si, c'est vrai !

changer de cible : comment obliger le CAC40 à débrancher Macron

Dans un article intitulé changer de cible : comment obliger le CAC40 à débrancher Macron, Dominique Boullier prend acte que le rapport de force a changé et que le mode d’action syndical doit évoluer :

La proposition de grève générale ne prend pas pour une bonne raison : le rapport salarié au travail a changé et le rapport de forces a lui aussi basculé. En faveur du “patronat”, comme on dit ? Non, il faut être plus précis, en faveur du capital et plus particulièrement de la finance spéculative. Ce point de bascule s’est produit progressivement depuis 1980 mais il s’est accéléré depuis les années 2010 […]

Ce capitalisme financier veut l’écrasement des avantages acquis par le mouvement ouvrier et tente de faire disparaître :

  • le salariat (intermittence, autoentrepreneuriat, actionnariat)
  • les protections sociales (conditionnalité et surveillance des allocations diverses, guerre aux chômeurs, sabotage des retraites par répartition)
  • les soutiens idéologiques de cette tradition historique (emprise sur les médias, disqualification des corps intermédiaires, mépris des syndicats)

Il préconise donc de réorienter l’action en direction des effets de réputation financière sur les firmes, leur effondrement réputationnel étant désormais leur principale faiblesse. Ces actions doivent être imprévisibles afin de générer de l’incertitude qui viendra amplifier l’effet de réputation, en nécessitant de protéger les points de visibilité (boutiques, agences) par des gardiens de l’ordre.

Cette ré-orientation consiste à prendre acte que le nouveau pouvoir est maintenant localisé dans les multinationale, et non plus dans les institutions politiques.

ces chemins qui ne mènent nulle part

Dans un article intitulé ces chemins qui ne mènent nulle part, les auteurs analysent la dérive illibérale des institutions françaises. Ils donnent une définition de l’illibéralisme :

On qualifie d’illibérale une politique qui est opposée aux principaux fondements du libéralisme politique : la séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice, l’État de droit, la liberté de la presse, la liberté académique et les libertés individuelles. L’autoritarisme illibéral désigne un régime fondé sur l’élection, mais qui prétend ensuite détenir le monopole de la volonté générale du peuple et ignore de ce fait les limites constitutionnelles à son pouvoir, dépossédant ainsi les citoyens de leurs droits et libertés en exigeant d’eux un consentement à une vision unique du monde. Il s’oppose à l’idéal démocratique, qui suppose un pluralisme de rationalités en débat dans un espace public, et des institutions permettant la réalisation effective de la souveraineté du dèmos.

Pour la sauvegarde de la démocratie, les citoyens doivent se muer en gardiens des institutions :

Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse.

Albert Camus

la décarbonation est-elle vraiment possible ?

Un article intitulé la décarbonation est-elle vraiment possible ? est accompagné d’une vidéo de Jean-Marc Jancovici. Quelques points marquants de cette vidéo méritent d’être relevés et discutés.

Cette conférence est organisée par EDF dans le cadre d’un cycle de conférences intitulé “ECO2” qui vise à “animer le débat intellectuel sur la notion de croissance verte autour de laquelle aucun consensus scientifique n’existe à ce jour”. Plutôt qu’une conférence, c’est en fait un jeu de questions-réponses animé par Frédérique Bedos, journaliste et fondatrice de l’ONG d’information “le projet Imagine”. Les invités sont Thomas-Olivier Léautier - chef économiste d’EDF - qui participe à toutes les conférences du cycle “ECO2” (car c’est EDF qui finance ce cycle de conférences) et Jean-Marc Jancovici - fondateur de Carbone 4 - oracle et cassandre du changement climatique.

La conférence donne l’impression que Thomas-Olivier Léautier et Jean-Marc Jancovici ne parlent pas de la même chose. Quand le premier parle d’un horizon à 6 mois, ou d’un futur technologique imaginaire, le second apporte des faits, des projections chiffrées et précises. C’est comme si les deux discours, qui ne parlent pas de la même chose et qui parfois s’oppose, étaient juxtaposés sans que jamais l’intervieweuse ne fasse apparaître les incohérences, les oppositions et les conséquences qui en découlent.

