Dennis Meadows est l’un des auteurs du rapport Meadows commandé par le club de Rome. A l’occasion de la parution en français de la troisième édition du rapport, Dennis Meadows a accordé plusieurs interviews. Il affirme au cours de l’une d’elle que le scénario de l’effondrement l’emporte.
Il n’accorde aucun crédit à la notion d’économie verte qui est une expression vide de sens.
Il ne faut pas se leurrer : quand quelqu’un se préoccupe d’économie verte, il est plutôt intéressé par l’économie et moins par le vert. Tout comme les termes soutenabilité et développement durable, le terme d’économie verte n’a pas vraiment de sens. Je suis sûr que la plupart de ceux qui utilisent cette expression sont très peu concernés par les problèmes globaux. La plupart du temps, l’expression est utilisée pour justifier une action qui aurait de toute façon été mise en place, quelles que soient les raisons.
Il aborde ensuite une notion essentielle : la démographie.
La première chose à dire, c’est que les problèmes écologiques ne proviennent pas des humains en tant que tels, mais de leurs modes de vie. On me demande souvent : ne pensez-vous pas que les choses ont changé depuis quarante ans, que l’on comprend mieux les problèmes ? Je réponds que le jour où l’on discutera sérieusement de la démographie, alors là, il y aura eu du changement.
Finalement, il ne prédit ni plus ni moins que la fin de notre civilisation du fait de son caractère non durable.
Je vais vous expliquer ma philosophie : je n’ai pas d’enfants, j’ai 70 ans, j’ai eu une super vie, j’espère en profiter encore dix ans. Les civilisations naissent, puis elles s’effondrent, c’est ainsi. Cette civilisation matérielle va disparaître, mais notre espèce survivra, dans d’autres conditions. Moi, je transmets ce que je sais, si les gens veulent changer c’est bien, s’ils ne veulent pas, je m’en fiche. J’analyse des systèmes, donc je pense le long terme. Il y a deux façons d’être heureux : avoir plus ou vouloir moins. Comme je trouve qu’il est indécent d’avoir plus, je choisis de vouloir moins.
Le problème principal de notre civilisation, c’est qu’elle ne sait perdurer que dans la croissance perpétuelle, elle ne sait pas faire autrement et n’est donc pas adaptée à un monde aux ressources finies.
C’est fini, la croissance économique va fatalement s’arrêter, elle s’est déjà arrêtée d’ailleurs. Tant que nous poursuivons un objectif de croissance économique «perpétuelle», nous pouvons être aussi optimistes que nous le voulons sur le stock initial de ressources et la vitesse du progrès technique, le système finira par s’effondrer sur lui-même au cours du XXIe siècle. Par effondrement, il faut entendre une chute combinée et rapide de la population, des ressources, et de la production alimentaire et industrielle par tête. Nous sommes dans une période de stagnation et nous ne reviendrons jamais aux heures de gloire de la croissance.
Nous fêtons cette année les 40 ans du rapport Meadows. Nous n’avons pas su tirer parti de ces 4 décennies pour amorcer un changement significatif de notre civilisation vers la durabilité. Cet aveuglement s’explique simplement par l’adage suivant : “je crois ce que je vois, je vois ce que je regarde, je regarde ce que je veux”.