vivons sur une planète dont les ressources sont finies (dans le sens où elles ne sont pas infinies). Ce cycle de vie n’est donc pas durable dans la mesure où nous finirons tôt ou tard par manquer de matières premières et par être saturés de déchets.

Le défi qu’il nous faut relever est de parvenir à remplacer ce cycle de vie linéaire par un cycle de vie cyclique (l’expression cycle de vie cyclique peut paraître redondante mais elle montre à quelle point l’expression cycle de vie linéaire est dénuée de sens) où l’élimination des biens physique consiste à fournir des matières premières nécessaire à la production de nouveaux produits. On évite ainsi l’extraction de matières premières (ce qui diminue notre pression sur l’environnement) et l’accumulation de déchets (qui contribue aussi à dégrader l’environnement). Une des bases de notre société doit être le recyclage !

Cette problématique est très clairement présentée dans le petit film Story of stuff qui vous offre 20 minutes de bon sens.

Pour aller plus loin, on pourrait imaginer de passer d’une société de consommation de biens physiques à une société de consommation d’idées. En effet, une idée ne coûte pas cher à produire (la matière grise remplace les matières premières), une idée se distribue facilement (elle se multiplie à chaque fois qu’elle est donnée), une idée se consomme à volonté (il faut juste un peu de temps pour y penser) et enfin une idée n’a pas besoin d’être éliminée (elle sera naturellement éliminée lorsque plus personne n’y pensera).

Or, si une croissance infinie des biens physiques est illusoire du fait des ressources limitées disponibles sur notre planète, une croissance spirituelle (non pas dans le sens strictement religieux, mais dans le sens de l’esprit) n’est limitée que par notre capacité à penser ! Il faut donc dépasser le débat lié aux objets et à leur nécessaire recyclage pour s’approprier le débat de l’éducation populaire.

L’éducation populaire est un courant d’idées qui milite pour une diffusion de la connaissance au plus grand nombre afin de permettre à chacun de s’épanouir et de trouver la place de citoyen qui lui revient. En France, l’éducation populaire était sur le point de devenir un projet d’envergure nationale après la seconde guerre mondiale quand la cinquième république l’a stoppé net. Pour en savoir plus, lisez le livre de Franck Lepage : L’éducation populaire, Monsieur, ils n’en ont pas voulu… qui est également proposé en spectacle et en dvd auprès de la scop le pavé.

le protectionnisme en question

Après un premier billet à la recherche des causes de l’actuelle crise financière, voici une intervention intéressante de Jacques Sapir qui explore certaines pistes en marge des sentiers battus.

Cet économiste explique que notre modèle de capitalisme est déstabilisé par les mouvements incontrôlés de capitaux et de biens. Il préconise donc de réguler notre modèle économique en renforçant le contrôle des mouvements des capitaux et en instaurant une certaine dose de protectionnisme.

Selon Jacques Sapir, le protectionnisme n’est nullement la cause de la seconde guerre mondiale, il a au contraire permis de limiter les effets néfastes de la crise des années 30. Il souhaite à la zone euro d’adopter au plus vite des mesures protectionnistes sans quoi l’existence même de la zone euro serait menacée.

les paradis fiscaux, pierre angulaire du système financier mondial

En 1996, sept grands magistrats anti-corruption lancent l’appel de Genève. 12 ans après, le bilan de Renaud Van Ruymbeke est bien maigre :

  • Quel bilan tirez-vous douze ans après l’appel de Genève ?

Le bilan n’est pas totalement négatif. Des structures ont été mises en place, comme Eurojust. Des magistrats de liaisons nous facilitent la tâche, mais, fondamentalement, nous n’avons pas créé les outils : parquet européen, espace judiciaire européen, levée du secret bancaire dans un certain nombre de pays qui font partie de l’Union européenne. On se heurte toujours aux mêmes obstacles. Les enquêtes n’aboutissent pas, la plupart du temps.

13 associations ont créé une plate-forme paradis fiscaux et judiciaires qui fédère les initiatives et les informations liées aux paradis fiscaux et judiciaires. En avril 2007, cette plateforme a publié une brochure permettant de mieux comprendre les mécanismes liés aux paradis fiscaux et judiciaires et leurs impacts sur l’économie mondiale.

Le site paradisfj.info est un portail complet proposant beaucoup d’informations et de liens.