Evidemment, comme Thomas-Olivier Léautier est “chez lui”, il n’est pas challengé lors de cette conférence, la conférence reste dans le domaine du politiquement correct. Par ailleurs, malgré les oppositions des discours, Thomas-Olivier Léautier est probablement heureux d’être confronté à Jean-marc Jancovici car ce dernier estime que le nucléaire fait partie de la solution d’un futur mix-énergétique. Il ne faut pour autant pas résumer le propos de Jean-Marc Jancovici à sa position sur le nucléaire. Il aurait été appréciable que le reste de son positionnement puisse être opposé aux propos parfois fantaisistes ou déconnectés de la réalité de Thomas-Olivier Léautier.

  • 1h01 - les limites des facteurs de substitution d’énergie

Il faut 50 à 100 fois plus de métal et 1000 fois plus de foncier pour faire un kWh d’énergie solaire que pour faire 1 kWh d’énergie classique (charbon, gaz, nucléaire)

  • 1h03 - comment la démocratie peut organiser sa réduction du PIB

La récession structurelle a déjà commencée depuis 2006 (selon Jean-Marc Jancovici) ou en 2008 (selon l’AIE), date du pic de production du pétrole conventionnel. La quantité de pétrole disponible pour les européens à commencé à décroitre en 2007. Depuis, l’augmentation du PIB représente de l’inflation d’actif (un même bien coûte plus cher qu’avant, c’est de la simple inflation, mais pas une augmentation de la richesse réelle). C’est de la fausse croissance. Il n’est donc pas besoin de vendre la décroissance aux Français car elle est en réalité déjà là. En outre, la décroissance ne pose problème aux ménages que si les revenus baissent mais que les charges ne baissent pas. Si les deux baissent de manière coordonnée, la décroissance est tout à fait gérable au niveau des ménages.

  • 1h10 - le système doit pouvoir s’ajuster à la baisse comme à la hausse

Et aujourd’hui, le système ne sait pas gérer la baisse. Le problème n’est donc pas au niveau individuel, ou d’un ménage, mais à un niveau plus global, systémique.

  • 1h14 - langue de bois de EDF, parole de vérité de Jancovici

Thomas-Olivier Léautier ne veut pas aller vers la décroissance. Le chef économiste d’EDF se masque alors les yeux (littéralement, avec son masque) quand Jean-Marc Jancovici explique qu’on n’échappera pas à la décroissance, malgré le volontarisme affiché de Thomas-Olivier Léantier. Cette anecdote rigolote est la note humoristique symbolique de la conférence.

  • 1h15 - il est nécessaire d’avoir des plans pour l’avenir qui ne présupposent pas que le PIB augmente

Jean-Marc Jancovici indique qu’on peut garder le PIB comme indicateur économique, à la condition de ne plus exiger qu’il augmente indéfiniment…

En conclusion, cette conférence laisse une impression mitigée dans un exercice où deux personnes exposent chacune leur point de vue plutôt que de débattre et de confronter leurs idées. Olivier-Thomas Léautier semble optimiste et dogmatique, Jean-Marc Jancovici semble pessimiste et réaliste.

démocratie en construction

La convention citoyenne pour le climat a été mise en place par le président de la république suite au mouvement des gilets jaunes. Il avait assuré qu’il transmettrait les propositions “sans filtre” au vote de l’assemblée ou à un référendum.

Le Président de la République s’est engagé à ce que ces propositions législatives et réglementaires soient soumises “sans filtre” soit à référendum, soit au vote du parlement, soit à application réglementaire directe.

Le documentaire intitulé convention citoyenne - démocratie en construction raconte la vie de cette convention citoyenne pour le climat, ainsi celle de ses membres.

Un moment clé du documentaire se situe à la 28ième minute, quand le président de la république vient faire un discours au sein de cette convention citoyenne.

J’vous garantie sur le sans-filtre. M’enfin le sans filtre il voudra pas dire “j’me défausse”. A la fin, ce que je décide de mettre sans filtre, je le décide. Voilà. Donc euh vous n’êtes pas là pour être utilisés, vous êtes là pour créer de l’intelligence collective et m’aider in fine à décider, et décider ensemble des bonnes choses. Donc je prends mes responsabilités.

C’est probablement à ce moment, que la présidence de la république, constatant la radicalité des idées circulant au sein de la convention citoyenne pour le climat, a décidé de reprendre le contrôle, et de rétro-pédaler vis-à-vis de l’engagement qu’elle avait pris auprès de la nation.

Quand on parle d’intelligence collective, il existe une problématique au-delà de l’intelligence mise en place sur le fond. Cette problématique est celle du pouvoir : qui décide de ce qu’on fait de cette intelligence collective, qui oriente la réflexion, qui pose les questions, qui décide des réponses qu’on garde, et celles qu’on jette ?

la fabrique de l'ignorance

On accuse facilement ses opposants de conspirationnisme. Ils deviennent aussitôt des conspirationnistes, c’est à dire de ceux qui voient des conspirations partout, sans chercher à valider leurs croyances par la méthode scientifique.

