si, c'est vrai !

quand les actionnaires accaparent 60% des bénéfices des entreprises

Alors que la compétitivité des entreprises est souvent au coeur des débats politiques et le prétexte bien commode à des réformes, un article intitulé quand les actionnaires accaparent 60% des bénéfices des entreprises pose une question essentielle à mettre en regard de la question du coût du travail :

Combien coûte la rémunération du capital pour les entreprises cotées ?

La question centrale est la suivante : est-ce que les actionnaires sont là pour fragiliser l’entreprise en ponctionnant son capital, ou bien sont-ils là pour aider au développement et à la mise en place d’une stratégie de conquête ?

Rémunérer fortement le capital, c’est se priver de financements qui auraient pu bénéficier à la recherche, à de nouvelles stratégies industrielles, à la réduction des impacts environnementaux ou à l’amélioration des conditions de travail.

Au delà des déclarations d’affichage qu’une direction peut affirmer aux salariés, regarder les actes met en lumière quelle est la première priorité de la direction d’une entreprise.

Cela permet de donner une idée des choix des dirigeant d’entreprise : favoriser la rentabilité financière à court terme ou consacrer davantage de bénéfices à de nouveaux investissements futurs.

Mais à trop ponctionner le capital de l’entreprise, l’actionnaire risque de trop fragiliser l’entreprise.

pourquoi évoquer la décroissance fait peur

Dans un article intitulé avez-vous un emploi “à la con” ?, Gilles Raveaud explore les dysfonctionnements d’un système capitaliste.

Au lieu d’utiliser les gains de productivité pour réduire le temps de travail, un système capitaliste tente de maintenir ou d’augmenter la quantité de travail, quitte à provoquer la création d’emplois inutiles.

C’est pour cela que le discours sur la décroissance fait flipper tellement du monde : si les emplois “à la con” ont une efficacité dans notre système économique, ils n’en ont aucune en-dehors de celui-ci. C’est toute la différence avec les activités réellement productives, de l’agriculteur à l’ouvrier en passant par le médecin. Un emploi est donc plus ou moins “con” suivant le contexte dans lequel il est exercé.

En remettant en cause ces emplois inutiles, le discours sur la décroissance fait peur à ceux qui profitent aujourd’hui d’un emploi inutile mais bien rémunéré.

comment combattre les inégalités ?

Alors que la question du partage des richesses devient cruciale, Thomas Piketty se demande comment combattre les inégalités ?

Il apporte quelques éléments de réponse en s’intéressant en premier lieu à l’héritage qui reste une forte inégalité de naissance.

[…] au début du XIXe siècle, la seule façon d’atteindre la véritable aisance, c’est de mettre la main sur un patrimoine. Le travail, les études et le mérite ne ­mènent à rien. […] On ne conseillerait pas aujourd’hui à un jeune Rastignac de tout miser sur le mariage, n’est-ce pas ? La société semble plus méritocratique qu’au XIXe… Mais jusqu’à quel point ? C’est une des questions auxquelles j’essaie de répondre. Aujourd’hui, avec un capital de 10 millions d’euros et un rendement de 5 % (c’est-à-dire 500 000 euros de rente par an), vous êtes tranquille. La fortune du père Goriot, transposée de nos jours, c’est 30 millions d’euros ! Pareils héritages existent, mais ils sont moins nombreux qu’au XIXe siècle. En revanche, on trouve plus de « moyens rentiers » : 10 % des Français héritent de plus ou moins 1 million. Une forme d’inégalité apparemment moins violente qu’au temps de Balzac, mais tout de même brutale. Ces 10 % de la population reçoivent en effet davantage, en héritage, que ce que 50 % des Français, payés au smic, gagneront tout au long d’une vie de labeur, à savoir 700 000 euros.

Il semble en effet injuste que pour 10 % de la population, l’héritage représente davantage qu’une vie entière de labeur payée au smic.

Mais si le rendement du capital a diminué après la seconde guerre mondiale, c’est parce que les politiques publiques menées après 1945, en particulier celles du conseil national de la résistance, avaient pour objectif de diminuer les inégalités en redonnant la primauté du travail sur le capital.

