À quoi sert la critique des médias ? C’est la question que pose Serge Halimi dans le cadre de la première journée de la critique des médias.
Il cite dans cet article Françoise Giroud :
Journaliste, je dépends de ceux qui possèdent les journaux. Attendre des représentants du capital qu’ils vous fournissent gracieusement des armes - c’est-à-dire en l’occurrence des journaux - pour s’élever contre une forme de société qui leur convient, et une morale qui est la leur, cela porte un nom : l’imbécillité. Mais la plupart de ceux qui travaillent dans les grands journaux sont, en gros, d’accord avec cette société et cette morale. Ils ne sont pas achetés ; ils sont acquis. La nuance est importante. Ceux qui ne sont pas achetés peuvent, en théorie, créer d’autres organes pour exprimer leurs vues. En pratique, les fonds nécessaires à la création d’une telle entreprise ne se trouvent pas dans les poches des révolutionnaires.
Serge Halimi ajoute : “mais, depuis quinze ans, quelque chose d’autre s’est modifié. Les industriels et banquiers s’emparent de la presse même si ça ne leur rapporte plus rien”. Si le retour financier sur investissement n’est pas intéressant, le retour médiatique sur investissement l’est beaucoup plus : les journalistes acquis hésitent beaucoup plus à attaquer un grand propriétaire de presse, ou son groupe médiatico-financier.
De plus en plus, “des rapports étroits existent entre politiques et médias”. Et par conséquent, “la connivence, plus que la concurrence ou l’émulation, marquent le monde du journalisme”.
Sa proposition est d’aller plus loin que la critique en formulant des propositions irrécupérables, comme par exemple celle d’un projet pour une presse libre.