On notera que les chambres de compensation comme Clearstream ou Euroclear sont intimement liées aux paradis fiscaux et judiciaires. Ces chambres de compensation sont en quelque sorte de l’huile des rouages de la finance internationale. Mieux contrôler cette huile permettrait probablement d’assainir la finance internationale. Par ailleurs, alors que Clearstream était empêtrée dans l’affaire Clearstream 1 (une affaire financière), l’affaire Clearstream 2 (une affaire politico-financière) est opportunément venue occuper le devant de la scène médiatique tandis que l’affaire Clearstream 1 a été mise en retrait (les quelques procédures judiciaires se terminant par un non-lieu). Cela laisse présumer de protections discrètes mais puissantes envers les chambres de compensation mais surtout de l’absence de volonté politique forte de reprendre la main sur ce sujet sensible mais capital.

stopper la montée de l'insignifiance

Cornélius Castoriadis est un philosophe, économiste et psychanalyste français du siècle dernier dont le propos reste totalement d’actualité. Ce billet est l’occasion de découvrir ou de redécouvrir ce penseur qui promouvait l*'éducation citoyenne*.

la citoyenneté

Il y a la merveilleuse phrase d’Aristote : « Qui est citoyen ? Est citoyen quelqu’un qui est capable de gouverner et d’être gouverné. » Il y a des millions de citoyens en France. Pourquoi ne seraient-ils pas capables de gouverner ? Parce que toute la vie politique vise précisément à le leur désapprendre, à les convaincre qu’il y a des experts à qui il faut confier les affaires. Il y a donc une contre-éducation politique. Alors que les gens devraient s’habituer à exercer toutes sortes de responsabilités et à prendre des initiatives, ils s’habituent à suivre ou à voter pour des options que d’autres leur présentent. Et comme les gens sont loin d’être idiots, le résultat, c’est qu’ils y croient de moins en moins et qu’ils deviennent cyniques.

Dans les sociétés modernes, depuis les révolutions américaine (1776) et française (1789) jusqu’à la seconde guerre mondiale (1945) environ, il y avait un conflit social et politique vivant. Les gens s’opposaient, manifestaient pour des causes politiques. Les ouvriers faisaient grève, et pas toujours pour de petits intérêts corporatistes. Il y avait de grandes questions qui concernaient tous les salariés. Ces luttes ont marqué ces deux derniers siècles.

On observe un recul de l’activité des gens. C’est un cercle vicieux. Plus les gens se retirent de l’activité, plus quelques bureaucrates, politiciens, soi-disant responsables, prennent le pas. Ils ont une bonne justification : « Je prends l’initiative parce que les gens ne font rien. » Et plus ils dominent, plus les gens se disent : « C’est pas la peine de s’en mêler, il y en a assez qui s’en occupent, et puis, de toute façon, on n’y peut rien. »

le capitalisme

Si le capitalisme avait été laissé à lui-même, il se serait effondré cent fois. Il y aurait eu une crise de surproduction tous les ans. Pourquoi ne s’est-il pas effondré ? Parce que les travailleurs ont lutté, ont imposé des augmentations de salaire, ont créé d’énormes marchés de consommation interne. Ils ont imposé des réductions du temps de travail, ce qui a absorbé tout le chômage technologique. On s’étonne maintenant qu’il y ait du chômage. Mais depuis 1940 le temps de travail n’a pas diminué.

Les libéraux nous disent : « Il faut faire confiance au marché. » Mais les économistes académiques eux-mêmes ont réfuté cela dès les années 30. Ces économistes n’étaient pas des révolutionnaires, ni des marxistes ! Ils ont montré que tout ce que racontent les libéraux sur les vertus du marché, qui garantirait la meilleure allocation possible des ressources, la distribution des revenus la plus équitable, ce sont des aberrations ! Tout cela a été démontré.

la démocratie

L’idée selon laquelle il n’y a pas de spécialiste de la politique et que les opinions se valent est la seule justification raisonnable du principe majoritaire. Donc, chez les Grecs, le peuple décide et les magistrats sont tirés au sort ou désignés par rotation. Pour les activités spécialisées - construction des chantiers navals, des temples, conduite de la guerre -, il faut des spécialistes. Ceux-là, on les élit. C’est cela, l’élection. Election veut dire « choix des meilleurs ». Là intervient l’éducation du peuple. On fait une première élection, on se trompe, on constate que, par exemple, Périclès est un déplorable stratège, eh bien on ne le réélit pas ou on le révoque.

Mais il faut que la doxa soit cultivée. Et comment une doxa concernant le gouvernement peut-elle être cultivée ? En gouvernant. Donc la démocratie - c’est important - est une affaire d’éducation des citoyens, ce qui n’existe pas du tout aujourd’hui.

la politique et l’économie

Récemment, un magazine a publié une statistique indiquant que 60 % des députés, en France, avouent ne rien comprendre à l’économie. Des députés qui décident tout le temps ! En vérité, ces députés, comme les ministres, sont asservis à leurs techniciens. Ils ont leurs experts, mais ils ont aussi des préjugés ou des préférences. Si vous suivez de près le fonctionnement d’un gouvernement, d’une grande bureaucratie, vous voyez que ceux qui dirigent se fient aux experts, mais choisissent parmi eux ceux qui partagent leurs opinions. C’est un jeu complètement stupide et c’est ainsi que nous sommes gouvernés.

