si, c'est vrai !

l'ère de la finance autoritaire

Dans un article intitulé l’ère de la finance autoritaire, les auteurs analysent le financement des campagnes menées pour le maintien ou la sortie du Royaume Uni de l’Union Européenne. Il s’avère que les acteurs de la seconde financiarisation (celle qui englobe les secteurs de la gestion alternative d’actifs, du capital-investissement et des hedge funds) étaient largement en faveur du Brexit.

Le projet du Brexit n’est pas tant inspiré des idées néolibérales à la base de la construction européenne que de l’idéologie libertarienne. Le libertarianisme peut être défini comme une doctrine économique qui vise à limiter toute forme d’intervention étatique en dehors de la garantie de la propriété privée contre le collectivisme et l’étatisme.

Au-delà de la sortie de l’Union Européenne, c’est l’idée même de démocratie qui est menacée par les idées et les principes qui sous-tendent le Brexit.

Une classe que rien ne menace

Pour gouverner, les promoteurs de la seconde financiarisation semblent n’avoir plus besoin de la démocratie. Ils contredisent ainsi l’idée marxiste selon laquelle la république démocratique serait la forme de gouvernement la plus adaptée à la domination bourgeoise. Cela tient notamment à ce que ces nouveaux dominants ne sont pas menacés par une autre élite concurrente dans l’exercice du pouvoir. Au tournant du XIXe siècle, il était vital pour la bourgeoisie montante de se doter d’une légitimité autre que celle du sang face aux intérêts des groupes de féodaux et d’aristocrates, encore très populaires dans une partie des campagnes. La bourgeoisie avait à lutter contre la reconstitution possible de la coalition d’intérêts entre l’aristocratie terrienne et les classes paysannes, qui avait dominé durant presque mille ans. Dans ce contexte, la réinvention démocratique appuyée sur l’idée d’un peuple souverain soutenait la révolution bourgeoise. Mais, dans l’immédiat, la bourgeoisie n’est pas concurrencée par une autre classe candidate au pouvoir. Et, en l’absence de menace monarchique ou socialiste, a-t-elle encore intérêt à la démocratie ?

La vigilance est de mise, car la révolution libertarienne n’est pas terminée.