si, c'est vrai !

retraites : 12 idées reçues à combattre

Dans un billet de blog intitulé retraites : 12 idées reçues à combattre, le guide d’autodéfense, Anaïs Henneguelle démonte 12 idées reçues au sujet de la réforme des retraites actuellement discutée au gouvernement.

Anaïs Henneguelle est maîtresse de conférences en économie à l’Université de Rennes 2 et membre du collectif d’animation des Économistes Atterrés.

Ce guide d’autodéfense a pour vocation de fournir des arguments à tous ceux et toutes celles qui s’opposent à la réforme des retraites mais sont parfois démunis face aux éléments de langage (la plupart du temps incomplets ou simplistes) qu’on leur oppose. En bref, comment (se) mobiliser contre la réforme des retraites ?

Les 12 idées reçues démontées sont les suivantes :

  1. Il n’y a pas de perdants à la réforme.
  2. Le système n’est pas viable financièrement : il faut réformer.
  3. L’espérance de vie augmente et il faut en profiter.
  4. Il faut un âge d’équilibre à 64 ans.
  5. Il faut sanctuariser la part des retraites dans le PIB à 14 %.
  6. On conserve un système par répartition.
  7. Il faut en finir avec les régimes spéciaux.
  8. La réforme permet de protéger les droits des plus faibles.
  9. Le nouveau système bénéficiera aux femmes et aux familles.
  10. Les hauts salaires contribuent plus dans le nouveau système.
  11. Le nouveau système sera plus lisible.
  12. Le président a annoncé cette réforme durant sa campagne présidentielle.

Tous les arguments sont sourcés par des notes de bas de page (et pas moins de 67 notes de bas de page !).

il ne reste plus à ce pouvoir que la violence

Dans un article intitulé il ne reste plus à ce pouvoir que la violence, l’avocat Arié Halimi donne sa vision de l’état de la démocratie en France.

Selon lui, la transition d’un état démocratique et vers un état autoritaire n’est pas binaire. Et un état qui se repose fortement sur sa police est plutôt du côté de l’autoritarisme que du côté de la démocratie.

Nous sommes dans cette gradation des différents types d’exercice du pouvoir dans une démocratie, décrite par Juan J. Linz. Entre démocratie et dictature, il distingue une multitude de nuances, comme celle de la « démocratie illibérale ». La mécanique électorale demeure mais à l’échelle de l’exercice du pouvoir, un autoritarisme s’affirme ; il peut conduire au basculement, avec la généralisation de l’état d’urgence, la permanence de l’état d’exception. Cette possibilité de bascule vers un État policier, où l’autorité politique se soumet au corps policier, est manifeste en France. Les tracts de certains syndicats de police comme Alliance ou le SCPN sont de plus en plus agressifs. Pas seulement à l’égard des militants et des défenseurs des droits de l’homme : l’autorité civile et politique, qui normalement dirige, est elle aussi mise en cause dans ces publications. « Si un policier est jugé, voire condamné pour des violences policières, vous ne nous verrez plus dans la rue », affirment-ils en substance. Le corps policier, on le sent, exerce une pression très lourde sur le ministère de l’Intérieur.

Le déni des violences policières par les représentants de l’état use d’un argument fallacieux : les violences policières n’en sont pas car les policiers sont des représentants de l’état et l’état est fondé - par la loi - à user de la violence légitime.

Parler du monopole ou même de l’usage de la violence légitime relève d’une erreur de droit. Il n’y a pas de monopole de la violence légitime pour l’État. Ça n’existe pas dans le droit pénal. Toute violence, quelle qu’elle soit, est une infraction pénale. Vous pouvez ensuite avoir des faits justificatifs ou des causes d’exonération de responsabilité pénale.

Ces violences policières sont-elles des débordements marginaux, des dérives individuelles de certains policiers ? Ou bien relèvent-elles d’une stratégie globale délibérée ?

La vraie question qui se pose porte sur la nature de ces violences : relèvent-elles d’une stratégie délibérée ? Je pense que oui. Avec d’autres - jour­nalistes, responsables politiques, sociologues - j’ai suffisamment d’éléments en main, d’expérience, de dossiers, de lectures, pour affirmer que ce pou­voir politique extrêmement fragile ne tient plus que par la police, par l’usage de la force et des armes.

Au fil de ces violences policières, le corps policier dans son ensemble perd peu à peu son crédit, son image de défenseur de l’ordre et garant de l’application de la justice. Il apparaît de plus en plus clairement comme la garde impériale d’un gouvernement, d’une caste qui se retranche derrière la force pour mieux se protéger du peuple.

Le symptôme d’une démocratie malade.

pour être libre politiquement, il faut être autonome matériellement

Dans un article intitulé faire durer les grèves : les leçons de l’histoire, l’auteur explique comment le rapport de force entre grévistes et dirigeants s’est modifié au cours du 20ième siècle.

Pour les travailleurs, la problématique majeure d’une grève est davantage de la faire durer que de la déclencher.

