si, c'est vrai !

la cotisation, levier d'émancipation

Bernard Friot est sociologue et économiste. Il considère la cotisation comme un levier d’émancipation.

Définir les producteurs par la ressource qu’ils tirent de leur “capital humain”, et non par leur capacité à décider de la valeur économique[1], et par conséquent de ce qui va être produit, par qui et comment : telle est la représentation que tente d’imposer le capitalisme. Dans le système actuel, en effet, la valeur se mesure par le temps de travail - c’est la “valeur travail”. Pour en finir avec cette conception, nous disposons d’une institution déjà puissante, issue des conquêtes sociales : la cotisation, qui constitue l’une des deux dimensions émancipatrices du salaire[2].

Il convient de préciser qu’on se réfère ici au salaire total[3], à ne pas confondre avec le salaire net - celui qui figure au bas de la feuille de paie - ni avec le salaire brut, qui ne constitue qu’une partie du salaire total. En effet, si le “brut” ajoute au “net” les cotisations dites “du salarié”, il ignore les cotisations “employeur”, deux fois plus importantes. Quand une personnalité politique parle de la cotisation comme une taxation du revenu ou d’un prélèvement, ou lorsque la représentante du patronat dénonce les “charges sociales” qui alourdissent le “coût du travail”, elles mettent en cause une composante du salaire. Or geler, voir baisser, le taux de cotisation, comme le préconisent les réformateurs de droite et de gauche, revient à diminuer le salaire dans ce qu’il a de porteur d’avenir.

Car la cotisation sociale offre une définition anticapitaliste de la valeur. Son versement consiste tout simplement à attribuer une valeur économique à des non-marchandises telles que les prestations de santé, l’éducation des enfants, l’activité des retraités. En finançant ainsi le salaire à vie des pensionnés, le salaire au grade des soignants, le salaire maintenu des malades ou des chômeurs, le travail non marchand des parents, elle subvertit le marché du travail et la mesure des biens par leur temps de production.

D’où viennent ces cotisations sociales ? A l’origine, elles résultent, pour une bonne part, d’initiatives patronales destinées à éviter la hausse des salaires directs, comme les allocations familiales qui forment jusque dans les années 1950 le coeur de la sécurité sociale. Mais cet instrument s’est révélé émancipateur à mesure que se consolidaient après la seconde guerre mondiale les institutions du salaire sous la pression du mouvement ouvrier.

Ponction sur la richesse, versée aussitôt que produite, la cotisation ne procède pas d’une accumulation et ne génère aucun profit. Jusqu’à son invention, tout accident de santé obligeait le travailleur et sa famille à emprunter ou à alimenter la rente des actionnaires des compagnies d’assurance. En ponctionnant la valeur ajoutée[4] pour financer la santé ou la vieillesse, la cotisation sociale met en évidence l’inutilité du crédit et de la propriété lucrative. Contrairement à l’impôt sur le revenu, à une taxe sur le profit ou à une assurance de prévoyance contractée en vue d’un revenu différé, elle constitue un salaire socialisé. Cette différence décisive fait de la cotisation un levier de transformation sociale : un instrument permettant aux salariés de conquérir le pouvoir sur l’économie.

Il imagine par la suite un système étendant la part socialisée du salaire à la totalité de ce dernier.

Dès lors, il n’y aurait plus de patrons payant “leurs” salariés, mais des directions d’entreprise qui verseraient une cotisation et recruteraient des salariés qu’elles n’auraient pas à payer. C’est peu de dire que le rapport de forces entre les unes et les autres se trouverait brutalement rééquilibré.

En conclusion, il considère que la socialisation du salaire serait un acte politique fort et non une mesure technique.

