Dans un article intitulé fédéralisme à marche forcée, Serge Halimi dresse un tableau sans concession des “fédéralistes européens” :
Les grandes catastrophes encouragent les croyants les plus fervents à redoubler aussitôt de piété. Ainsi des fédéralistes européens : refusant de concevoir qu’on puisse un jour tourner le dos aux politiques d’intégration — monétaire, budgétaire, commerciale — qui ont aggravé la crise économique, ils souhaitent au contraire renforcer l’autorité de ceux qui les ont mises en œuvre. Les sommets européens, les pactes de stabilité, les mécanismes disciplinaires n’ont rien arrangé ? C’est, répondent invariablement nos dévots, parce qu’ils n’ont pas été assez loin : pour eux, toute réussite s’explique par l’Europe, et tout échec par le manque d’Europe.
Les crises provoquées aujourd’hui par leurs décisions d’hier servent leurs projets de demain :
Or les Cassandre d’aujourd’hui sont les béats d’hier. Instigateurs des politiques communautaires imposées au forceps depuis trente ans, ils ont célébré tour à tour le plus grand marché du monde, la monnaie unique, la « politique de civilisation » ; ignoré le verdict populaire sitôt qu’il leur était contraire ; détruit tout projet d’intégration qui aurait reposé sur le mieux-disant social, les services publics, des écluses commerciales aux frontières de l’Union. Minuit sonne, le carrosse devient citrouille ; ils oublient soudain leur allégresse d’antan et jurent nous avoir toujours alertés que cela ne marcherait jamais.
La dramatisation financière servira-t-elle de prétexte pour imposer un bond en avant fédéral sans le soumettre à la corde de rappel du suffrage universel ? Une Europe déjà mal en point peut-elle vraiment se permettre ce nouveau déni démocratique ?
Si l’Europe est le cheval de Troie qui entraînera l’abdication de la démocratie par abandon de la souveraineté, il serait plus sage de quitter le navire avant qu’il ne coule !