Mais il ne faut cependant pas nier que des conspirations existent et ont existé. C’est pourquoi l’hypothèse d’une conspiration doit être envisagée et dénoncée lorsqu’elle est finalement avérée.

On peut citer en exemple la conspiration des big tobacco qui se réunissent en décembre 1953 pour tenter de disculper le tabac comme cause du cancer du poumon. Le documentaire intitulé la fabrique de l’ignorance indique à la douzième minute qu’on sait maintenant que les 7 grandes manufactures qui constituent l’oligopole qu’on appelle big tobacco se sont réunies à l’hôtel Plazza en décembre 1953. A la suite de cette réunion, ils publient une déclaration publique qui annonce qu’ils engagent des recherches scientifiques aider la recherche sur le tabac et la santé.

Mais leur véritable but est tout autre : financer de la recherche de diversion, multiplier les causes possibles afin de pouvoir invoquer l’argument ultime : “on ne peut pas affirmer avec certitude que le tabac cause des cancers du poumon car il existe de nombreuses autres causes possibles”.

Ce nouveau principe qui consiste à utiliser la méthode scientifique contre la science établie est au final une méthode de fabrique de l’ignorance.

l'ère de la finance autoritaire

Dans un article intitulé l’ère de la finance autoritaire, les auteurs analysent le financement des campagnes menées pour le maintien ou la sortie du Royaume Uni de l’Union Européenne. Il s’avère que les acteurs de la seconde financiarisation (celle qui englobe les secteurs de la gestion alternative d’actifs, du capital-investissement et des hedge funds) étaient largement en faveur du Brexit.

Le projet du Brexit n’est pas tant inspiré des idées néolibérales à la base de la construction européenne que de l’idéologie libertarienne. Le libertarianisme peut être défini comme une doctrine économique qui vise à limiter toute forme d’intervention étatique en dehors de la garantie de la propriété privée contre le collectivisme et l’étatisme.

Au-delà de la sortie de l’Union Européenne, c’est l’idée même de démocratie qui est menacée par les idées et les principes qui sous-tendent le Brexit.

Une classe que rien ne menace

Pour gouverner, les promoteurs de la seconde financiarisation semblent n’avoir plus besoin de la démocratie. Ils contredisent ainsi l’idée marxiste selon laquelle la république démocratique serait la forme de gouvernement la plus adaptée à la domination bourgeoise. Cela tient notamment à ce que ces nouveaux dominants ne sont pas menacés par une autre élite concurrente dans l’exercice du pouvoir. Au tournant du XIXe siècle, il était vital pour la bourgeoisie montante de se doter d’une légitimité autre que celle du sang face aux intérêts des groupes de féodaux et d’aristocrates, encore très populaires dans une partie des campagnes. La bourgeoisie avait à lutter contre la reconstitution possible de la coalition d’intérêts entre l’aristocratie terrienne et les classes paysannes, qui avait dominé durant presque mille ans. Dans ce contexte, la réinvention démocratique appuyée sur l’idée d’un peuple souverain soutenait la révolution bourgeoise. Mais, dans l’immédiat, la bourgeoisie n’est pas concurrencée par une autre classe candidate au pouvoir. Et, en l’absence de menace monarchique ou socialiste, a-t-elle encore intérêt à la démocratie ?

La vigilance est de mise, car la révolution libertarienne n’est pas terminée.

10 principes pour un bon design

Dieter Rams est un designer industriel allemand. Il a consacré sa vie à la bonne conception d’objet de consommation et en a tiré 10 principes pour un bon design.

Parmi ces 10 principes, 4 ont davantage retenu mon attention :

    1. Honnête : un design honnête ne cherche pas à tromper l’utilisateur sur la valeur réelle du produit. De plus, un design honnête ne cherche pas à manipuler le consommateur avec des promesses qui ne seraient pas corrélées à la réalité physique du produit.
    1. Durable : la mode est par nature éphémère et subjective. Par opposition, l’exécution appropriée du “bon design” confère à chaque produit une nature objective et intrinsèquement utile qui pérennise son utilisation. Ces qualités sont reflétées par la tendance des utilisateurs à conserver des produits bien conçus, bien que la transformation de la société en groupe consumériste favorise les produits jetables.
    1. Écologique : un “bon design” doit contribuer de manière significative à la préservation de l’environnement par la conservation des ressources et en minimisant la pollution physique et visuelle au cours du cycle de vie du produit. L’aspect de valeur à long terme entre ici aussi en jeu.
    1. Minimaliste : Dieter Rams distingue le “Less is more” (“Moins c’est mieux”), paradigme de conception quotidiennement régurgité dans l’industrie du design, de son propre paradigme : “Moins, mais avec la meilleure exécution”. Son approche favorise les principes fondamentaux de chaque produit et évite tout ce qui est superflu. Le résultat idéal correspond à des produits d’une grande pureté et simplicité.

