Gilles Raveaud illustre le fait qu’on peut faire dire ce qu’on veut aux chiffres et que les statistiques sont autant un outil pour ceux qui les maîtrisent qu’un piège pour ceux qui n’y comprennent rien (et qui peuvent se laisser berner par ceux qui les maîtrisent). Dans son article intitulé rapport riches / pauvres : 3 fois plus, ou 60 ?, il montre qu’on peut évaluer à 3 ou à 60 le rapport d’inégalités de revenu entre deux déciles de la population française selon le degré d’honnêteté du locuteur.
En réaction à un éditorialiste du journal les Echos qui écrit que “le niveau de vie des 10% de Français les plus aisés est 3,4 fois plus élevé que celui des 10% les plus modestes”, Gilles Raveaud montre que l’éditorialiste joue sur les mots à dessein (ou bien fait preuve d’un incroyable manque de précision) dans sa manière de présenter son interprétation de ces chiffres :
De plus et surtout, ce que [l’éditorialiste] compare, ce n’est pas, contrairement à ce qu’il écrit, “le niveau de vie des 10% de Français les plus aisés” au “niveau de vie des 10% les plus modestes”. En effet, le rapport de 3,4 qu’il affiche est le résultat de la comparaison entre le revenu de la personne qui est classée 90ème sur 100 au revenu de la personne classée 10ème sur 100.
Et comme le résume très bien Denis Clerc, “le rapport D9/D1, ce n’est pas autre chose que le rapport entre le plus pauvre des riches et le plus riche des pauvres”.
La perception de son propre niveau de richesse et des inégalités de répartition des richesses est éminemment subjective et invite à se positionner sur une échelle objective d’évaluation de la richesse. Chacun constaterait alors qu’il existe d’importantes différences entre l’idéal, la perception et la réalité de la répartition des richesses.