Dans les cortèges et sur les piquets de grève, une question taraude : comment subvenir aux besoins élémentaires et continuer à se nourrir, à se chauffer et se loger sans salaire ? Comment payer les factures ?

La durée moyenne des grèves n’a cessé de chuter au cours du 20ième siècle.

Il n’en a pas toujours été ainsi. Il fut un temps où les ouvriers avaient les moyens de tenir la grève. Grâce, notamment, à leur lien avec la campagne et les paysans. Leur enracinement leur offrait une meilleure capacité de résistance. Les statistiques en témoignent. De 16 jours jusqu’aux années 1930, la durée moyenne des grèves a chuté à 2,5 jours après la Seconde Guerre mondiale. Le chiffre n’a pas cessé, depuis, de baisser. « Les conflits sociaux dans le secteur privé sont désormais très courts et les grèves de plusieurs jours extrêmement rares, constate l’historien Stéphane Sirot. Elles ont laissé place à d’autres pratiques plus ponctuelles, comme la journée d’action et le débrayage, qui consiste à bloquer seulement quelques heures, voire quelques minutes la chaîne. »

Au début du 20ième siècle, “les usines étaient enchâssées dans le milieu rural”, les ouvriers et les ouvrières disposaient donc de moyens de subsistance alternatifs.

La possession personnelle d’une parcelle de terre cultivable était alors une formidable caisse de grève : elle fournissait de quoi vivre à celles et ceux qui n’avaient plus de gagne-pain. Elle permettait d’échapper à la menace du dénuement.

Souvent dotés d’un logement et d’un potager, les ouvriers et les ouvrières étaient majoritairement autonomes pour le gîte et le couvert. Leur souveraineté alimentaire étant assurée, ils pouvaient affronter une grève longue sans craindre de souffrir de la faim.

Cet enjeu avait été bien pris en compte par les ouvriers de l’époque. La souveraineté alimentaire était alors une « arme capitale de la lutte », comme l’affirmaient en 1905 les ouvriers de Longwy, en Lorraine.

Parfois même, une basse-cour permettait d’agrémenter leur alimentation d’oeufs ou de viande.

En reportage à Montceau-les-Mines, en 1901, André Bourgeois, l’envoyé spécial des Cahiers de la quinzaine, une revue dirigée alors par Charles Péguy, relevait aussi que les mineurs en grève « jouissaient de quelque aisance ». Ils possédaient la plupart leur maison et un jardin, « d’où ils tiraient légumes et fruits, des lapins, une douzaine de poules, sept ou huit canards. Ils pouvaient tenir plusieurs mois sans paye », écrivait-il.

En accroissant la dépendance des travailleurs et des travailleuses, la domination de la classe dirigeante sur le reste de la population s’est accentuée. L’urbanisation des populations, la disparition des potagers, le recours à l’emprunt pour l’achat d’un logement, le développement de l’industrie agro-alimentaire ont été des facteurs d’affaiblissement des classes laborieuses.

Il a donc fallu l’établir et briser des modes de vie autonomes pour mieux contrôler la population. Paradoxalement, ce mouvement s’est fait en lien avec les tenants du marxisme, qui pensaient qu’une conscience de classe ouvrière était nécessaire à l’avènement du « Grand Soir ».

La séparation des classes laborieuses entre la classe paysanne et la classe ouvrière s’est faite aux dépens des deux classes, pour le plus grand profit de la classe dirigeante.

de l'incapacité des gouvernements face à la crise écologique

Dans un article intitulé environnement : de COP en COP, le cataclysme se rapproche, l’auteur souligne “l’incapacité des gouvernements face à la crise écologique”.

L’inaction des gouvernements est d’autant plus déplorable que “il est trop tard pour éviter la catastrophe”. Il ne s’agit désormais que de limiter son impact et de se préparer à y faire face collectivement.

L’auteur associe la crise écologique en cours au système capitaliste en phase terminal. La solution passe donc par une sortie du capitalisme.

Il n’y a pas d’issue à la crise systémique en dehors d’une alternative anticapitaliste.

L’auteur estime que les gouvernements empêtrés dans le capitalisme ne sont pas en mesure de faire face à la crise écologique car cela reviendrait à scier la branche sur laquelle ils reposent.

Rien à attendre des COP. […] Plus d’un quart de siècle après Rio, de COP en COP, le cataclysme se rapproche.

L’incapacité des gouvernements est inscrite dans le système capitaliste.

L’incapacité des gouvernements face à la crise écologique, climatique en particulier, n’est pas le résultat d’une fatalité mystérieuse, ou de la perversité de la nature humaine, mais le résultat de cinq facteurs structurels : le productivisme congénital du capitalisme empêche de produire moins; le régime néolibéral d’accumulation empêche de concevoir un plan public; la contradiction entre l’internationalisation du capital et le caractère national des Etats empêche d’appréhender le défi globalement; la crise de leadership impérialiste empêche d’assurer ne fût-ce qu’un minimum d’ordre dans le désordre capitaliste (ce facteur est de surcroît aggravé par le climato-négationnisme de Donal Trump); enfin, la crise de la démocratie bourgeoise basée sur la démagogie électoraliste empêche de regarder au-delà d’un délai de trois ans. Tout cela est le produit du système capitaliste en phase terminale qui, comme disait Marx, « épuise les deux seules sources de toute richesse : la Terre et la travailleuse/le travailleur ».