Les institutions actuelles repoussent, éloignent, dissuadent les gens de participer aux affaires. Alors que la meilleure éducation en politique, c’est la participation active, ce qui implique une transformation des institutions qui permette et incite à cette participation.

L’éducation devrait être beaucoup plus axée vers la chose commune. Il faudrait comprendre les mécanismes de l’économie, de la société, de la politique, etc. Les enfants s’ennuient en apprenant l’histoire alors que c’est passionnant. Il faudrait enseigner une véritable anatomie de la société contemporaine, comment elle est, comment elle fonctionne. Apprendre à se défendre des croyances, des idéologies.

l’écologie

Or, aujourd’hui, il y a une libération dans tous les sens du terme par rapport aux contraintes de la socialisation des individus. On est entré dans une époque d’illimitation dans tous les domaines, et c’est en cela que nous avons le désir d’infini. Cette libération est en un sens une grande conquête. Il n’est pas question de revenir aux sociétés de répétition. Mais il faut aussi - et c’est un très grand thème - apprendre à s’autolimiter, individuellement et collectivement. La société capitaliste est une société qui court à l’abîme, à tous points de vue, car elle ne sait pas s’autolimiter. Et une société vraiment libre, une société autonome, doit savoir s’autolimiter, savoir qu’il y a des choses qu’on ne peut pas faire ou qu’il ne faut même pas essayer de faire ou qu’il ne faut pas désirer.

Nous vivons sur cette planète que nous sommes en train de détruire, et quand je prononce cette phrase je songe aux merveilles, je pense à la mer Egée, je pense aux montagnes enneigées, je pense à la vue du Pacifique depuis un coin d’Australie, je pense à Bali, aux Indes, à la campagne française qu’on est en train de désertifier. Autant de merveilles en voie de démolition. Je pense que nous devrions être les jardiniers de cette planète. Il faudrait la cultiver. La cultiver comme elle est et pour elle-même. Et trouver notre vie, notre place relativement à cela. Voilà une énorme tâche. Et cela pourrait absorber une grande partie des loisirs des gens, libérés d’un travail stupide, productif, répétitif, etc. Or cela est très loin non seulement du système actuel mais de l’imagination dominante actuelle. L’imaginaire de notre époque, c’est celui de l’expansion illimitée, c’est l’accumulation de la camelote - une télé dans chaque chambre, un micro-ordinateur dans chaque chambre -, c’est cela qu’il faut détruire. Le système s’appuie sur cet imaginaire- là.

Extraits d’un entretien avec Cornélius Castoriadis paru dans le Monde Diplomatique en août 1998.

la privatisation de la poste

A l’heure de la débâcle financière, le gouvernement français vient d’annoncer que le projet de privatisation de la poste n’était plus d’actualité mais simplement retardé.

Un document synthétique et didactique publié par AITEC, Attac France, Fondation Copernic explique pourquoi la privatisation de la poste n’est ni nécessaire, ni obligatoire, ni inéluctable mais qu’elle s’inscrit dans une dimension supranationale qui ne repose sur aucun fondement solide :

Il faut donc procéder par étapes, tout en martelant que la libéralisation est indispensable, qu’elle entraîne la modernisation, la baisse des prix et la création d’emplois, déclaration relevant plus de la foi que de la réalité. D’ailleurs, les hérauts de la concurrence ont bien du mal à trouver des preuves, et l’avouent parfois naïvement, à l’image de la Commission européenne et de son Livre vert sur les services d’intérêt général (2003) : « On ne dispose pas encore d’éléments suffisants pour évaluer l’incidence à long terme de l’ouverture des services d’intérêt général à la concurrence, mais rien ne prouve dans les informations disponibles que la libéralisation ait exercé un effet négatif sur leur performance globale, du moins en ce qui concerne l’accessibilité tarifaire et la fourniture d’un service universel. »

La crise financière a au moins l’heur de reporter une date ultérieure les privatisations d’entreprises publiques. Il faut profiter de ce répit pour défendre le service public qu’est encore la poste !

le travail le dimanche

En septembre 2008, un institut de sondage a été mandaté pour mieux connaître l’avis des Français vis-à-vis de l’ouverture des magasins le dimanche. La méthodologie utilisée et le détail des résultats sont présentés dans le rapport publié par l’institut de sondage.