Appliqué aux années 1950 à 1980, le discours de Vautrin est en effet inopérant. Pour la première fois peut-être de l’histoire, le niveau de vie des 10 % des salariés les mieux payés est plus élevé que celui des 10 % des héritiers les mieux lotis : les meilleurs salaires rapportent plus que les meilleurs rendements du capital. Attention toutefois aux illusions. […] ce ne sont pas les cadres qui sont passés au-dessus des rentiers, mais les rentiers qui sont passés en dessous des cadres, à cause de la chute des hauts revenus du capital. Les politiques publiques menées après 1945 expliquent en grande partie ce retournement. Blocage des loyers, nationalisations, forte augmentation des impôts successoraux : l’Etat s’est employé à réduire l’emprise du capital privé sur la société. Partout en Europe, on retrouve la même défiance vis-à-vis du capital privé et des marchés boursiers – autrement dit, du capitalisme et du laisser-faire du XIXe siècle.

Malgré ces politiques publiques volontaristes, dans les économies de faible croissance que nous connaissons aujourd’hui, le capital reste plus productif que le travail.

[…] ce creusement des inégalités est en partie mécanique : dans les sociétés qui connaissent une croissance lente – entre 1 % et 2 %, comme chez nous –, le capital accumulé dans le passé prend rapidement une importance démesurée. On peut dire que « le passé dévore l’avenir », car le patrimoine fait des petits plus vite que le travail. Celui qui n’a que son salaire pour s’enrichir se retrouve dans une situation très défavorable par rapport à celui qui hérite. Cette inégalité fondamentale, qui fut celle de toutes les sociétés du passé jusqu’à la Grande Guerre, est de retour.

Les inégalités de patrimoine sont fortes en France. Les revenus du travail ne permettent pas de compenser ces inégalités de patrimoine car les inégalités de revenu sont fortes elles aussi et les améliorations de revenu ne profitent qu’aux plus hauts revenus.

Deux chiffres disent bien l’inégalité en France : 10 % des Français détiennent entre 60 % et 65 % du patrimoine hexagonal. Et 50 % ne possèdent strictement aucun capital…

Les revenus du travail ne compensent pas ce décrochage ? Non, car on observe un nouveau phénomène : le décollage des plus hautes rémunérations – les cadres dirigeants et supérieurs des grosses entreprises –, alors que le salaire des cadres moyens, lui, stagne depuis trente ans. Savez-vous qu’entre 1980 et 2013 les deux tiers de la croissance américaine en matière de revenus et de salaires ont été happés par les fameux « 1 % » les plus riches de la population dénoncés par Occupy Wall Street ? Ajoutez à cela la hausse vertigineuse des droits d’inscription dans les universités les plus cotées – aux Etats-Unis, bien sûr, mais aussi en France, comme on le voit avec Sciences-Po –, et vous construisez une société dans laquelle les inégalités se reproduisent d’une génération sur l’autre. A Harvard, le revenu moyen des parents d’élèves correspond exactement à celui des 2 % des Américains les plus riches ! A Sciences-Po, c’est celui des 10 % des familles françaises les plus aisées.

Cette situation tend à maintenir le même ordre social d’une génération à la suivante et la prolongation tendancielle du creusement de ces inégalités montrent que cela débouche sur une situation insoutenable. La question est de savoir comment on souhaite sortir de ce cercle infernal.

Comment réparer le système ? En prenant conscience qu’il est malade : si vous prolongez la tendance actuelle jusqu’aux années 2040 ou 2050, les inégalités deviennent insoutenables. Même les plus fidèles défenseurs du marché devraient s’en inquiéter. Aussi concurrentiel soit-il, ce marché n’empêchera pas, dans les décennies à venir, le rendement du capital d’être supérieur au taux de croissance, et donc les inégalités de se creuser, mécaniquement. Avec le risque qu’un repli national brutal – nationalisme politique ou protectionnisme exacerbé – finisse par servir de soupape de sécurité aux tensions sociales. J’espère que nous aurons retenu les leçons du XXe siècle.

La proposition de Thomas Piketty est simple mais fera hurler ceux qu’elle vise : étendre et systématiser l’impôt sur le capital (extension de l’impôt sur la fortune).

