Dans un article intitulé surprise : depuis 2013, le CICE a créé seulement 100 000 emplois… qui ont chacun coûté 900 000 euros au contribuable, on découvre que le coûteux CICE n’a pas été en mesure de créer le million d’emplois promis par le MEDEF.
En 2018, le mouvement des gilets jaunes réclame l’abrogation du CICE, car 20 milliards d’euros par an partent en fumée sans effet notable sur l’emploi. Il y a de quoi écoeurer les gens à qui l’on demande des comptes sur l’usage de leurs aides sociales de quelques centaines d’euros. Hélas en vain : le projet de loi de financement de la Sécurité sociale de l’automne 2018 (voté pendant le mouvement des gilets jaunes donc) comporte une “transformation” du CICE en exonération pérenne de cotisations sociales patronales. “Le CICE n’existe plus”, disent alors les macronistes en réponse aux gilets jaunes. Sauf que le principe est exactement le même : 20 milliards d’euros sont distribués chaque année aux entreprises privées, non plus sous forme de crédit d’impôt mais d’exonérations de cotisations sociales. Ce qui, dans le fond, est encore pire, car on permet aux employeurs de ne plus cotiser pour la Sécurité sociale de leurs salariés. Tout un symbole.
L’année 2019, c’est bien celle du double jackpot. Les entreprises ont touché les 20 milliards du CICE, pour la dernière fois, PLUS les 20 milliards du dispositif qui le remplace.
Le fonctionnement du CICE s’apparente bien à un pillage des finances de l’état républicain, avec l’approbation de ceux qui en sont à la tête.
France Stratégie, ancien commissariat au Plan devenu, début des années 2000, un centre d’évaluation des politiques publiques (géré et payé par le gouvernement donc), a sorti ses conclusions pour la période 2013-2013 : en cinq ans, le CICE a créé 100 000 emplois. C’est mieux que rien, non ?
Sauf que cinq ans de CICE, c’est 100 milliards d’euros. Soit entre 900 000 et 1 millions d’euros l’emploi. On aurait pu recruter des soignant.e.s, du personnel pour les EPHAD, investir dans nos écoles, nos hôpitaux – et on aurait été moins dans la merde face à l’épidémie de coronavirus, au hasard… Mais non. On a créé avec ça de l’emploi potentiellement précaire, inutile voire nocif (combien de responsables des ressources humaines et de chefs de produits marketings ?). On aurait pu créer des emplois afin de réaliser une réelle transition écologique massive. On aurait pu également sortir toute une partie des gens de la misère. On aurait pu financer une réduction du temps de travail. On aurait pu combler 25 fois le déficit annuel de la Sécu, ce fameux “trou” dont on nous rebat les oreilles pour nous dire que c’est terrible parce qu’il n’y a pas “d’argent magique” et qu’on doit donc tailler dans les effectifs et réduire les prestations sociales.
Autrement dit : l’argent est là. Il suffirait de l’orienter dans le sens de l’intérêt général…