Le sondage est constitué de quatre questions :

  1. Personnellement, êtes-vous favorable à l’ouverture de magasins le dimanche ?
  2. Savez-vous qu’aujourd’hui la plupart des magasin n’ont pas le droit d’ouvrir le dimanche. Personnellement, êtes-vous favorable à un assouplissement de la législation sur ce sujet afin que des magasins puissent ouvrir le dimanche ?
  3. Si davantage de magasins étaient ouverts le dimanche, vous-même feriez-vous des courses dans ces magasins le dimanche ?
  4. Travailler le dimanche est payé davantage qu’en semaine. Si votre employeur vous proposait de travailler le dimanche, accepteriez-vous ?

Les question portent sur les thèmes suivants :

  1. L’adhésion à l’ouverture des magasins le dimanche. Ce premier thème aborde le sujet dans sa globalité, sans positionner la question du point de vue du client ou du travailleur.
  2. L’adhésion à un assouplissement de la législation sur l’ouverture des magasins le dimanche. Ce second thème aborde l’aspect règlementaire, sans positionner non plus la question ni du point de vue du client ou du travailleur.
  3. L’intention de fréquentation des magasins le dimanche. Ce troisième aborde l’aspect pratique du point de vue du client.
  4. L’intention de travailler le dimanche. Ce quatrième thème aborde l’aspect pratique du point de vue du travailleur.

Les résultats sont ensuite présentés en fonction :

  • de l’évolution de la réponse dans le temps (en lien avec des sondages antérieurs)
  • du type de tissus urbain (communes rurales, agglomérations de province, agglomération parisienne)
  • de critères sociologiques (sexe, age, profession, région, proximité politique)
  • des réponses aux questions précédentes

l’adhésion à l’ouverture des magasins le dimanche

Cette question ne positionne la personne interrogée ni du point de vue du client ni du point de vue du travailleur. Chacun se positionne donc naturellement en fonction de son métier et de la probabilité qu’il a de travailler le dimanche : si cette probabilité est faible il se positionnera en tant que client, si elle est forte il se positionnera en tant que travailleur.

L’agglomération parisienne est ici très favorable à l’ouverture des magasins le dimanche. Les agglomérations de province sont beaucoup plus partagées (50/50). Quant aux communes rurales, elles sont majoritairement contre.

Mais allons plus loin et regardons de plus près les réponses possibles :

  • tout à fait favorable
  • plutôt favorable
  • plutôt pas favorable
  • pas favorable du tout
  • ne se prononce pas

Tout d’abord, il n’y a aucune réponse ne se prononce pas, tout le monde a un avis. C’est plutôt étonnant car il y a habituellement toujours une part de non-réponse…

Ensuite, on constate que les personnes favorables sont majoritairement plutôt favorable et plus rarement tout à fait favorable. Inversement, lorsqu’elles sont pas favorable, elles sont majoritairement pas favorable du tout et plus rarement plutôt pas favorable. Autrement dit, ceux qui sont d’accord sont plutôt assez d’accord tandis que ceux qui ne sont pas d’accord sont plutôt pas d’accord du tout. C’est un premier point qui relativise déjà les gros titres de la presse.

l’adhésion à un assouplissement de la législation sur l’ouverture des magasins le dimanche

Cette question est la question centrale du sondage car elle porte précisément sur l’objectif visé par le gouvernement : assouplir la législation sur l’ouverture des magasins le dimanche.

Cette question ne positionne pas non plus la personne interrogée ni du point de vue du client ni du point de vue du travailleur. Chacun se positionne donc encore une fois naturellement en fonction de son métier et de la probabilité qu’il a de travailler le dimanche. Cette question est mise en perspective dans le temps avec les résultats de sondages précédents (mai 2004, juin 2006, décembre 2007 et mai 2008). Etrangement, cette question n’a pas été posée lors du sondage (septembre 2008) mais uniquement lors des sondages précédents. On peut également relever que ces sondages sont fréquents, preuve que la volonté du gouvernement à assouplir le droit du travail est forte, dans la continuité de ses actions sur la casse du droit du travail en général.

Ensuite, on peut voir que les avis favorables à l’assouplissement de la législation sont en forte baisse en 2008. Après être passé par un maximum en décembre 2008, les résultats sont maintenant mitigés avec 50% des personnes interrogées plutôt pas favorables à un assouplissement de la législation contre seulement 49% favorables. Cela a rarement été mentionné dans les médias ayant titré sur le sondage alors que la tendance est plutôt au refus de l’assouplissement de la législation.