Je propose une idée simple : l’instauration d’un impôt progressif sur le capital, complémentaire de l’impôt progressif sur le revenu. Il ressemblerait à l’ISF (impôt sur la fortune) : on paye par tranches en fonction de son patrimoine. Mais il serait beaucoup plus systématique et progressif. Entre 1 et 2 millions, vous payez 1 % ; entre 2 et 10 millions, vous payez 2 %… et jusqu’à 5 % ou 10 % sur les patrimoines de plusieurs milliards. Taxer le capital, donc, non pas pour se venger des plus riches, comme le craignent certains, mais pour éviter que les plus hauts patrimoines ne progressent, structurellement, trois ou quatre fois plus vite que l’économie. Et pour garder le contrôle d’une dynamique mondiale explosive.

Pour une société solidaire plutôt qu’une société segmentée, il importe de donner du sens aux inégalités.

Or, en démocratie, donner un sens aux inégalités, c’est vital : elles ne sont acceptables que si elles sont justifiées, comme il est dit d’ailleurs dans l’article 1 de la Déclaration des droits de l’homme de 1789 : « Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. » « Utilité commune » signifie, tout simplement, qu’il n’y a pas plus d’inégalités que ce qui est strictement nécessaire à l’intérêt de tous. Pour atteindre cet idéal, chacun doit se réapproprier l’économie : nous sommes tous concernés.

Le but n’est pas forcément d’aboutir à une société égalitaire, mais plutôt à une société équitable.

petit guide d'autodéfense en temps de réforme des retraites

L’avenir de nos retraites n’est pas une question anecdotique, ni une affaire d’experts. Il s’agit d’un choix de société qui nous concerne toutes et tous, jeunes et vieux, femmes et hommes, salarié.e.s, indépendant.e.s, précaires ou chômeuses et chômeurs.

Au moment où le gouvernement annonce une nouvelle réforme des retraites qui s’inscrit dans la continuité des réformes précédentes menées par la droite, et où les experts du MEDEF nous expliquent qu’il n’y a pas le choix, il est essentiel que les citoyen.ne.s aient toutes les cartes en main pour permettre un véritable débat de société.

Ce petit guide d’autodéfense en temps de réforme des retraites publié par Attac a pour vocation de déconstruire les idées toutes faites ressassées à longueur d’antenne dans les grands médias, et de montrer que d’autres perspectives sont possibles pour sortir de l’impasse et financer des retraites de qualité et solidaires.

une société salariale segmentée qui menace la démocratie

Pourquoi est-il nécessaire de se pencher sur la question du partage des richesses ?

Parce qu’une société segmentée représente une menace pour la démocratie.

La démocratie nécessite de la cohésion, une volonté de vivre ensemble. Or plus les écarts de richesse s’agrandissent, moins la cohésion est forte.

Dans un article intitulé une société salariale segmentée qui menace la démocratie, Richard Sobel affirme que la réforme actuelle des retraites ne vise pas à remplacer un mode de retraite par un autre (retraite par répartition remplacée par la retraite par capitalisation), mais plutôt à diviser le salariat en deux catégories. Les tenants de la retraite par capitalisation (d’inspiration individualiste) auront alors déjà gagné.

Aujourd’hui, une nouvelle séquence de la « réforme » s’ouvre (après celles de 1993, de 2003 et de 2010), la première sous un gouvernement de gauche. Pour les élites politico-économiques et leurs relais médiatiques, il s’agit d’un nouvel épisode de l’adaptation nécessaire de notre modèle social aux contraintes de la démographie et de l’économie mondialisée. Pesant discours du « raisonnable » qui masque le fond de l’affaire, l’affaiblissement politique du monde du travail et la reprise en main, par la logique rentière et son marketing néolibéral, de la dynamique de nos sociétés. La société salariale n’était donc pas la fin de l’histoire, mais un simple armistice dans la lutte des classes. À ceci près que la contre-offensive est insidieuse ; si elle dispose d’acteurs conscients et de pédagogues zélés, elle est aussi portée par des gens sincères, mais intellectuellement désarmés, qui pensent vraiment « sauver ce régime par répartition auquel les Français sont si attachés ». En privilégiant l’allongement de la durée de cotisation, toutes les réformes vont dans le même sens : globalement, les salariés liquideront leur droit à la retraite de plus en plus tard, et verront – allongement des études, précarisation des carrières, stagnation des salaires et chômage structurel aidant – le montant de leur pension de répartition baisser. Ce qui se dessine, ce n’est pas la substitution complète de la capitalisation (dispositif « individualiste » qui a les faveurs idéologiques du social-libéralisme dominant) à la répartition (dispositif « collectiviste » qui a l’énorme défaut de montrer que le monde du travail peut parfaitement se passer des marchés financiers), substitution de toute façon impossible à court terme. Mais le démantèlement du socle unificateur de notre système, le régime par répartition, et donc, progressivement, la fin de la dynamique d’intégration salariale.