S’il ne faut pas compter sur les gouvernements pour apporter une réponse adéquate à la crise écologique, s’il ne faut pas non plus compter sur des organisations internationales - comme l’ONU ou la conférence des parties (COP) - il ne reste alors plus qu’à compter sur les mouvements citoyens pour faire émerger des solutions à même de s’imposer aux états.

Ou attendre l’effondrement.

Allemagne de l'est, histoire d'une annexion

Dans un article intitulé Allemagne de l’est, histoire d’une annexion, les auteurs dévoilent la face cachée de la réunification allemande : l’annexion de l’Allemagne de l’est par l’Allemagne de l’ouest.

A la fin des années 1980, l’URSS est affaiblie. En 1989, l’Allemagne de l’est est fragilisée et le pouvoir chancelle. Contrairement à l’histoire officielle déclinée dans les livres d’histoire, les Allemands de l’est ne rêvent pas d’une réunification, ils rêvent de la restauration de la démocratie et du socialisme dans leur pays. Mais l’Allemagne de l’ouest ne l’entend pas de cette oreille : elle souhaite profiter de cette opportunité pour annexer l’Allemagne de l’est et s’approprier ses richesses.

À l’automne 1989, la population de la RDA écrit sa propre histoire. Sans concours extérieur, les manifestations de masse à Berlin, Leipzig, Dresde destituent l’État-parti dirigé par le Parti socialiste unifié (SED), sa police politique, ses médias aux ordres. Dans les semaines qui suivent la chute du Mur, l’écrasante majorité des opposants au régime aspire non pas à l’unification, mais à une RDA démocratique — à 71 %, selon un sondage du Spiegel (17 décembre 1989). Les propos d’un pasteur lors du rassemblement monstre du 4 novembre 1989 sur l’Alexanderplatz à Berlin traduisent cet état d’esprit : « Nous autres Allemands avons une responsabilité devant l’histoire, celle de montrer qu’un vrai socialisme est possible. »

Même tonalité dans l’appel « Pour notre pays » lancé le 26 novembre et présenté à la télévision nationale par l’écrivaine Christa Wolf. « Nous avons encore la possibilité de développer une alternative socialiste à la RFA [République fédérale d’Allemagne] », affirme ce texte qui recueillera 1,2 million de signatures — sur 16,6 millions d’habitants. Réunis au sein de la Table ronde, créée le 7 décembre sur le modèle polonais et hongrois pour « préserver l’indépendance » du pays et rédiger une Constitution, mouvements d’opposition et partis traditionnels esquissent les contours d’un socialisme démocratique et écologique. L’irruption des forces politiques ouest-allemandes neutralise bientôt cette mobilisation.

Un temps sidérés par les événements, les dirigeants de Bonn — alors capitale de la RFA — se lancent à la conquête électorale du pays voisin. Leur ingérence dans le scrutin législatif du 18 mars 1990, le premier soustrait à l’influence de l’État-parti et de Moscou, est telle qu’Egon Bahr, ancien ministre social-démocrate et artisan dans les années 1970 du rapprochement entre les deux Allemagnes, parle des « élections les plus sales [qu’il ait] observées dans [sa] vie ». Fort du soutien des États-Unis et de la passivité d’une URSS affaiblie, la République fédérale dirigée par le chancelier conservateur Helmut Kohl procède en quelques mois à un spectaculaire coup de force : l’annexion d’un État souverain, la liquidation intégrale de son économie et de ses institutions, la transplantation d’un régime de capitalisme libéral.

Cette annexion, même si elle n’est jamais présentée comme telle dans les livres d’histoire, est totalement assumée par ceux qui l’ont organisée.

Pour comprendre la malfaçon de l’histoire officielle, à laquelle nul ou presque ne croit à l’Est, il faut se débarrasser du mot même qui la résume : il n’y a jamais eu de « réunification ». À cet égard, M. Wolfgang Schäuble, ministre de l’intérieur de la RFA chargé des négociations du traité d’unification, tient à la délégation est-allemande, au printemps 1990, des propos sans ambiguïté : « Chers amis, il s’agit d’une entrée de la RDA dans la République fédérale, et pas du contraire. (…) Ce qui se déroule ici n’est pas l’unification de deux États égaux. » Plutôt que de faire voter aux deux peuples allemands rassemblés une nouvelle Constitution, conformément à la Loi fondamentale de la RFA (article 146) et au souhait des mouvements civiques, Bonn impose l’annexion pure et simple de son voisin, en vertu d’une obscure disposition utilisée en 1957 pour rattacher la Sarre à la République fédérale. Signé le 31 août 1990 et entré en vigueur le 3 octobre suivant, le traité d’unification étend simplement la Loi fondamentale ouest-allemande à cinq nouveaux Länder créés pour l’occasion, effaçant d’un trait de plume un pays, dont on ne retiendra plus désormais que l’inflexible dictature policière, le kitsch vestimentaire et la Trabant.