Parmi les indicateurs sociologiques regroupant le plus fort taux (supérieurs à 50%) de personnes défavorables à un assouplissement de la législation, on trouve :

  • les ouvriers et les professions intermédiaires
  • les communes rurales
  • les gens de gauche et ceux sans proximité politique

Parmi les indicateurs sociologiques regroupant le plus fort taux (supérieurs à 60%) de personnes favorables à un assouplissement de la législation, on trouve :

  • les personnes de profession libérale, les cadres et les retraités
  • l’agglomération parisienne
  • les gens de droite

On retrouve pour les avis défavorables les personnes dont la profession les amènera le plus probablement à travailler le dimanche, les habitants des communes rurales qui ne passent pas leur temps dans les centres commerciaux et qui ont d’autres centres d’intérêt, les gens de gauche qui ont peut-être conscience de l’importance du lien social et les gens sans proximité politique qui sont peut-être désabusés des manigances politiques et ne souhaitent pas se faire avoir une fois de plus.

Il semble se dessiner deux tendances, selon que les personnes interrogées soient susceptibles ou non de travailler le dimanche. Autrement dit, les réponses varient selon que les personnes interrogées se considèrent comme client potentiel ou comme travailleur potentiel. Nous allons pouvoir vérifier cette hypothèse avec les deux dernières questions qui sont clairement orientées du point de vue du client pour l’une et du point de vue du travailleur pour l’autre.

l’intention de fréquentation des magasins le dimanche

Les réponses à cette question sont intéressantes car elles font apparaître que les Français n’ont pas une attente forte vis-à-vis de l’ouverture des magasins le dimanche. Ils souhaitent principalement pouvoir les fréquenter occasionnellement, en dépannage. En effet, si près d’un tiers des personnes interrogées ont l’intention de ne jamais fréquenter les magasins le dimanche, seul 24% ont l’intention de les fréquenter souvent ou très régulièrement. Le reste, c’est à dire 44% des personnes interrogées, n’auraient l’intention de les fréquenter que de manière occasionnelle, comme on fréquente déjà aujourd’hui le petit épicier du coin, ouvert le dimanche et le soir tard.

Les réponses des Franciliens se distinguent nettement celles des communes rurales et des agglomérations de province. Les Franciliens semblaient dans les questions précédentes beaucoup plus favorables à l’ouverture des magasins le dimanche, or ils ne sont que 30% (moins d’un tiers) à avoir l’intention de fréquenter souvent ou très régulièrement les magasins le dimanche. On est donc dans un schéma où les Français souhaitent pouvoir se rendre occasionnellement dans les magasins le dimanche, comme c’est déjà le cas pour bon nombre de magasins. Il serait ici intéressant de connaître le type de magasins que les Français souhaiteraient pouvoir fréquenter le dimanche.

Croiser les réponses à cette question avec les réponses à la première question n’apporte pas beaucoup d’informations supplémentaires sinon l’évidence que les personnes les plus favorables à l’ouverture des magasins le dimanche sont également les personnes ayant l’intention de les fréquenter le plus souvent le dimanche.

Les indicateurs sociologiques nous apportent un éclairage intéressant : les jeunes (de 18 à 24 ans) sont les plus enclins à souhaiter fréquenter souvent les magasins le dimanche. Le taux d’activité étant faible dans cette classe d’âge à cause du chômage important et des étudiants, il faut peut-être voir un lien entre le temps libre des jeunes et leur souhait de pouvoir aussi passer le temps dans les magasins le dimanche. Cela correspondrait alors non pas à une nécessité mais à une envie, ce qui change fondamentalement la donne.

l’intention de travailler le dimanche

On aborde ici une question importante du sondage. En effet, pour ouvrir un magasin, il faut bien que certains travaillent dans ces magasins. Il faut noter que la question est biaisée par une formulation trompeuse : “Si votre employeur vous proposait de travailler le dimanche, accepteriez-vous ?” Or le contrat de travail induit un lien de subordination entre l’employeur et l’employé. L’employeur ne propose pas, il demande. Dans les faits, si l’employeur peut proposer à l’employé, il reste décisionnaire en cas de désaccord avec ce dernier, dans la limite du code du travail (celui justement que le gouvernement souhaite assouplir).

Un tiers des personnes interrogées n’accepteraient jamais de travailler le dimanche.

La moitié des personnes interrogées sont prêtes à travailler de temps en temps, si on le leur propose. Mais que signifie de temps en temps dans ce cadre là : 2 fois par an, 10 fois par an ou 52 fois par an ? C’est une information qui aurait dû faire l’objet d’une question supplémentaire afin de fixer des limites malgré le projet de révision du code du travail.

