si, c'est vrai !

classe sans risque

Dans un article intitulé classe sans risque, l’auteur revient sur le mouvement Occupy Wall Street et sur le slogan principal de ce mouvement :

Ce que nous avons tous en commun, c’est que nous sommes les 99 % qui ne tolèrent plus l’avidité et la corruption des 1 % restant.

Mais à se focaliser sur les 1 % les plus riches, on oublie que les 99 % les moins riches comportent quand même des très riches qui devront abandonner une partie de leurs richesses et de leurs privilèges si on souhaite vraiment diminuer les inégalités.

Les inégalités sociales sont devenues un sujet politique brûlant. Trop souvent, pourtant, les débats qu’elles alimentent restent focalisés sur les 1 % d’Américains les plus fortunés, comme si les 99 % du « bas » formaient un groupe homogène. Il n’est pas rare que les détracteurs les plus véhéments du petit club juché au sommet de la pyramide appartiennent aux classes sociales qui en sont les plus proches : plus d’un tiers des manifestants qui ont défilé le 1er mai 2012 à l’appel du mouvement Occupy Wall Street disposaient d’un revenu annuel supérieur à 100 000 dollars. Une partie considérable de l’énergie politique mobilisée à gauche par M. Bernie Sanders et à droite par le Tea Party provient également des classes moyennes supérieures. L’attention obsessionnelle prêtée au faste des super-riches permet aux élites jouissant d’une richesse un peu moins colossale d’esquiver la question de leurs propres privilèges.

S’attaquer aux 1 % les plus riches est un choix stratégique pour ratisser au plus large parmi les forces sociales en présence.

On devine sans peine pourquoi Murray nous témoigne autant de bienveillance. Après tout, c’est nous qui lisons ses livres et qui avons vocation à suivre ses conseils. Si vous souhaitez bâtir une force politique destinée à changer le pays, il n’est pas sage de vous attaquer à un électorat aussi tentaculaire que les classes moyennes supérieures. Mieux vaut prendre pour cible un groupe plus clairsemé ou qui n’a pas son mot à dire. C’est la raison pour laquelle les conservateurs accusent les pauvres et les immigrés de tous les maux, tandis que la gauche va répétant que c’est les 1 % de super-riches qui ruinent l’Amérique. Dans tous les cas, les classes moyennes supérieures gardent l’assurance de passer entre les gouttes. Or la crainte paralysante d’effaroucher cette force sociale lui permet de continuer à prospérer pendant que la majorité fait face à des difficultés croissantes. Admettre cette réalité est une première condition pour créer un climat politique propice à un changement réel.

Réduire les inégalités nécessite que beaucoup de gens fassent des efforts, et pas seulement les 1 % les plus riches.