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élections : faiblesses et perspectives, partie 3

La manière de présenter les résultats d’une élection n’est pas anodine.

Le précédent billet de cette série, intitulé élections : faiblesses et perspectives, partie 2 présentait les résultats du premier tour de l’élection présidentielle française de 2011, et relativisait ces résultats en les présentant sous d’autres angles.

Examinons maintenant les résultats du second tour de l’élection présidentielle française de 2011 et voyons comment modifier la perception des résultats de l’élection en modifiant la manière de les présenter.

les résultats bruts

Lors du second tour de l’élection présidentielle française de 2011, François Hollande a été élu avec 51,64 % des voix tandis que Nicolas Sarkozy a recueilli 48,36 % des voix.

Les résultats officiels du second tour de l’élection présidentielle française de 2011 ont été publiés par le conseil constitutionnel et sont consultables dans la décision du 10 mai 2012 portant proclamation des résultats de l’élection du président de la république.

On pourrait penser que François Hollande bénéficie d’une certaine légitimité en recueillant plus de 51 % des voix. Pourtant, l’apparente légitimité de François Hollande s’estompe rapidement si on présente différemment les résultats de l’élection.

En effet, le conseil constitutionnel calcule la répartition des votes sur la base des suffrages exprimés, excluant ainsi les votes blancs, nuls et l’abstention.

faiblesses

les votes blancs et nuls

L’absence de prise en compte des votes blancs et nuls est une critique fréquemment adressée au système électif français. Voici à quoi ressemblerait les résultats de cette élection si on considérait comme vote exprimé les 2 154 956 bulletins ayant été comptabilisés comme un vote nul.

En tenant compte des votes blancs et nuls, chacun des deux candidats passe sous les 50 %.

l’abstention

L’absence de prise en compte de l’abstention est également une critique fréquemment adressée au système électif français. Voici à quoi ressemblerait les résultats de cette élection si on considérait comme vote exprimé les 9 049 998 personnes s’étant abstenues.

En tenant compte de l’abstention, chacun des deux candidats passe sous les 40 %.

les non-inscrits

Les votes blancs ou nuls et l’abstention ne concernent que les inscrits sur les listes électorales. Or il y a de très nombreuses personnes qui ne sont pas inscrites sur les listes électorales. Dans un billet précédent, on estimait leur nombre à 3 millions. Voyons à quoi ressemblerait les résultats de cette élection si on considérait comme vote exprimé les 3 000 000 de personnes non-inscrites sur les listes électorales.

En tenant compte des non-inscrits, qui ne sont pas décomptés dans les abstentionnistes, François Hollande est maintenant à environ 36 % des votes tandis que Nicolas Sarkozy est à environ 34 % des votes.

les étrangers

Pourquoi ne pas poursuivre la démarche et imaginer qu’on ouvre le vote aux étrangers, ceux qui sont installés en France, qui y vivent, qui y travaillent, qui y payent des impôts. Dans un billet précédent, on estimait leur nombre à plus de 3 millions. Voyons à quoi ressemblerait les résultats de cette élection si on donnait le droit de vote aux étrangers et si considérait comme vote exprimé les 3 268 562 d’étrangers ne pouvant pas voter.

En tenant compte des étrangers, qui ne sont pas décomptés dans le corps électoral, François Hollande est maintenant à environ 34 % des votes tandis que Nicolas Sarkozy est à environ 32 % des votes.

bilan

En regroupant dans une même catégorie tous les personnes n’ayant pas voté pour un des deux candidats (vote blancs ou nuls, abstention, non-inscrits, étrangers), on crée une catégorie fictive qui arrive au coude à coude avec le candidat élu, avec une différence de moins de 30 000 voix, soit moins que l’épaisseur du trait étant donné les approximations que nous avons adoptées plus tôt dans cet article.

Les résultats des élections sont souvent présentés de manière triomphante pour le candidat élu. Il serait cependant opportun de rester humble et de souligner que le candidat élu est souvent loin d’avoir la légitimité qu’il revendique.

Examinons d’autres mécanismes électoraux qui pourraient contrer les travers abordés ci-dessus dans le dernier billet de la série intitulé élections : faiblesses et perspectives, partie 4.