Des principes à garder à l’esprit lors de la conception des objets de demain.

le vrai coût énergétique du numérique

Dans un article très complet et très intéressant intitulé le vrai coût énergétique du numérique, le magazine pour la science dresse un tableau plutôt factuel du numérique.

Le sujet est traité sérieusement et de manière plus approfondie qu’à l’acoutumée. Par exemple, le chapitre “Combien consomme une box internet ?” expose les différentes manières de calculer le coût énergétique : de 0,23 microjoule à 9,9 microjoule par bit, soit un facteur 43 entre la valeur minimale et la valeur maximale. Ces variations dans la méthodologie de calcul amènent à une différence énorme. Il est donc possible de manipuler les chiffres pour leur faire dire ce qu’on souhaite…

Cette variabilité est relative à des notions de coût fixe et de coût variable. Notions qu’on retrouve également dans les réseaux : un réseau allumé et non utilisé coûte quand même en alimentation électrique, et donc en énergie. L’utilisation optimale d’un équipement électrique est atteinte quand l’équipement électrique est utilisé au maximum de ses capacités.

Au-delà du l’utilisation des réseaux, la fabrication du matériel électronique qui génère énormément de gaz à effet de serre.

Sur les tablettes présentées, on note qu’entre 6 et 14 % des émissions de gaz à effet de serre concernent la phase d’utilisation, contre 79 à 88 % pour la phase de fabrication. Ainsi, l’impact de la fabrication est tel que faire durer les équipements le plus longtemps possible est primordial.

Le principal levier dont dispose un utilisateur pour réduire l’impact lié à cet objet connecté consiste donc à allonger sa durée de vie. Même si la génération suivante de l’objet présente une meilleure efficacité énergétique en phase d’utilisation, l’impact environnemental de sa phase de fabrication restant largement prépondérant, il est préférable de garder l’ancien modèle plutôt que d’acquérir le nouveau.

Un autre exemple pertinent concerne le domaine des objets connecté, de l’IoT (Internet of Things) : pour que l’impact environnemental d’un thermostat connecté soit réparti à 50 % pendant sa fabrication et à 50 % pendant son utilisation, il faudrait que la phase d’utilisation dure 55 ans. Connaissez-vous un seul objet connecté qui soit conçu pour durer plusieurs dizaines d’années ?

De 2010 à 2015, le projet de recherche international GreenTouch, qui mêlait instituts académiques et groupes industriels, a démontré qu’il était possible de construire une infrastructure des réseaux de l’internet mondial qui réduirait de 98 % la consommation d’énergie en 2020 par rapport à celle de 2010, et ce en tenant compte de l’explosion du trafic et pour une qualité de service équivalente.

Quelle marge d’optimisation ambitieuse pour les réseaux de communication !

Ce qui est vrai pour les réseaux de communication est également vrai pour les datacenters : on devrait pouvoir éteindre très facilement nos serveurs dès qu’on ne s’en sert pas.

Avec notre collègue Issam Rais, nous avons en effet montré en 2018 qu’il suffit qu’un serveur ne soit pas utilisé pendant trois minutes pour qu’il soit intéressant de l’éteindre.

Autant il est plutôt simple de mettre en pause des conteneurs (mais alors les machines physiques de l’infrastructure restent allumées, elles) autant je ne connais pas grand monde qui arrête les serveurs physiques ou les VMs quand elles ne sont plus utilisées, même pour quelques minutes (et a minima pendant les nuits et les fins de semaine).

Les accords de Paris sur le climat nous demandent de réduire notre empreinte carbone, et on pense souvent qu’Internet va être la solution. Mais le numérique n’échappe pas à ces accords. Il est indispensable de prendre en compte ses impacts environnementaux, de les maîtriser et les réduire. Et chacun de nous peut s’engager dès maintenant sur cette voie en conjuguant chez soi efficacité énergétique, sobriété numérique et usage raisonné.