Les institutions du monde du travail ne se sont pas construites en un jour et ne se détruiront pas en une nuit. Mais, à terme, ce qui menace, dans ce domaine comme dans bien d’autres (assurance maladie, services publics), c’est une société salariale segmentée, et donc une démocratie menacée. La minorité des salariés pouvant épargner suffisamment se tournera de plus en plus vers la capitalisation qui, de complément qu’elle est encore pour l’essentiel, pourrait devenir la norme de cette couche néorentière en voie d’autonomisation complète. La masse du salariat s’appauvrira, condamnée à une pension de répartition se réduisant comme peau de chagrin dès lors que persisteront le chômage structurel, le sous-emploi et la précarité. La frontière entre pension de répartition et minimum vieillesse s’affaiblissant, cela nourrira le ressentiment des couches salariales fragilisées et constituera un coin sur lequel les démagogues libéraux, au nom de la « France qui se lève tôt », pourront venir appuyer pour stigmatiser « l’assistanat ». Bref, la socialisation du salaire se délitera en deux figures régressives pour le monde du travail, la rente comme modèle et l’allocation comme stigmate.

“Diviser pour mieux régner”, le vieil adage est toujours d’actualité.

salariés et retraités en ligne de mire

Dans un article intitulé salariés et retraités en ligne de mire, Martine Bulard effectue une mise au point et s’applique à relativiser les ordres de grandeur.

Avant même d’entrer dans le détail des mesures, on peut s’interroger sur la dramatisation des déficits et l’inquiétude permanente instillée dans les têtes. Certes le trou existe, mais il n’est pas abyssal : 4,5 milliards d’euros sur 98 milliards de cotisations versées. Il est principalement dû à la récession (et non à un problème structurel). D’ici 2020, il tutoiera 1 % du produit intérieur, soit un peu plus de 20 milliards. C’est l’équivalent de ce que le gouvernement vient d’offrir sur un plateau au patronat au nom du plan compétitivité. Sans obligation aucune pour les dirigeants d’entreprise en matière d’emploi, de salaire ou même de formation. Sans que la question du financement n’ait troublé qui que ce soit. Ce qui est possible pour les patrons ne l’est plus pour les salariés ou les retraités ?

Nul ne nie l’augmentation du nombre de personnes de plus de 65 ans. Mais la vague grise n’a rien d’une déferlante : nous ne sommes ni en Allemagne ni au Japon. D’une part, la France a une démographie dynamique et disposera donc à l’avenir d’une population active en augmentation. D’autre part, elle connaît une productivité du travail parmi les plus élevées du monde. Si, comme on nous le répète souvent, il y avait effectivement 2,5 actifs pour 1 retraité en 1970 contre 1,5 actif d’ici 2020, ce dernier produit aujourd’hui plus que les 2,5 d’antan. Du point de vue des richesses disponibles pour les retraites, il n’y a donc pas de pénurie. Contrairement à ce que prétendent les apôtres de l’apocalypse, l’actif de demain ne sera pas pressuré par les vieux à venir.

Elle critique au passage le cadeau fiscal offert au patronat et montre au passage que la crise sert de prétexte à une réforme structurelle préparée de longue date qui vise à sortir les allocations familiales de la Sécurité sociale, et donc des cotisations sociales.

Quant au patronat, le pouvoir lui redonne d’une main ce qu’il lui a pris de l’autre. Le premier ministre s’est engagé à « baisser le coût du travail » et donc à compenser la hausse des cotisations vieillesse par une baisse des cotisations familiales… qui seront alors payées par les contribuables (les salariés et les retraités). Non seulement le gouvernement exonère les chefs d’entreprise, mais il en profite pour amorcer une réforme structurelle réclamée par les chantres de l’austérité depuis des décennies : sortir les allocations familiales du périmètre de la Sécurité sociale pour les laisser à la solidarité nationale (et aux aléas du budget de l’Etat) et décharger l’entreprise de toute responsabilité sociale.

