si, c'est vrai !

élections : faiblesses et perspectives, partie 1

La manière de présenter les résultats d’une élection n’est pas anodine.

Lors de la présentation des résultats d’une élection, la répartition des votes est calculée sur la base des votes considérés comme exprimés. Par conséquent, ces résultats omettent de prendre en compte les types de vote suivants :

les votes blancs et nuls

Le vote blanc correspond à une absence de bulletin dans l’enveloppe ou à un bulletin uniformément blanc. Un vote blanc n’exprime pas de choix explicite.

Le vote nul correspond à une enveloppe dont le contenu permettrait potentiellement d’identifier la personne ayant voté. Tout signe distinctif sur un bulletin de vote entraîne l’annulation du bulletin de vote concerné. Le vote est alors comptabilisé comme vote nul.

Les résultats d’une élection distinguent le vote blanc et le vote nul.

l’abstention et la mal-inscription

L’abstention est due soit à la conviction que s’abstenir est préférable à un vote, soit à la mal-inscription.

La mal-inscription est une forme d’abstention particulière. Elle correspond au fait d’être inscrit dans un mauvais bureau de vote, un bureau de vote dont la localisation rend compliqué le fait d’aller voter. Cela peut être le cas lors d’un déménagement, si l’on est toujours inscrit dans son bureau de vote précédent, éloigné de son nouveau domicile, sans s’être réinscrit sur les listes électorales de sa nouvelle commune.

L’abstention est en partie causée par la mal-inscription, comme l’explique Céline Braconnier dans un article qui traite de l’abstention et la mal-inscription.

Les résultats d’une élection présentent le taux d’abstention, mais ne distinguent pas la mal-inscription de l’abstention volontaire. Cette distinction serait au demeurant difficile à faire du fait du faible nombre d’études portant sur la mal-inscription.

les non-inscrits

Les non-inscrits sont des citoyens qui ne peuvent pas voter car ils ne sont pas inscrits sur les listes électorales. A la différence des mal-inscrit, les non-inscrits ne se sont jamais inscrit sur les listes électorales.

Le taux d’abstention des non-inscrits et des mal-inscrits est plus faible pour les élections présidentielles que pour les autres types d’élection. L’élection présidentielle mobilise plus que les autres élections, et incite les citoyens à s’inscrire ou à se réinscrire sur les listes électorales.

Malgré tout, le taux estimé de non-inscription est élevé :

Le dernier chiffre, basé sur les travaux de Mme Braconnier et M. Dormagen, s’établissait à 3 millions de personnes en 2012. Soit 7 % du corps électoral.

Les résultats d’une élection ne font jamais mention de la non-inscription. D’une part, elle semble difficile à évaluer. D’autre part, elle est un marqueur du désintérêt de la population pour le principe de l’élection et pourrait à ce titre délégitimer le principe même de l’élection.

En outre, la mal-inscription et la non-inscription ne touche pas toute la population de manière homogène. Certaines populations sont beaucoup plus touchées que d’autres, faussant ainsi le caractère représentatif du corps des électeurs par rapport à la population.

Quelques articles approfondissent les notions autour de la participation électorale telles que le vote blanc et le vote nul, l’abstention et la mal-inscription, la non-inscription :

les étrangers

Le vote des étrangers est parfois évoqué au titre de l’égalité de traitement des habitants du territoire français : les étrangers qui travaillent en France payent des impôts et devraient à ce titre participer aux choix qui concernent le pays dans lequel ils vivent.

En considérant la définition d’un étranger (selon l’Insee), on peut estimer le nombre d’étranger en France à 4 084 000 selon les données 2013 du recensement de l’Insee.

En faisant des calculs approximatifs à base de règle de trois, évaluons le nombre d’étranger qui pourraient voter si les élections françaises leur étaient ouvertes.

Les étrangers mineurs de moins de 15 ans représentent 16,8 % des étrangers, soit 686 112 personnes.

Les étrangers mineurs entre 15 et 18 ans représentent environ 1/3 des étrangers entre 15 et 24 ans, soit 1/3 de 9.5 % des étrangers, soit 129 326 personnes.

Les étrangers mineurs - de moins de 18 ans - représentent par addition 815 438 personnes. Les étrangers majeurs représentent par soustraction 3 268 562 personnes.

En résumé, en soustrayant au nombre d’étrangers en France les étrangers mineurs de moins de 15 ans, et en faisant une approximation pour soustraire également les étrangers mineurs entre 15 et 18 ans, on arrive à un total estimé de 3 268 562 étrangers majeurs en 2013. On estime que cette valeur était sensiblement la même lors de l’élection présidentielle de 2011.

Maintenant que nous avons abordé les principales notions nécessaires pour analyser la manière de présenter les résultats d’une élection et estimé les chiffres concernant la non-inscription et les étrangers en France, intéressons-nous au premier tour de l’élection présidentielle française de 2011 dans un billet intitulé élections : faiblesses et perspectives, partie 2.