La brutalité du rattachement de l’Allemagne de l’est provoqua un choc économique qui détériora durablement les conditions de vie des Allemands de l’est.

En une nuit, la RDA accomplit la libéralisation économique que l’Allemagne occidentale avait menée après-guerre en une décennie. En juillet, la production industrielle chute de 43,7 % par rapport à l’année précédente, de 51,9 % en août et de près de 70 % fin 1991, tandis que le nombre officiel de chômeurs grimpera d’à peine 7 500 en janvier 1990 à 1,4 million en janvier 1992 — plus du double en comptant les travailleurs au chômage technique, en reconversion ou en préretraite. Aucun pays d’Europe centrale et de l’Est sorti de l’orbite soviétique ne réalisera plus mauvaise performance…

Les biens publics ont été rassemblés au sein de la Treuhand, une structure en charge de liquider ou de privatiser l’ensemble de ces biens avec à la clé une énorme destruction de capital productif en même temps qu’un accaparement des biens de l’Allemagne de l’est par des investisseurs de l’Allemagne de l’ouest.

La Treuhand s’acquitte de sa mission en privatisant ou en liquidant la quasi-totalité du « patrimoine du peuple » — nom donné aux entreprises et aux biens d’État dont elle reçoit la propriété le 1er juillet 1990. À la tête de 8 000 combinats et sociétés, avec leurs 32 000 établissements — des aciéries aux colonies de vacances en passant par les épiceries et les cinémas de quartier —, d’une surface foncière représentant 57 % de la RDA, d’un empire immobilier, cette institution devenue en une nuit le plus grand conglomérat du monde préside aux destinées de 4,1 millions de salariés (45 % des actifs). À sa dissolution, le 31 décembre 1994, elle a privatisé ou liquidé l’essentiel de son portefeuille et peut s’enorgueillir d’un bilan sans équivalent dans l’histoire économique contemporaine : une ex-RDA désindustrialisée, 2,5 millions d’emplois détruits, des pertes évaluées à 256 milliards de marks pour un actif net initial estimé par son propre président, en octobre 1990, à 600 milliards !

Ce prodige du libéralisme représente pour Mme Luft, dernière ministre de l’économie de la RDA, « la plus grande destruction de capital productif en temps de paix ». Les chercheurs Wolfgang Dümcke et Fritz Vilmar y voient de leur côté un temps fort de la colonisation structurelle subie par la RDA : investisseurs et entreprises ouest-allemandes ont racheté 85 % des sites de production est-allemands ; les Allemands de l’Est, 6 % seulement.

Outre l’enrichissement de investisseurs d’Allemagne de l’ouest, cette opération avait également pour effet de supprimer toute concurrence en provenance d’Allemagne de l’est, garantissant ainsi les marges des entreprises d’Allemagne de l’ouest.

Une série de décisions absurdes ainsi que la collusion entre la Treuhand, le gouvernement conservateur et le patronat ouest-allemand ont nourri la conviction — jamais démentie — que la Treuhand avait d’abord agi pour éliminer du marché toute concurrence susceptible de faire baisser les marges des groupes ouest-allemands.

L’action de la Treuhand a été le théâtre d’actes qui aujourd’hui encore restent dans les mémoires des Allemands de l’est :

  • suppressions d’emploi par centaines de milliers
  • fermeture d’usines rentables afin d’éviter de concurrencer les usines d’Allemagne de l’ouest
  • magouilles des investisseurs, détournement de subventions, corruption, malversations
  • émolument somptueux des liquidateurs de la Treuhand
  • coût exorbitant de consultants externes

L’Allemagne de l’est reste - aujourd’hui encore - meurtrie de ces actes de prédation.

Plusieurs années après la réunification, les langues se délient et la vérité fait surface petit à petit.

« En vérité, a admis en 1996 l’ancien maire de Hambourg Henning Voscherau (SPD), les cinq années de “construction de l’Est” ont représenté le plus grand programme d’enrichissement des Allemands de l’Ouest jamais mis en œuvre. »

Une réunification qui avait la forme d’une annexion et le goût amer de la spoliation.

la langue d'autrefois est bien moins sexiste qu'aujourd'hui

A l’heure où le langage épicène, également connu sous le nom d’écriture inclusive, fait débat dans les médias français et sur les réseaux sociaux, il suscite une opposition de longue date de l’académie française et de vives critiques d’une frange conservatrice de la population française.

Eliane Viennot est professeuse de littérature, historienne et féministe. Dans un article intitulé la langue d’autrefois est bien moins sexiste qu’aujourd’hui, elle montre que les barbarismes inventés par le langage épicène ne sont en aucun cas des néologismes, mais en réalité des mots anciens qu’on ne fait que ressortir de l’oubli.