A en croire les porte-voix libéraux, ce sont les cotisations sociales qui ruineraient l’économie française et casseraient le génie industriel. Il n’en est rien. Entre 1980 et 2011, la part payée par les employeurs dans la valeur ajoutée des sociétés non financières s’est réduite de 1,7 point. Et pour quel bénéfice ? Les investissements sont restés quasiment stables (+ 0,2 point). En revanche les actionnaires ont touché le gros lot : la part des profits distribués a en effet grimpé de 6 points.

Finalement, le gouvernement actuel poursuit l’effort du précédent gouvernement qui consiste non pas à augmenter les recettes, mais à diminuer les dépenses, à savoir les pensions versées aux retraités.

Mais déjà aujourd’hui, plus d’un salarié sur trois ne peut partir à 62 ans avec une retraite pleine et entière : ils doivent choisir entre partir et subir pour le restant de leurs jours une décote qui peut aller jusqu’à 8 %, rester dans leur emploi s’ils le peuvent, ou s’inscrire au chômage. Beaucoup — près de 3 sur 10 — n’ont pas le choix et sont jetés dehors avant de pouvoir aspirer à une nouvelle vie. Du reste, le nombre de chômeurs de plus de 55 ans augmente à mesure que recule l’âge de départ. Autrement dit, ce que l’on ne paie pas en pensions on le paie en indemnités chômage. Sauf que celles-ci sont souvent inférieures à la pension attendue. C’est d’ailleurs tout le calcul du patronat et du gouvernement : avoir moins à débourser.

Le pouvoir de gauche a donc décidé de se mettre dans les pas de ses prédécesseurs de droite. Ces derniers avaient allongé de six trimestres le temps de cotisations entre 2003 et 2019 ; le gouvernement Ayrault les augmentera de six trimestres entre 2020 et 2035. Résultat : les personnes nées en 1973 partiront aux environs de 68 ans en moyenne. A condition qu’ils ne connaissent pas de carrière en dents de scie. Nombre de jeunes en sont à se demander s’ils verront un jour la retraite ; ce qui accroît encore leur angoisse de l’avenir.

En escamotant le débat public sur les retraites, l’élite politique se barricade dans cellule sans issue.

Le risque est grand de voir corseter les pensions, sans le début d’un débat public. On a l’impression que pour l’élite (de gauche ou de droite), plus les réformes sont nocives, plus la démocratie fait peur.

En fuyant le débat sur les retraites, l’élite politique piétine la démocratie.

retraites : l'alternative existe

Dans un article intitulé retraites : l’alternative existe, Jean-Marie Harribey démonte quelques idées reçues et propose quelques pistes alternatives.

Le déficit des caisses de retraite est d’origine conjoncturelle et non structurelle :

Nous l’avons déjà dit ici, mais répétons-le : l’aggravation des déficits des caisses de retraite (20 milliards d’euros prévus en 2020) ne sont pas dus à l’évolution démographique mais à la crise et au chômage.

La réponse du gouvernement est simplement de satisfaire aux exigences des marchés financiers :

L’objectif assigné à la nouvelle contre-réforme est donc clair, et c’est d’ailleurs reconnu : il s’agit de « la nécessité pour les régimes de retraites de s’inscrire dans la trajectoire des finances publiques retenues par les pouvoirs publics et de concourir au redressement des comptes publics et à la crédibilité internationale de la France ».

Le discours démagogique du gouvernement expliquant que l’augmentation de la durée de cotisation est liée à l’augmentation de l’espérance de vie ne tient pas.

Cette réforme des retraites est une régression et va à rebours de l’histoire du progrès social :

L’idée de travailler toujours plus va l’encontre de toute l’histoire humaine, qui a consisté à accompagner le progrès social par la réduction du temps de travail, au fur et à mesure que la productivité du travail le permettait et que les luttes sociales arrachaient à un patronat toujours récalcitrant des améliorations des conditions de travail et de vie.

Finalement, si le déficit des caisses de retraite est d’origine conjoncturelle, la réponse la plus adaptée est elle aussi conjoncturelle : elle consiste à aller chercher l’argent là où il se trouve.

Retenons cet ordre de grandeur : une centaine de milliards d’euros, c’est-à-dire 5 % du PIB actuel, sont distribués sous forme de rentes totalement inutiles à la société, et même nuisibles puisque ces revenus sont en grande partie immédiatement recyclés dans les circuits financiers, renforçant le risque d’instabilité, de spéculation et, au final, de crise.