De plus, est-ce que les 84% des personnes interrogées qui sont prêtes à travailler toujours ou de temps en temps le font par conviction et de leur propre volonté ou bien sont-ils contraints pour ne pas se faire licencier ou pour des raisons budgétaires et de salaires trop faibles ? Cette information aurait également pu faire l’objet d’une question supplémentaire. Il est en effet très différent d’assouplir le code du travail pour permettre l’ouverture des magasins le dimanche et d’augmenter le salaire minimum alors que les deux actions conduisent à augmenter le revenu des travailleurs. Quelles auraient été les réponses à la question : “Si votre employeur vous obligeait à travailler le dimanche, accepteriez-vous ?”

Il aurait été intéressant de pouvoir croiser ces résultats avec le fait que les personnes interrogés travaillent déjà le dimanche ou non. Ce critère aurait d’ailleurs dû faire partie des critères de représentativité de l’échantillon. Sachant qu’un quart des Français travaillent déjà le dimanche, peut-être finalement que les Français sont satisfaits de la situation actuelle, et que le statu quo leur conviendrait parfaitement, si toutefois cette éventualité leur était proposée.

en conclusion

Les Parisiens, les citadins, les CSP aisées sont globalement favorables à l’ouverture des magasins le dimanche car ils estiment qu’ils ne seront probablement pas amenés à travailler le dimanche. Ils trouvent appréciable de pouvoir fréquenter occasionnellement des magasins le dimanche. Si le sondage le leur propose, pourquoi refuser ? Encore une fois, l’ouverture des magasins le dimanche n’apparaît ici pas comme une nécessité mais comme un gain de souplesse appréciable de manière occasionnelle.

Pour les moins riches, les banlieusards, les ruraux, les plus probablement visés par cette réforme et le plus fortement contraints par leur milieu professionnel, sont beaucoup moins enthousiastes à cette idée car ils craignent de se trouver plus souvent derrière la caisse-enregistreuse que derrière le caddie.

En mettant en avant certaines réponses plutôt que d’autres, les média tentent de donner de la visibilité à ceux qui profiteront de l’ouverture des magasins le dimanche en étant clients alors que ceux qui seront réellement amenés à travailler le dimanche sont bien moins enthousiastes.

Mais finalement, si les gens souhaitent aller faire leurs courses le samedi ou le dimanche, peut-être y a-t-il un problème dans le mode de vie des travailleurs aujourd’hui ! C’est ici que se cache la vraie question. Celui qui travaille toute la semaine, avec deux heures de transport par jour, souhaite évidemment pouvoir faire ces courses le samedi ou le dimanche car il n’a simplement pas le temps de les faire à un autre moment. Mais la véritable problématique, c’est le mode de vie auquel il est contraint !

La vie ne se résume pas à la vie économique. Ne pas pouvoir se passer des magasins au moins un jour par semaine, c’est mettre en évidence que l’organisation du travail est problématique. Alors passons rapidement sur le débat de l’ouverture des magasins le dimanche et parlons plutôt des véritables questions comme les horaires de travail, le travail précaire, le salaire minimum et le partage des richesses entre le capital et le travail (surtout si le travail le dimanche devait être à l’origine d’une hausse des prix !).

Rien ne sert de libérer une croissance déjà sauvage si elle est à l’origine des problèmes qui servent de prétexte à la libération de ladite croissance !

D’autres analyses des résultats de ce sondage présentent les mêmes réserves que ce billet où en soulèvent d’autres :

les limites du libre marché

Pour Jean-François Couvrat, la crise actuelle trouve son origine dans un excès de profits.

Trop de profits pour quelques-uns : le capital accumulé nourrit la spéculation boursière ou la distribution de crédits de plus en plus risqués. Pas assez de salaires pour la plupart : les ménages consomment à crédit, jusqu’à épuisement de celui-ci, au lieu de justifier par une demande solvable l’investissement du capital dans de nouveaux moyens de production.

Loïc Abadie, partisan de la théorie de la déflation, explique la crise actuelle par des facteurs psychologiques. La cause-racine qu’il identifie consiste en une trop grande confiance des opérateurs du marché, entraînant des prises de risques trop importantes.

Après une période de grande agitation (crise des années 30, guerre mondiale, reconstruction), nous avons eu des variations d’ampleur moyenne pendant les années 70 (chocs pétroliers), puis très réduites dans les années 80-90. L’implosion de la bulle internet en 2000 et la petite récession de 1991 ont provoqué des perturbations très légères.