Nous y répertorions les mots qui ont disparu, tels que « autrice » ou « professeuse », avec les références des textes dans lesquels nous les avons trouvés, pour prouver que ces mots ne sont pas des néologismes… Ils figurent dans des textes du XIV, XVI ou XVIIème siècle ! Le fait de donner les références exactes permet aux gens de voir que nous ne racontons pas des salades, et d’aller chercher par eux-mêmes si la question les intéresse.

Dans notre rubrique, nous avons aussi mis des témoignages de bagarres entre intellectuel.les. Car bien des mots n’ont pas été oubliés : on leur a fait la guerre. Des grammairiens précisent dans leurs ouvrages qu’il ne faut pas les utiliser ; et ils ne les inscrivent pas dans les dictionnaires…

Le langage a été orienté en France avec l’objectif de masculiniser certains termes et d’en féminiser d’autres. La société a délimité la place des hommes et celle des femmes, et le langage était un des outils pour mener à bien cette polarisation de la société.

[…] je me suis rendue compte que l’Europe a connu une véritable guerre intellectuelle sur la place des femmes dans notre société… guerre dont la France a été l’initiatrice. Cette « querelle des femmes » a commencé à monter vers les XIII-XIVème siècles, après la création des universités (strictement masculines). Cela a engendré des débats sur la place des femmes dans l’éducation, la famille, la politique etc. Mais on ne se dispute pas sur la langue avant le début du XVIIème siècle. Et ensuite cette querelle s’envenime, parce que la masculinisation de la langue s’accentue.

Jusqu’au 17ième siècle, la lecture et l’écriture étaient peu répandues et il fallait que les distinctions de genre s’entendent. Ainsi, autrice se distingue mieux de auteur que auteure.

La langue d’autrefois est bien moins sexiste qu’aujourd’hui. Jusqu’au XVIIème siècle, les femmes ne sont jamais nommées au masculin. Alors qu’aujourd’hui, cela nous paraît normal de dire par exemple qu’une femme est « directeur » ou « entrepreneur ». Tout le monde en aurait ri, à l’époque ! Dans les langues romanes, on parle des femmes au féminin et des hommes au masculin, grâce à des finales de mots qui s’entendent. Tous les féminins s’entendaient en français jusqu’au XVIIème, parce que les gens avaient besoin de l’entendre.

Les anciens types d’accord étaient également moins sexistes :

  • accord de proximité, on accorde l’adjectif avec le dernier nom énoncé ou écrit
  • accord de logique, on accord l’adjectif avec le nom énoncé qui semble le plus important (en nombre ou en symbolique)

Ces règles sont beaucoup plus intuitives que la règle basique aujourd’hui enseignée à l’école : “le masculin l’emporte sur le féminin”.

Ceci dit, ces règles sont décidées en haut-lieu : chez les grands auteurs, les encyclopédistes, les académiciens… Jusqu’au début du 20ième siècle, elles ne se propagent guère dans la société et les usages ancestraux demeurent.

Mais jusqu’au début du XXème siècle, il n’y a pas d’institution capable de mettre tout le monde au garde à vous, puisqu’il n’y a pas d’école primaire obligatoire. Donc ce que peuvent dire ceux qui émettent les normes, comme les académiciens, n’a pas forcément une grande portée. Les modes d’apprentissages sont très divers. Les anciens usages se perpétuent donc très longtemps – comme les langues régionales.

Les choses changent avec la démocratisation de l’écrit et la montée en puissance de l’académie française. La pression pour l’adoption des nouveaux usages augmente et si les anciens usages n’ont pas totalement disparu, ils deviennent des figures de style réservées aux grands auteurs.

Un exemple marquant de cette lutte de l’académie française pour la domination du masculin se matérialise dans l’adjonction d’un nouveau sens au mot Homme (avec un grand h) qui recouvre un groupe composé de tous les hommes et de toutes les femmes. Cette généralisation apporte de la confusion sur le sens des mots. Si le mot homme peut recouvrir plusieurs sens, le mot femme est également polysémique. Dès lors, on ne sait plus trop si la femme est l’homologue de l’homme ou si elle est l’homologue de l’époux

Mais l’Académie a décidé, à la fin du XVIIème siècle, que « homme » pouvait servir pour parler de l’humanité toute entière, autrement dit que les femmes sont des hommes. Cette conclusion absurde, ils ne l’ont jamais tirée : les académiciens voulaient juste grandir « l’homme » ! Mais elle est inévitable en logique : si homme = humanité, alors homme = femme.

Paradoxalement, cette assimilation de 3 notions : humain, homme, femme a probablement servi les luttes féministes contre la domination masculine et pour l’égalité des sexes, se retournant ainsi contre les objectifs de l’académie française et ses principes ségrégationnistes.

La masculinisation de la langue est une construction délibérée, que nous dé-construisons aujourd’hui. La domination du masculin sur le féminin était déjà présente, nous en avons hérité du latin et du grec, puisque les hommes ont toujours dominé la parole publique et l’écriture, mais elle était beaucoup moins prégnante, et moins absurde.