A terme, affecter l’intégralité de la richesse produite à la cotisation, et donc au salaire socialisé, constituerait un acte politique fondamental : la définition de la valeur, sa production, sa propriété d’usage et sa destination reviendraient aux salariés, c’est-à-dire au peuple souverain. L’enjeu du salaire, c’est donc la possibilité de sortir du capitalisme. Non pas de déplacer le curseur de la répartition de la valeur ajoutée en faveur du salaire et au détriment du capital, mais de sortir la valeur du carcan du temps de travail, de se passer des capitalistes et du marché du travail, d’affecter toute la valeur ajoutée au salaire, y compris la part qui doit aller à l’investissement. Car, au fond, il n’est besoin pour travailler ni d’employeurs, ni de prêteurs, ni d’actionnaires.

Socialiser le salaire serait donc un moyen de s’affranchir de la domination capitalistique de l’employeur ?

Pour poursuivre cette réflexion, l’association d’éducation populaire réseau salariat développe une activité de création d’outils d’éducation populaire et de formation sur les enjeux centraux du conflit salarial et sur les possibilités qu’il ouvre.


  1. valeur économique : tous les biens et services produits ne se valent pas, non pas par essence, mais parce que les rapports sociaux opèrent un tri en valorisant monétairement certaines modalités de production. Ainsi, le parent qui élève un enfant produit une richesse à laquelle le capitalisme n’attribue pas de valeur économique, contrairement au manageur qui concocte un “plan social”. ↩︎

  2. l’autre est la qualification, un axe développé dans l’enjeu du salaire. ↩︎

  3. salaire total : salaire net augmenté de l’ensemble des cotisations, salariales et patronales. L’ajout des cotisations correspond à plus de 83 % du salaire net si ce dernier est supérieur à 1,6 fois le salaire minimum : 100 euros de salaire net sont doublés de 73 euros de cotisations et de 10 euros de contribution sociale généralisée (CSG), impôt affecté à la sécurité sociale. ↩︎

  4. valeur ajoutée : la valeur économique nouvelle en cours de création. La valeur ajoutée nouvelle créée dans l’année est le produit intérieur brut (PIB). Lorsqu’on retranche du prix d’un produit le coût des consommations intermédiaires (énergie, matières premières) et l’amortissement des machines, on obtient la valeur ajoutée, qui se partage entre profits et salaires. ↩︎

le contrat social en 10 questions

La CGT propose sur son site internet de se poser 10 questions qui reviennent souvent dans le débat sur le contrat social.

  • Le coût du travail en France est-il trop élevé ?
  • Faut-il baisser les salaires pour préserver l’emploi ?
  • Les Français ne travaillent-ils pas assez ?
  • Le droit du travail est-il trop rigide en France ?
  • L’égalité salariale est-elle une priorité du gouvernement ?
  • Les immigrés sont-ils un coût pour le contribuable ?
  • Les chômeurs sont-ils des assistés ?
  • Notre modèle de protection sociale est-il trop cher ?
  • Le recul de l’âge légal du départ à la retraite est-il inéluctable ?
  • La France vit-elle au-dessus de ses moyens ?

Les réponses à ces questions se trouvent sur la page le contrat social en 10 questions et ont pour objectif avoué de remettre les pendules à l’heure.

contre l'oligarchie, la finance, les médias : que faire ?

François Ruffin vient de publier un article en trois parties intitulé contre l’oligarchie, la finance, les médias : que faire ? (partie 2, partie 3).

Il souhaite, par cet article, apporter un début de réponse à une question récurrente : “comment faire, alors, pour leur retirer le pouvoir ?”. Il commence par indiquer “que ne pas faire”, les pièges à esquiver et les erreurs à éviter.

Que ne pas faire ?

  • Attendre l’écroulement,
  • attendre la fin du pétrole,
  • attendre la Révolution,
  • attendre que ça pète,
  • cracher sur les syndicats,
  • cracher sur les partis,
  • miser sur les petites solutions locales,
  • refuser le cadre national,
  • miser sur la grande solution globale,
  • miser sur la consommation citoyenne.

Puis il poursuit sur une esquisse de pistes à explorer.

