si, c'est vrai !

chiffres tronqués pour idée interdite

Gilles Ardinat illustre dans son article intitulé chiffres tronqués pour idée interdite à quel point les chiffres ne parlent pas d’eux-même. En réalité, ce qu’ils veulent bien dire dépend de ce que on veut leur faire dire.

Il prend l’exemple d’un indicateur appelé le taux d’ouverture - censé représenter l’ouverture d’un pays au commerce international - et montre que l’indicateur ne fait pas sens et conduit à une vision biaisée de la situation.

Une question se pose : l’indicateur choisi est-il fiable ? En effet, les exportations se libellent en prix de vente, alors que le PIB additionne des valeurs ajoutées. Cette différence est fondamentale, car un produit consommé à l’étranger est comptabilisé en fonction de son prix, alors que ce même produit, consommé en France, n’est envisagé que par la marge qu’il dégage. A l’échelle d’un magasin, cela reviendrait à mélanger le prix d’étiquetage d’un produit et la marge brute réalisée par la boutique. Or, si tout consommateur comprend aisément la différence entre le chiffre inscrit sur son ticket de caisse et la marge du commerçant, les grands observateurs de la mondialisation confondent les deux données. En conséquence, le taux d’ouverture surestime le poids des exportations dans l’activité économique. Un biais statistique qui fausse considérablement le débat sur le protectionnisme.

La faille de raisonnement ayant conduit à imaginer cet indicateur apparaît clairement lorsque le taux d’ouverture de certains pays dépasse amplement le taux de 100 % !

Ainsi le chiffre de 25 % constitue-t-il, au mieux, une contrefaçon. Cette aberration statistique est flagrante dans le cas de petits pays très mondialisés. Le taux d’ouverture de Singapour, par exemple, dépasse très largement les 100 %, ce qui revient à suggérer que ce pays exporterait plus qu’il ne produit. Selon l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), le montant de ses exportations s’est élevé à 357,9 milliards de dollars en 2009, pour un PIB de 182,2 milliards de dollars, induisant un taux d’ouverture de 196,4 % !

Cet artifice comptable a pour effet de surestimer le poids du commerce international dans l’activité économique nationale, et tend à montrer que toute forme de protectionnisme serait dangereuse pour nos emplois.

Gilles Ardinat estime que de tels indicateurs ont manifestement pour vocation d’interdire la discussion.