Le langage a toujours été un outil d’influence - ce qui ne se nomme pas n’existe pas - il a par conséquent été utilisé pour modifier l’équilibre entre le masculin et le féminin. Il y a quelques siècles, la langue française était moins sexiste qu’aujourd’hui, et elle a délibérément été rendue plus sexiste par des hommes académiciens.

Si la langue théorique des livres de grammaire est importante en ce qu’elle garantie son utilité comme outil de communication partagé, la langue pratique de la rue a toute son importance également car une langue n’est vivante que tant qu’elle est parlée, tant qu’elle évolue.

l'effondrement a commencé, il est politique

Dans un article intitulé l’effondrement a commencé, il est politique, le professeur d’anthropologie, Alain Bertho estime que l’effondrement a déjà commencé, et qu’il se manifeste sous la forme d’une défiance réciproque entre gouvernants et gouvernés.

Alors que des révoltes éclatent aux quatre coins du monde, gouverner aujourd’hui s’apparente de plus en plus à mener une guerre ouverte ou larvée contre les soulèvements des peuples et des êtres vivants, pour maintenir coûte que coûte un ordre de plus en plus discrédité.

Pour Alain Bertho, ce qu’il importe de préserver est à la base de toutes nos sociétés et nous définit en tant qu’être humain faisant partie d’un tout : l’humanité.

Ce qui fait l’Humanité, pour l’anthropologue que je suis, c’est sa conscience d’elle-même et sa conscience du temps, sa capacité à rêver, à espérer, à inventer, à s’inventer sans cesse.

Alain Bertho mène depuis depuis 35 ans des recherches sur les classes populaires urbaines et leurs mobilisations. Depuis 2005, il s’intéresse particulièrement à la violence collective et aux affrontements civils. Au travers de ces révoltes, ces guerres ouvertes ou larvées, c’est l’humanité elle-même qui est menacé, elle qui nous conduit à faire société et à nous imaginer une destinée commune.

L’enjeu d’aujourd’hui n’est donc pas tant de sauver coûte que coûte la démocratie représentative que de réunir le peuple et les peuples dans la recherche d’un avenir commun, d’une éthique commune du vivant dans l’apocalypse qui commence.

La désaffection des politiques et du politique par les populations est donc un indice majeur du délitement de nos sociétés.

Contrairement à ce que pourraient laisser à penser les collapsologues, « l’effondrement » tant annoncé ne sera pas d’abord un processus technico-économique qui, du jour au lendemain sans crier gare, mettrait fin à notre civilisation, et par conséquent à la politique. L’effondrement qu’on nous annonce a déjà commencé. Et c’est sur ce terrain, la politique, qu’il se manifeste aujourd’hui à l’échelle planétaire. Les soulèvements ne sont pas la cause de cet effondrement. Ils en sont le symptôme et peuvent en être l’antidote salutaire.

Quand nos dirigeants n’ont plus de légitimité, ils commencent à avoir peur du peuple et ils s’orientent vers des mesures de contrôle autoritaire de la population. La seule réponse de la population ne peut être qu’un soulèvement qui mène à des affrontements entre les gouvernés et les gouvernants.

oubliez les douches courtes !

Derrick Jensen est un écrivain et activiste écologique américain. Dans un article court et percutant intitulé oubliez les douches courtes !, il dénonce le fait qu’on arrivera à combattre le changement climatique par des actions individuelles.

Que ce soient la consommation d’eau, la consommation d’énergie ou la production des déchets, les ménages ne représentent qu’une minorité de l’usage, et donc une fraction du potentiel de réduction de l’usage.

Les ménages représentent :

  • moins 10 % de la consommation d’eau des USA
  • moins de 25 % de la consommation d’énergie des USA
  • 3 % de la production des déchets des USA

Soyons clairs. Je ne dis pas que nous ne devrions pas vivre simplement. Je vis moi-même assez simplement, mais je ne prétends pas que ne pas acheter grand-chose (ou ne pas conduire beaucoup, ou ne pas avoir d’enfants) est un acte politique fort, ou profondément révolutionnaire. Ça ne l’est pas. Le changement personnel n’est pas égal au changement social.

Autrement dit, les actions individuelles, à l’échelle personnelle ou à l’échelle d’un ménage sont utiles, mais ne suffisent pas.

Il envisage 3 postures possibles :

  • participer à l’économie industrielle : au final, tout le monde est perdant
  • ne pas participer à l’économie industrielle, mais ne pas l’empêcher de fonctionner : au final tout le monde est perdant
  • agir délibérément pour stopper l’économie industrielle : très effrayant mais seule solution pour tenter de sauver la planète

La croyance dans la seconde posture - mener une vie simple, se retirer autant que possible de l’économie industrielle sans pour autant l’empêcher de fonctionne - engendre 4 autres problèmes :

  • la croyance que toute vie humaine ne peut que détériorer l’environnement, alors qu’il a également la capacité de le restaurer
  • la croyance que l’individu est responsable et donc coupable des crises environnementales qui adviennent
  • la croyance que les citoyens ne sont que des consommateurs et que leur seul moyen de résistance passe par la consommation (c’est ce qu’à inventé Edward Bernays avec sa démocratie capitaliste)
  • la croyance mortifère la seule manière de diminuer son impact écologique est d’être mort

En fait, si notre mode de vie actuel n’est pas tenable, il nous appartient de décider si on souhaite nous même inventer un nouveau mode de vie, ou si on souhaite de faire - par un gouvernement autoritaire, ou par le changement climatique - d’adopter un autre mode de vie que nous n’aurions pas choisi.