Que faire ?

  • Se rassembler,
  • s’élever au-dessus de l’époque.

La suite est à écrire ensemble !

leur dette, notre démocratie

En janvier de l’année 2012, Frédéric Lordon intervenait lors du colloque co-organisé par Attac et Médiapart. son intervention intitulée leur dette, notre démocratie a été retranscrite et vous permet de constater que le point de vue de Frédéric Lordon n’est pas optimiste.

En août 2011, il affirmait que “la certitude de la catastrophe finale commence à se profiler”. Dorénavant, il estime que le “remède à la crise démocratique européenne est un soulèvement ou la table rase par l’effondrement financier”.

Aussi bien qu’il n’existe pas qu’une seule Europe possible, Frédéric Lordon estime qu’il n’existe pas qu’une seule mondialisation possible. Il peut exister un repli nationaliste, xénophobe ou haineux tout autant qu’un protectionnisme heureux et vertueux. Il peut exister une mondialisation moins disante et concurrentielle tout autant qu’une mondialisation solidaire et responsable.

Il invite à cesser de considérer les cadres européens et internationaux comme les seuls autorisés et le cadre national comme honnis. La souveraineté du peuple doit pouvoir s’appliquer dans le cadre où sont décidées et appliquées les lois, quel que soit le cadre considéré. Dans le cas contraire, le cadre en question doit immédiatement être jugé comme illégitime.

C’est l’essence même de la démocratie qui se joue dans cette crise.

chiffres tronqués pour idée interdite

Gilles Ardinat illustre dans son article intitulé chiffres tronqués pour idée interdite à quel point les chiffres ne parlent pas d’eux-même. En réalité, ce qu’ils veulent bien dire dépend de ce que on veut leur faire dire.

Il prend l’exemple d’un indicateur appelé le taux d’ouverture - censé représenter l’ouverture d’un pays au commerce international - et montre que l’indicateur ne fait pas sens et conduit à une vision biaisée de la situation.

Une question se pose : l’indicateur choisi est-il fiable ? En effet, les exportations se libellent en prix de vente, alors que le PIB additionne des valeurs ajoutées. Cette différence est fondamentale, car un produit consommé à l’étranger est comptabilisé en fonction de son prix, alors que ce même produit, consommé en France, n’est envisagé que par la marge qu’il dégage. A l’échelle d’un magasin, cela reviendrait à mélanger le prix d’étiquetage d’un produit et la marge brute réalisée par la boutique. Or, si tout consommateur comprend aisément la différence entre le chiffre inscrit sur son ticket de caisse et la marge du commerçant, les grands observateurs de la mondialisation confondent les deux données. En conséquence, le taux d’ouverture surestime le poids des exportations dans l’activité économique. Un biais statistique qui fausse considérablement le débat sur le protectionnisme.

La faille de raisonnement ayant conduit à imaginer cet indicateur apparaît clairement lorsque le taux d’ouverture de certains pays dépasse amplement le taux de 100 % !

Ainsi le chiffre de 25 % constitue-t-il, au mieux, une contrefaçon. Cette aberration statistique est flagrante dans le cas de petits pays très mondialisés. Le taux d’ouverture de Singapour, par exemple, dépasse très largement les 100 %, ce qui revient à suggérer que ce pays exporterait plus qu’il ne produit. Selon l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), le montant de ses exportations s’est élevé à 357,9 milliards de dollars en 2009, pour un PIB de 182,2 milliards de dollars, induisant un taux d’ouverture de 196,4 % !

Cet artifice comptable a pour effet de surestimer le poids du commerce international dans l’activité économique nationale, et tend à montrer que toute forme de protectionnisme serait dangereuse pour nos emplois.

Gilles Ardinat estime que de tels indicateurs ont manifestement pour vocation d’interdire la discussion.

un usage du SMIC contre le salaire

Le SMIC a été instauré en 1970 comme un salaire minimum. L’étude intitulée un usage du SMIC contre le salaire montre comment il tend à devenir un salaire maximum.