La conclusion est éloquente et entre en résonance avec les engagements de plusieurs opérateurs télécom. Les pistes d’optimisation sont nombreuses, reste à voir si les moyens qu’ils y mettront seront à la hauteur des enjeux.

Nos sociétés modernes auront-elles également le courage de renoncer à certains projets très énergivores ? L’intelligence artificielle en est un exemple flagrant : entraîner un réseau neuronal est extrêmement énergivore. Serait-on prêt à renoncer à entraîner un réseau neuronal si au final le gain s’avère être trop faible par rapport au coût énergétique ?

pyramide de Maslow de l'empreinte carbone

Dans un article intitulé Toutes les émissions de gaz à effet de Serre se valent elles ?, l’auteur analyse de manière intéressante l’empreinte carbone d’un individu.

Mais au lieu de décliner cette empreinte carbone par poste, par type d’usage, il chercher à décliner cette empreinte carbone en fonction des niveau de la pyramide de Maslow qui est une hiérarchisation pyramidale des besoins humains.

pyramide de Maslow de l'empreinte carbone

Croiser les disciplines de sociologie et écologie pour rapprocher l’empreinte carbone de la pyramide de Maslow permet de regarder nos modes de consommation sous la forme d’un “marqueur social”, avec l’espoir d’une “prise de conscience et de recul” dont l’objectif serait une “remise en cause de nos marqueurs de hiérarchie sociale”.

surprise : depuis 2013, le CICE a créé seulement 100 000 emplois... qui ont chacun coûté 900 000 euros au contribuable

Dans un article intitulé surprise : depuis 2013, le CICE a créé seulement 100 000 emplois… qui ont chacun coûté 900 000 euros au contribuable, on découvre que le coûteux CICE n’a pas été en mesure de créer le million d’emplois promis par le MEDEF.

En 2018, le mouvement des gilets jaunes réclame l’abrogation du CICE, car 20 milliards d’euros par an partent en fumée sans effet notable sur l’emploi. Il y a de quoi écoeurer les gens à qui l’on demande des comptes sur l’usage de leurs aides sociales de quelques centaines d’euros. Hélas en vain : le projet de loi de financement de la Sécurité sociale de l’automne 2018 (voté pendant le mouvement des gilets jaunes donc) comporte une “transformation” du CICE en exonération pérenne de cotisations sociales patronales. “Le CICE n’existe plus”, disent alors les macronistes en réponse aux gilets jaunes. Sauf que le principe est exactement le même : 20 milliards d’euros sont distribués chaque année aux entreprises privées, non plus sous forme de crédit d’impôt mais d’exonérations de cotisations sociales. Ce qui, dans le fond, est encore pire, car on permet aux employeurs de ne plus cotiser pour la Sécurité sociale de leurs salariés. Tout un symbole.

L’année 2019, c’est bien celle du double jackpot. Les entreprises ont touché les 20 milliards du CICE, pour la dernière fois, PLUS les 20 milliards du dispositif qui le remplace.

Le fonctionnement du CICE s’apparente bien à un pillage des finances de l’état républicain, avec l’approbation de ceux qui en sont à la tête.

France Stratégie, ancien commissariat au Plan devenu, début des années 2000, un centre d’évaluation des politiques publiques (géré et payé par le gouvernement donc), a sorti ses conclusions pour la période 2013-2013 : en cinq ans, le CICE a créé 100 000 emplois. C’est mieux que rien, non ?

Sauf que cinq ans de CICE, c’est 100 milliards d’euros. Soit entre 900 000 et 1 millions d’euros l’emploi. On aurait pu recruter des soignant.e.s, du personnel pour les EPHAD, investir dans nos écoles, nos hôpitaux – et on aurait été moins dans la merde face à l’épidémie de coronavirus, au hasard… Mais non. On a créé avec ça de l’emploi potentiellement précaire, inutile voire nocif (combien de responsables des ressources humaines et de chefs de produits marketings ?). On aurait pu créer des emplois afin de réaliser une réelle transition écologique massive. On aurait pu également sortir toute une partie des gens de la misère. On aurait pu financer une réduction du temps de travail. On aurait pu combler 25 fois le déficit annuel de la Sécu, ce fameux “trou” dont on nous rebat les oreilles pour nous dire que c’est terrible parce qu’il n’y a pas “d’argent magique” et qu’on doit donc tailler dans les effectifs et réduire les prestations sociales.

Autrement dit : l’argent est là. Il suffirait de l’orienter dans le sens de l’intérêt général…