Dans un article intitulé le chômage, M. Hollande et M. Sarkozy, Jacques Sapir analyse l’évolution du chômage en France, durant les mandats de M. Sarkozy puis de M. Hollande.
Il note en premier lieu l’absence de statistiques précises sur les radiations de demandeurs d’emploi alors que cela devrait être une statistique facile à calculer du fait qu’une radiation est une action volontaire d’une administration. Une telle statistique ne consisterait finalement qu’à effectuer une addition.
En l’absence de statistiques précises sur les radiations de demandeurs d’emploi, on est réduit à recourir à des estimations, qui donnent environ 300 000 personnes victimes d’une radiation administrative alors qu’elle est toujours sans emploi.
Mais le point important réside dans le fait que la seconde vague de hausse du chômage - depuis mai 2011 - n’est pas la conséquence de la crise financière de 2008, mais est liée à la politique d’austérité décidée par le gouvernement, en accord avec les instances européennes.
Si cette politique est l’oeuvre du gouvernement précédent, elle perdure avec le gouvernement actuel.
Une première observation est alors possible. La hausse du chômage que nous connaissons actuellement n’est pas la conséquence de la crise financière de septembre 2008. Les effets de cette dernière, qui furent très importants, ne se sont faits sentir que jusqu’en mai 2010. La hausse du chômage actuelle est liée à autre chose : ce que l’on a appelé « l’Euro-Austérité ». On voit bien que le nombre des demandeurs d’emplois augmente régulièrement depuis mai 2011. Le tournant vers l’Euro-Austérité n’a pas été pris par le gouvernement actuel mais par l’ancien gouvernement.
Mais, cette observation en appelle une deuxième. La politique menée par le président actuel, M. François Hollande et par ses deux premiers ministres successifs (MM. Ayrault et Valls) n’a marqué aucune rupture avec l’ancienne politique. Au contraire, elle l’approfondit et l’aggrave, ce qui se traduit par une hausse quasi continue du nombre des demandeurs d’emplois. La politique actuelle est bien ce que l’on peut appeler une « politique de droite ».
Les statistiques du chômage de mai 2014 indiquent que le total des chômeurs (toutes catégories incluses : A, B, C, D, E) en comptant les personnes radiées de Pôle Emploi (sur la base d’une estimation, en l’absence de statistiques officielles) représente 21,6 % de la population active.
Ainsi, une personne active sur cinq est soit au chômage, soit dans une situation d’extrême précarité. Telle est la situation réelle en France, après trois ans d’Euro-austérité.
Le fait qu’un cinquième de la population active soit en réalité inactive est le signe d’une société dysfonctionnelle.
Le fait qu’un gouvernement à majorité socialiste pratique une politique de droite est la marque d’un système politique dysfonctionnel.