En premier lieu, il convient de rappeler que l’employeur d’un salarié au SMIC bénéficie d’une importante exemption de cotisations sociales. Si l’on considère ces cotisations sociales comme du salaire mutualisé (ou socialisé), on est donc confronté à un double manque à gagner pour les salariés :

  • faible salaire direct
  • faible salaire indirect mutualisé

Là où l’employeur est doublement gagnant, les salariés sont doublement perdants.

Comme le signalent les bilans sociaux des centres externalisés étudiés, la main-d’oeuvre représente entre 70 et 80 % du chiffre d’affaires, les propos de notre DRH peuvent donc être pris au sérieux. Avec de tels pourcentages, on comprend alors tout l’intérêt des différents groupes à privilégier les formes réversibles de rémunération (les primes cf. infra) et surtout à profiter des opportunités légales propres à certains territoires ou sur toute la France comme l’exonération de cotisations sociales jusqu’à 1,6 SMIC. Précisément, les taux de cotisations patronales au régime général de la Sécurité sociale équivalent en moyenne à 30,3 % du salaire brut. Après exonération, ils sont alors compris dans une fourchette allant de 4,3 à 15,9 % du salaire brut. Cette politique, qui dans le discours gouvernemental et patronal a vocation à « pérenniser l’emploi en France », nuit au premier chef aux salariés puisque les exonérations sont équivalentes à une réduction du salaire total (salaire net plus cotisations sociales). Au surplus, la dotation budgétaire versée par l’État à la Sécurité sociale pour compenser ces exonérations revient, comme la TVA sociale d’ailleurs, à faire payer aux contribuables et donc majoritairement aux salariés ce que les employeurs devaient auparavant assumer.

Certains employeurs contournent la loi en payant leurs salariés en dessous du SMIC au prétexte de compléter le salaire fixe par des primes. On voit donc que si le SMIC constitue de plus en plus un salaire maximum, il ne constitue même plus un salaire minimum.

Les centres d’appels privilégient surtout la prime d’assiduité et la prime aux résultats. Afin de lutter contre un absentéisme important du fait des conditions de travail connues pour leur dureté, certains centres d’appels proposent une prime d’assiduité. Tel groupe par exemple, verse 50 € bruts mensuels si le salarié n’a aucun retard, aucun départ avant l’heure et aucune absence (autorisée ou non) dans le mois. Cette prime n’est pas qualifiée de « prime d’assiduité » ou « de présence », ce qui peut la faire entrer – alors qu’elle en est légalement exclue – dans l’assiette de vérification SMIC. Une telle pratique permet de ne pas respecter à la lettre le versement d’un montant de rémunération équivalent au SMIC quand bien même les absences de l’employé seraient justifiées. Cela change la signification de la prime : d’une récompense de la présence du salarié au cours du mois venant compléter le SMIC, elle devient une pénalité entamant le SMIC si le salarié a dû s’absenter. Mais surtout, elle permet à l’employeur de garder le SMIC comme horizon de rémunération des téléconseillers.

En conclusion, les avantages supposés du SMIC paraissent bien fades au regard de l’usage qui en est fait par les employeurs qui contournent la loi.

Le cas des centres d’appels montre à quel point le SMIC, loin de représenter « idéalement » une première rémunération, se constitue progressivement contre le salaire, c’est-­à-dire contre les cotisations sociales et les qualifications. Une carrière smicarde générant de faibles cotisations employeurs semble être le seul horizon des employés. Les primes réversibles n’ont pas vocation à faire décoller leur rémunération du SMIC et certaines d’entre-elles peuvent même rendre difficile l’exercice concret de droits comme les absences justifiées. Seules la réhabilitation politique des cotisations sociales et la promotion d’une véritable négociation collective de branche permettront de sortir les employés de leur destin de smicard pour leur reconnaître pleinement ce qu’ils sont déjà en substance : des salariés qualifiés.

