si, c'est vrai !

regardons plus loin

Jean-Claude Guillebaud, écrivain et journaliste, a publié un article intitulé regardons plus loin dans lequel il imagine un troisième tour électoral après les élections présidentielles. Ce troisième tour concocté par les marchés financiers serait calamiteux, quel que soit le candidat qui l’emporterait au second tour.

Que veut-on dire par là ? Que les agences de notation et les salles de marché peuvent parier sur une faiblesse de la France et organiser une attaque spéculative contre cette dernière. Il leur suffira de renchérir le taux d’intérêt demandé à notre pays pour faire grimper notre dette et boucher l’horizon. Ce risque-là, ce jeu à plusieurs inconnues, tous les candidats l’ont intériorisé. Quelles sont les inconnues de cette fatale équation ?

La première inconnue de cette équation est la dette dont le remboursement des intérêts pèse sur le budget de l’état. Cela conduit les programmes électoraux des candidats à proposer de réduire les dépenses de l’état ou d’augmenter les recettes fiscales (ou les deux).

Mais la deuxième inconnue est autrement plus intéressante :

Les marchés financiers, eux, ne s’y trompent pas : ils craignent une récession résultant d’une austérité qui ne serait pas accompagnée de croissance.

Voilà donc la deuxième inconnue de l’équation. C’est à son propos que nos candidats sont le plus embarrassés. Aucun n’ose dire à voix haute ce qu’on murmure un peu partout : la croissance ne reviendra plus en Europe. Avec ou sans l’austérité, nous sommes condamnés à une croissance minimale, voire nulle. La vraie question devient celle-ci : cette croissance envolée, au fond, était-elle si souhaitable ? D’un point de vue arithmétique, sans doute. Mais pour le reste ? Écologiquement, humainement, qui oserait prétendre que la fuite en avant consumériste, productiviste et gaspilleuse correspond encore à un dessein historique raisonnable ? Est-ce le monde que nous voulons construire ? Les vrais réalistes ne seraient-ils pas ceux qui proposent de changer la règle d’un jeu devenu perdant : vivre autrement, imaginer une autre société, promouvoir d’autres rapports humains.

Il conclut par cette phrase chargée à la fois d’espoir et d’inquiétude : “ces questions fondamentales nous attendent de pied ferme”.