Conséquence de cette évolution de fond : le sentiment de sécurité a progressé chez tous les opérateurs qui étaient de plus en plus confiants, constatant autour d’eux un environnement économique de plus en plus stable et tranquille. De cette confiance naît l’euphorie et la perte de conscience du risque…Les générations qui ont toujours vécu dans cet environnement « tranquille » et sont arrivées au sommet de la hiérarchie sociale ont porté aussi au sommet cette euphorie.

La cause racine de la crise, c’est cela, et rien d’autre. Tous les échelons de la société ont été touchés par cette excès de confiance.

Mais si les incertitudes ont diminué du côté des opérateurs du marché et de la consommation, elles ont parallèlement augmenté du côté des travailleurs. Le travail intérimaire s’est accru de façon sans précédent, entraînant une précarisation accrue d’une part toujours plus grande de travailleurs et réduisant de ce fait la durée moyenne du travail. L’indice de Gini a augmenté, mettant en lumière une augmentation des inégalités de revenu. L’évolution des salaires a de la peine à compenser l’inflation. En somme, le fait que certains indicateurs économiques étaient au vert jusque récemment montre qu’il est temps de remettre en question leur pertinence et d’imaginer de nouveaux indicateurs, représentatifs de la réalité.

Sans pouvoir l’affirmer avec certitude, il semble qu’il y ait une incompatibilité entre les intérêts des opérateurs de marché et des consommateurs d’une part, et ceux des travailleurs d’autre part. Ils évoluent selon un facteur inverse comme si le Dr Jekyll consommateur et le Mr Hyde travailleur étaient irrémédiablement inconciliables, l’opérateur de marché finissant toujours par avoir le dessus sur le travailleur, aidé en cela par le consommateur. Dr Jekyll n’étant pas conscient des limites à ne pas franchir, il se comporte en parasite affaiblissant trop son hôte, jusqu’à le mener à sa perte, entraînant de ce fait sa propre perte !

Le libre marché repose sur l’idée de la main invisible, une idée d’Adam Smith reprise ensuite par des économistes pour fonder leurs théories de non interventionnisme étatique. L’idée de la main invisible présuppose que la recherche de l’intérêt individuel par chacun a pour conséquence l’intérêt collectif. Elle justifie le fait de privilégier l’intérêt individuel et de ne pas oeuvrer à l’intérêt collectif, le second étant la conséquence naturelle du premier. Elle promeut l’individualisme. Or, rien ne prouve que cette idée de main invisible soit effectivement applicable à l’économie, rien ne prouve que les individualités des opérateurs du marché sauront s’autolimiter de manière à ne pas trop affaiblir les individualités du travail, permettant à l’ensemble de trouver un équilibre où chacun puisse s’épanouir.

Si l’on voulait schématiser l’évolution d’une société au lendemain d’une situation difficile, on pourrait présenter le scénario type suivant :

  1. Au lendemain d’une situation difficile, la population est confrontée à des difficultés, elle est soudée, unie dans l’adversité. Un gouvernement de gauche est élu et porté au pouvoir. Il privilégie une politique sociale, instaurant des services publics et préférant l’action collective à l’action individuelle. L’incertitude du marché est encore élevée mais elle diminue. La consommation des ménages est faible.
  2. La situation s’améliore peu à peu et les difficultés s’estompent une à une. Dans une situation de plus en plus confortable, la population devient plus individualiste. Un gouvernement de droite arrive au pouvoir et privatise les services publics les uns après les autres, flatte l’initiative individuelle tout en stigmatisant les soi-disant assistés. L’incertitude du marché se stabilise. La consommation des ménages commence à augmenter.
  3. Selon les indicateurs économiques officiels, l’économie se porte au mieux et la conjoncture économique incite à un excès de confiance. L’économie tend à se découpler des besoins réels de la population et la publicité et le marketing sont appelés en renfort afin de d’écouler les surplus de production. Il faut stimuler la demande pour entretenir la production. L’incertitude du marché diminue rapidement. La consommation des ménages augmente rapidement.
  4. La machine économique s’emballe et ne peut plus reculer, au risque de s’enrayer. Une bulle spéculative apparaît et se développe. Inévitablement, le décalage grandissant entre la bulle spéculative et la réalité entraînera l’éclatement de la bulle spéculative et le douloureux retour à une phase 1, plus ou moins long et grave selon l’ampleur de la bulle considérée. L’incertitude du marché est faible, trop faible et ce jusqu’à ce qu’elle se mette à augmenter rapidement avec l’éclatement de la bulle spéculative. La consommation des ménages est au plus haut avant de chuter violemment. La boucle est bouclée.

