Dans un article intitulé changer de cible : comment obliger le CAC40 à débrancher Macron, Dominique Boullier prend acte que le rapport de force a changé et que le mode d’action syndical doit évoluer :
La proposition de grève générale ne prend pas pour une bonne raison : le rapport salarié au travail a changé et le rapport de forces a lui aussi basculé. En faveur du “patronat”, comme on dit ? Non, il faut être plus précis, en faveur du capital et plus particulièrement de la finance spéculative. Ce point de bascule s’est produit progressivement depuis 1980 mais il s’est accéléré depuis les années 2010 […]
Ce capitalisme financier veut l’écrasement des avantages acquis par le mouvement ouvrier et tente de faire disparaître :
- le salariat (intermittence, autoentrepreneuriat, actionnariat)
- les protections sociales (conditionnalité et surveillance des allocations diverses, guerre aux chômeurs, sabotage des retraites par répartition)
- les soutiens idéologiques de cette tradition historique (emprise sur les médias, disqualification des corps intermédiaires, mépris des syndicats)
Il préconise donc de réorienter l’action en direction des effets de réputation financière sur les firmes, leur effondrement réputationnel étant désormais leur principale faiblesse. Ces actions doivent être imprévisibles afin de générer de l’incertitude qui viendra amplifier l’effet de réputation, en nécessitant de protéger les points de visibilité (boutiques, agences) par des gardiens de l’ordre.
Cette ré-orientation consiste à prendre acte que le nouveau pouvoir est maintenant localisé dans les multinationale, et non plus dans les institutions politiques.