Certaines alternatives ne sont pourtant jamais évoquées, ni par les politiciens à la tribune, ni par les médias de masse.

retraite et cotisation

Dans un article intitulé retraites : cotisons dans la bonne humeur, Jean-Paul Piriou explore une troisième voie au-delà des deux options couramment évoquées au sujet du financement des retraites :

  • augmenter le temps de cotisation (reculer l’âge du départ à la retraite)
  • diminuer le montant des pensions (diminuer le pouvoir d’achat des retraités)

Mais une troisième possibilité n’est que très rarement évoquée :

  • l’augmentation des cotisations sociales

En outre, malgré les protestations du patronat, il apparaît qu’augmenter les cotisations sociales ne pèse pas sur la compétitivité des entreprises.

L’invocation obsessionnelle d’une contrainte économique de compétitivité pour refuser d’augmenter les cotisations sociales ne repose donc sur aucun argument scientifique. Cela signifie que cette hausse fait bien partie des choix possibles, des moyens légitimes, même dans une économie ouverte aux bourrasques de la mondialisation.

La question de fond est la suivante : que fait-on des gains de productivité ?

gaz de schiste, la grande escroquerie

Un article intitulé gaz de schiste, la grande escroquerie estime que la révolution énergétique des gaz de schiste aux Etats-Unis est en train de générer “une bulle spéculative sur le point d’éclater”.

La raison est simple : lorsqu’un puits de pétrole conventionnel commence à être exploité, il peut généralement être exploité pendant des années, voir des dizaines d’années. En ce qui concerne les gaz de schiste, David Kling souligne que “le rendement d’un puits de gaz de schiste décroche de 60 à 90 % au terme de sa première année d’exploitation”. Autrement dit, la durée d’exploitation d’un puits de gaz de schiste ne permet pas le retour sur investissement. Le puits n’est donc pas rentable.

Il s’en suit une fuite en avant des opérateurs qui n’ont de cesse de creuser de nouveaux puits pour compenser ceux qui commencent - déjà - à s’épuiser, à l’image d’un ménage endetté contractant un nouvel emprunt pour rembourser l’emprunt précédent. Ainsi, la bulle spéculative se forme petit à petit.

En outre, la production importante de gaz de schiste au début de l’exploitation de la filière a contribué a une forte augmentation de la production et donc une forte baisse du prix du gaz, diminuant d’autant la rentabilité de la filière des gaz de schiste.

Le journaliste Wolf Richter déclare : “L’économie de la fracturation est une économie destructrice. L’extraction dévore le capital à une vitesse étonnante, laissant les exploitants sur une montagne de dette lorsque la production s’écroule.”

Alors que l’analyste financier Gail Tverberg rappelle que “la production mondiale d’énergies fossiles conventionnelles a cessé de progresser en 2005” (comme certains l’annonçaient déjà en 2007), est-ce que l’éclatement de cette bulle spéculative amènera les Etats-Unis à verser à nouveau du sang pour le pétrole ?

no blood for oil

10 ans après le début de la guerre en Irak, des documents récemment déclassifiés permettent de mieux en comprendre les dessous.

L’article intitulé échec d’une guerre pour le pétrole indique clairement que la guerre en Irak avait pour objectif principal le contrôle des ressources en hydrocarbure du pays :

Longtemps, les responsables américains l’ont affirmé : l’invasion de l’Irak n’était pas destinée à s’emparer du pétrole. Pourtant, des documents récemment déclassifiés racontent une autre histoire.

Pour la population irakienne, c’est une évidence ; pour les « faucons » du Pentagone, un contresens. La guerre d’Irak, qui, depuis mars 2003, a fait au moins six cent cinquante mille morts, un million huit cent mille exilés et autant de personnes déplacées, a-t-elle été une guerre pour le pétrole ? Grâce à une série de documents américains récemment déclassifiés. et malgré les dénégations de M. George W. Bush, de son vice-président Richard (« Dick ») Cheney, de son ministre de la défense Donald Rumsfeld, ainsi que de leur fidèle allié Anthony Blair, premier ministre britannique au moment de l’invasion, l’historien peut désormais répondre à cette question par l’affirmative.

Cela confirme donc que la lutte contre un dictateur tyrannique et en faveur de la belle idée de démocratie, que l’existence prétendue d’armes de destruction massive n’étaient que des prétextes, des outils de diversion destinés aux médias et aux populations qui voulaient bien se laisser manipuler.