Dans le cas qui nous intéresse, depuis la seconde moitié du 20ième siècle, la progression croissante du capitalisme s’est accompagné d’un accroissement des inégalités. Une part importante du PIB a glissé des salaires vers le capital. Cela n’a cependant pas trop entraîné de protestations de la part des travailleurs car si les salaires ont diminué en proportion, ils ont augmenté en numéraire. Autrement dit, même si la part du gâteau est proportionnellement plus petite qu’avant, le gâteau est tellement plus gros qu’au final, chacun a plus de gâteau qu’avant. C’est sur cet état de fait que le capitalisme actuel, de droite comme de gauche, a fondé sa légitimité et a tenté de couper court à toute contestation.

Comment ledit gâteau a-t-il tellement augmenté ces dernières décennies ? Tout simplement grâce à une énergie bon marché qui nous permet de disposer de nombreux esclaves énergétiques. Nous vivons au dessus de nos moyens grâce à une énergie abondante. Or l’ère de l’énergie abondante et bon marché arrive à son terme, le gâteau est donc amené à diminuer année après année (le lien de cause à effet peut sembler difficile à cerner, mais cela nécessiterait d’y consacrer un autre billet). En conséquence, la part de gâteau des travailleurs est amenée à diminuer. Ce fait constitue, avec l’actuelle crise financière, l’un des premiers épiphénomènes de la triple crise qui s’annonce.

Durant les mois et les années à venir, il est probable que le gouvernement soit mis en difficulté par la population qui, voyant sa part de gâteau diminuer en numéraire, devrait contester de plus en plus l’action du gouvernement et le libre marché en général. Cette contestation devrait monter en puissance au fur et à mesure que la vie deviendra plus difficile pour les citoyens.

En réponse à cette contestation populaire, on peut imaginer 3 scénarios possibles :

  • une dictature (gouvernement fort à même de museler la contestation populaire)
  • un chaos social (une sorte d’anomie où règne la loi du plus fort)
  • une démocratie sociale qui se situerait bien à gauche de la gauche actuelle

L’évolution vers un de ces scénarios dépendra de la vigilance de chacun, de la mobilisation des idées et des citoyens et surtout de leur capacité à maintenir les idées en vie et à se constituer en force de proposition.

le piège du too big to fail

A l’heure où les gouvernements volent au secours des plus grandes banques pour sauver ce qui peut encore l’être, on voit se refermer sur les contribuables le piège de l’économie de marché dérégulée. Les gouvernements se retrouvent actuellement victimes (et complices !) du syndrome du too big to fail.

Sans l’aide des gouvernements, les grandes banques déposeraient le bilan les unes après les autres. Alors pour justifier les milliards mobilisés pour les sauver, les gouvernements arguent qu’il serait encore plus dévastateur et plus coûteux de laisser ces banques faire faillite. C’est le syndrome du too big to fail !

Les gouvernements sont complices d’avoir laissé faire, d’avoir autorisé les multiples acquisitions, fusions et autres opérations financières ayant pour conséquence de passer d’un monopole public à un oligopole privé. Avec 3 opérateurs de téléphonie mobile en France tous condamnés pour entente illicite, avec la grande distribution elle aussi coupable et condamnée pour entente illicite, qui peut encore croire que les acteurs du grand marché désirent réellement une concurrence libre et non faussée alors qu’ils la suppriment insidieusement dès qu’ils en ont le pouvoir ? Le monde de l’automobile et celui de l’aviation civile ne dérogent pas à la règle.

Les banques locales et régionales ont disparu les unes après les autres, absorbées par un groupe bancaire plus important. Les banques qui existent encore aujourd’hui sont toutes des banques de stature internationale et constitue un cartel financier mondial.

Peu de politiciens ont remis en cause l’OMC et son principal objectif consistant à supprimer les barrières douanières et tous les obstacles à la libre circulation des marchandises et des flux financiers (tout en durcissant la circulation des êtres humains). La classe politique s’est discréditée en se privant volontairement de moyens d’action efficaces pour réguler le monde de la finance et de l’économie.

De leur côté, les multinationales, banque ou géant d’un secteur industriel, se sont lancées dans la compétition des fusions et acquisitions afin d’atteindre la taille critique leur permettant d’être couvertes par les gouvernements sous prétexte du too big to fail.

Cette taille critique leur permet aussi d’inverser le rapport de force vis-à-vis des gouvernements et de devenir ainsi des lobbies influents auprès de ces derniers. Enfin, cela leur permet également d’user et d’abuser des mécanismes financiers liés aux paradis fiscaux, toujours sous la bénédiction discrète des gouvernements.

C’est pourquoi le CADTM propose de “réunir les énergies pour créer un rapport de force favorable à la mise en pratique de solutions radicales qui ont comme priorité la justice sociale”. Les propositions du CADTM constituent à ce titre une piste d’étude intéressante.