En tant que partisan du sabotage environnemental, Derrick Jensen nous invite à la résistance active :

Nous pouvons suivre l’exemple de ceux qui nous rappellent que le rôle d’un activiste n’est pas de naviguer dans les méandres des systèmes d’oppression avec autant d’intégrité que possible, mais bien d’affronter et de faire tomber ces systèmes.

Aurions-nous été résistants si nous avions été plongés en France au coeur de la seconde guerre mondiale ? Sommes-nous résistants aujourd’hui pour combattre l’économie industrielle et tenter d’éviter la catastrophe environnementale qui se profile ?

propagande et fabrique du consentement

Le chaîne de télévision Arte a diffusé un documentaire intitulé propaganda : la fabrique du consentement dont le sujet porte sur la propagande, son histoire et son évolution jusqu’à aujourd’hui.

Dans son livre intitulé the engineering of consent et publié en 1947, Edward Bernays expose sa théorie sur la gouvernance d’un peuple :

  • dans un régime autoritaire les messages de persuasion passent par la force
  • dans une démocratie ce sont les relations publiques (public relations, ou encore PR) qui jouent ce rôle

Selon Edward Bernays, les relations publiques permettent à une démocratie de ne pas sombrer dans l’autoritarisme. Son inspiration lui vient du français Gustave Le Bon, auteur de l’ouvrage psyhologie des foules (publié en 1895, ça ne date pas d’hier) et dont l’idée est que pour parler à une foule, il vaut mieux s’adresser aux émotions et aux instincts plutôt qu’à la rationalité.

La propagande a été utilisée aux USA en 1917, lors de la première guerre mondiale, pour convaincre les Américains du bien fondé de l’entrée en guerre des USA contre l’Allemagne alors que le président Woodrow Wilson avait toujours défendu la neutralité des USA vis-à-vis des belligérants.

L’état américain met alors en place la commission Creel. Elle est chargée faire changer d’avis le peuple américain en faisant usage de techniques de propagande. Elle atteindra ses objectifs en moins d’un an, retournant ainsi l’opinion publique américaine et permettant au président Woodrow Wilson d’apparaître comme un président à l’écoute de son peuple plutôt que comme un politicien opportuniste et girouette ayant renié ses engagements de campagne.

En réalité, le véritable raison de l’adhésion américaine à la guerre est l’ouverture de perspectives vers le capitalisme. En outre, la propagande permet de lutter contre la contestation ouvrière du capitalisme. L’entrée en guerre des USA marque le début d’un véritable bras de fer enter les masses et les oligarques.

Cependant, le terme de propagande devient connoté négativement et péjoratif. Edward Bernays s’en détourne et il lui préfère le terme neuf de relations publiques, plus consensuel. Si la forme évolue, le fond demeure et les relations publiques restent un outil de contrôle des foules, de contrôle des masses, tout comme la publicité.

Il crée son agence de conseil en relations publiques et façonne alors l’american way of life : le bacon au petit déjeuner, incitation à la consommation de cigarettes, la cigarettes comme attribut d’affirmation d’indépendance féministe.

Mais la crise de 1929, est une crise du capitalisme, une crise des entreprises. Edward Bernays lance alors la parade du progrès de General Motors, dans le but de sauver la démocratie en faisant apparaître la démocratie capitaliste comme la seule démocratie possible. Il est donc l’artisan de la fusion de la démocratie avec le capitalisme.

La propagande, la publicité, les relations publiques, autant de termes pour une seule réalité : la manipulation des foules.

les élites néolibérales ne veulent plus transiger avec le corps social

Dans un article intitulé les élites néolibérales ne veulent plus transiger avec le corps social, Romaric Godin défini avec précision le néolibéralisme et ce qui le différencie des autres courant du libéralisme (tels que l’ultra-libéralisme, le libertarisme, le libéralisme manchesterien).

[…] la caractéristique du néolibéralisme, c’est qu’on a, au niveau mondial, un mode de gestion du capitalisme qui s’appuie sur un État au service du capital contre le travail. On peut ainsi définir le néolibéralisme […] comme un mode de gestion du capitalisme […] qui relie l’ensemble des capitalismes nationaux entre eux dans un même ensemble. […] maintenant on est passés au paradigme néolibéral qui lui-même, depuis 2008, est entré dans une phase de crise.

