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élections : faiblesses et perspectives, partie 2

La manière de présenter les résultats d’une élection n’est pas anodine.

Le précédent billet de cette série, intitulé élections : faiblesses et perspectives, partie 1, visait à introduire les principales notions nécessaires pour analyser la manière de présenter les résultats d’une élection et estimer les chiffres concernant la non-inscription et les étrangers en France

Examinons maintenant les résultats du premier tour de l’élection présidentielle française de 2011 et voyons comment il est possible de modifier la perception des résultats de l’élection rien qu’en modifiant la manière de les présenter.

les résultats bruts

Lors du premier tour de l’élection présidentielle française de 2011, François Hollande est arrivé en tête avec 28,63 % des voix tandis que Nicolas Sarkozy a recueilli 27,18 % des voix.

Les résultats officiels du premier tour de l’élection présidentielle française de 2011 ont été publiés par le conseil constitutionnel et sont consultables dans la déclaration du 25 avril 2012 relative aux résultats du premier tour de scrutin de l’élection du président de la république.

On pourrait penser que les deux candidats qui peuvent se maintenir au second tour de l’élection du président de la république - François Hollande et Nicolas Sarkozy - bénéficient d’une certaine légitimité en recueillant à eux deux plus de 55 % des voix. Pourtant, l’apparente légitimité de ces deux candidats s’estompe rapidement si on présente différemment les résultats de l’élection.

En effet, le conseil constitutionnel calcule la répartition des votes sur la base des suffrages exprimés, excluant ainsi les votes blancs, nuls et l’abstention.

faiblesses

les votes blancs et nuls

L’absence de prise en compte des votes blancs et nuls est une critique fréquemment adressée au système électif français. Voici à quoi ressemblerait les résultats de cette élection si on considérait comme vote exprimé les 701 190 bulletins ayant été comptabilisés comme un vote nul.

En tenant compte des votes blancs et nuls, la somme des deux candidats en tête passe en dessous des 55 %.

l’abstention

L’absence de prise en compte de l’abstention est également une critique fréquemment adressée au système électif français. Voici à quoi ressemblerait les résultats de cette élection si on considérait comme vote exprimé les 9 444 143 personnes s’étant abstenues.

En tenant compte de l’abstention, la somme des deux candidats en tête passent sous les 44 %.

les non-inscrits

Les votes blancs ou nuls et l’abstention ne concernent que les inscrits sur les listes électorales. Or il y a de très nombreuses personnes qui ne sont pas inscrites sur les listes électorales. Dans le billet précédent, on estimait leur nombre à 3 millions. Voyons à quoi ressemblerait les résultats de cette élection si on considérait comme vote exprimé les 3 000 000 de personnes non-inscrites sur les listes électorales.

En tenant compte des non-inscrits, qui ne sont pas décomptés dans les abstentionnistes, la somme des 2 candidats en tête passe sous les 41 %.

les étrangers

Pourquoi ne pas poursuivre la démarche et imaginer qu’on ouvre le vote aux étrangers, ceux qui sont installés en France, qui y vivent, qui y travaillent, qui y payent des impôts. Dans le billet précédent, on estimait leur nombre à plus de 3 millions. Voyons à quoi ressemblerait les résultats de cette élection si on donnait le droit de vote aux étrangers et si considérait comme vote exprimé les 3 268 562 d’étrangers ne pouvant pas voter.

En tenant compte des étrangers, qui ne sont pas décomptés dans le corps électoral, la somme des 2 candidats en tête passe sous les 39 %.

bilan

En regroupant dans une même catégorie tous les personnes n’ayant pas voté pour un des 2 candidats en tête (vote blancs ou nuls, abstention, non-inscrits, étrangers), on crée une catégorie fictive qui totalise à elle seule plus de 61 %.

Les résultats des élections sont souvent présentés de manière triomphante pour les candidats en tête. Il serait cependant opportun de rester humble et de souligner que ces candidats sont souvent loin d’avoir la légitimité qu’ils revendiquent.

Nous verrons dans le dernier billet de la série d’autres mécanismes électoraux qui pourraient contrer les travers abordés ci-dessus. Mais avant d’évoquer des perspectives différentes, intéressons-nous au second tour de l’élection présidentielle de 2011 dans un billet intitulé élections : faiblesses et perspectives, partie 3.