Cela correspond aux idées de l’ordolibéralisme allemand : l’état fixe des règles de fonctionnement du marché. Le pouvoir n’est alors plus au législatif, mais à l’exécutif.

En tout cas, on n’est pas dans la destruction complète de l’État. On est plutôt dans une réorganisation des moyens de l’État au profit du capital et au détriment du monde du travail.

En terme de dépense publique, ce n’est pas tant la quantité que la qualité qui compte. Il ne suffit pas de regarder les variations de la dépense publique, mais il faut surtout regarder à quoi elle est utilisée.

[…] la dépense publique reste importante, elle n’est simplement pas employée de la même façon, c’est-à-dire qu’elle est moins dépensée dans la sphère sociale et beaucoup plus dans la sphère dite régalienne. C’est d’ailleurs ce que défend le gouvernement français avec le budget 2020 puisqu’il demande et je le cite, le « réarmement de l’État régalien » par une augmentation du budget de la Défense, de l’Intérieur et de la Justice. L’augmentation du budget de la Justice, ce n’est pas pour les tribunaux, elle est au contraire concentrée sur la création de postes de gardiens de prisons. C’est une vision de l’État qui est punitive et vraiment régalienne au sens traditionnel du terme.

Le néolibéralisme fait sa grande entrée en France à l’occasion du revirement socialiste, peu après la première élection de François Mitterrand.

En 1983 tout ceci est abandonné et les élites de gauche deviennent néolibérales comme les élites de droite l’étaient depuis les années 1950. Il y a une unité des élites, et là se met en place ce que j’appelle une guerre sociale, entre des élites qui cherchent à imposer le plus de réformes néolibérales possible et un corps social qui lui résiste parce qu’il reste attaché à cet équilibre entre le capital et le travail.

Depuis lors, le corps social est sur la défensive et ne cesse de subir des reculs. Et depuis 2007, les présidents néolibéraux se succèdent, jusqu’au président actuel, qui arrive à constituer une base lui permettant de réformer sans contre-pouvoir.

À la différence des autres, il va constituer une base sociale qui est acquise à cette idée, constituée en fait de ceux que l’on appelle les « gagnants de la mondialisation », ou ceux qui croient l’être, ou ceux qui ont un intérêt à ce que la politique soit du côté du capital plutôt que du travail, ou qui s’identifient à cette politique pour de bonnes ou de mauvaises raisons. Ça représente à peu près un cinquième de l’électorat français, qui sait exactement ce qu’il veut : en bref, il veut les conclusions de la commission Attali.

Les réformes se suivent et se ressemblent : elles constituent toutes des régressions pour le corps social (réforme du code du travail, réforme de l’assurance chômage, réforme des retraites, maintient du déficit de la sécurité sociale, gel des APL…).

La seule fonction de cette réforme [des retraites], c’est de développer l’assurance retraite privée.

L’indicateur le plus inquiétant est l’indice de Gini, l’indicateur des inégalités.

[…] la réalité c’est que l’indice de Gini a augmenté comme jamais en France […]

La France est en train d’évoluer vers une “démocratie autoritaire”.

[…] une démocratie qui fonctionne a minima [et] en parallèle vous avez une répression policière, une répression d’État extrêmement forte pour dissuader le corps social de réagir aux réformes néolibérales.

Le néolibéralisme est en bout de course car il est incapable de répondre aux défis qui lui sont lancés aujourd’hui.

Quels sont les grands défis aujourd’hui ? La transition écologique, les inégalités et dans certains cas le rejet du consumérisme. Le néolibéralisme est incapable de répondre à ces défis-là. Il est même incapable de répondre au défi de la croissance économique puisqu’elle ne cesse de ralentir, que la croissance de la productivité ralentit elle aussi et que pour créer du profit il est en permanence obligé de comprimer le coût du travail. Va s’engager une fuite en avant du néolibéralisme qui va créer toujours plus d’inégalités et toujours plus de dégradations écologiques…

Nous allons donc au devant de toujours plus de contestation (du peuple) et de répression (de l’état).

Les gilets jaunes sont la première grande crise du néolibéralisme.

L’auteur imagine donc 3 issues possible à cette impasse.

À cela, vous avez trois réponses. La première réponse c’est de continuer comme avant, on ne s’occupe de rien et on va au désastre, vers une crise climatique et sociale aiguë et vers la confrontation. La deuxième réponse, c’est que face à ces désordres provoqués par la crise du néolibéralisme, celui-ci s’allie pour survivre avec des tendances fascistes ou autoritaires. […] On ne peut pas exclure de voir advenir, à droite de Macron, cette fusion entre les néolibéraux et les néofascistes. Face à la crise, le corps social réclamera de l’ordre et on entrera dans un régime autoritaire qui, économiquement, sera le sauvetage de l’ordre existant. Puis le troisième scénario, qui est plus hypothétique, c’est que l’on arrive à proposer autre chose, à sortir de ce cadre néolibéral.

Si le constat semble limpide, difficile alors de rester optimiste face à l’avenir de la France et de ce qu’il reste de sa démocratie.