Au delà de son propre salaire, il importe de lutter pour le salaire des autres, et en particulier les salaires les plus faibles. En augmentant les petits salaires, donc les cotisations sociales associées, on augmente finalement notre salaire global mutualisé !

tous égaux face au cerveau

L’article intitulé tous égaux face au cerveau cherche à bousculer les constructions idéologiques basées sur le genre.

Nous savons aujourd’hui que le cerveau est asexué et que ce sont les connexions neuronales – appelées synapses – qui font l’intelligence. Qu’on soit homme ou femme, nous naissons avec 100 milliards de neurones, et 10% de connexions entre eux. Les 90% restant se mettent en place jusqu’à 18-20 ans, d’après nos expériences – rien d’inné, donc, dans tout cela. Adultes, nous avons un million de milliards de synapses qui relient 100 milliards de neurones, et chaque neurone est en contact avec 10 000 neurones, sachant que la construction des circuits synaptiques est dépendante de l’environnement et que les premières années de la vie représentent une période incontournable dans le développement du cerveau. Par exemple, si le nouveau-né possède déjà toutes les structures oculaires nécessaires pour voir, la vision nécessite un apprentissage, à l’égal du langage. Pour se développer, la vision a donc besoin de stimulations (jouets, mobiles), de lumière, de diversité d’angles, etc.

En conséquence, l’intelligence doit plus à l’acquis qu’à l’inné.

L’intelligence n’est ni une question de genre, ni une question de gènes : c’est une question d’environnement dans lequel on se construit.

Il importe de ne pas considérer l’humanité uniquement à travers le prisme du genre, comme des hommes ou des femmes, mais de les considérer avant tout comme des êtres humains.

partager quand on sait d'où vient sa richesse

Warren Buffett est un homme d’affaire multimilliardaire. Sa fortune ne lui a pourtant pas tourné la tête et il estime que “le vrai luxe, c’est le temps”. Il remarque en outre que, parvenus à un certain niveau de richesse, nous ne sommes plus les possesseurs des choses, et que ce sont au contraire les choses qui nous possèdent. Pour lui, ce qui compte vraiment, mis à part la santé, ce sont des amis de longue date, divers et intéressants.

Il reconnait également qu’il doit en partie sa fortune à des facteurs externes à sa personne et à ses actions :

Ma richesse provient de trois facteurs : le fait d’être né en Amérique, d’avoir reçu de bons gènes, et d’avoir profité des intérêts composés. Mes enfants et moi-même, nous avons gagné à la loterie génétique. (Pour rappel, je n’avais environ qu’une chance sur 30 de naître en Amérique en 1930. De plus, le fait d’être un homme et d’être blanc m’a épargné les obstacles gigantesques qu’une majorité d’Américains ont du affronter).

Ma chance a été encore accrue parce que j’ai vécu au sein d’une économie de marché qui produit parfois des résultats faussés, mais qui, dans l’ensemble, bénéficie à notre pays. J’ai travaillé dans une économie qui récompense une personne qui sauve la vie des autres sur un champ de bataille avec une médaille, qui récompense un grand professeur avec des notes de remerciement des parents, mais qui récompense ceux qui peuvent détecter les erreurs d’évaluation des titres avec des sommes atteignant des milliards. Bref, la distribution des longues pailles par le destin est follement capricieuse.

Enfin, Warren Buffet prône une véritable rénovation de la fiscalité. Ses arguments sont simples : au minimum, les riches doivent verser la même part de leurs revenus en impôts que les moins riches. Il s’étonne en effet de payer moins d’impôt que sa secrétaire.

Je paie moins d’impôts que ma réceptionniste, vous trouvez cela normal ? Et pourtant, je n’abrite pas mon argent dans des paradis fiscaux, j’applique juste des lois votées par le Congrès.

Ces idées se retrouvent développées aux côtés d’autres idées tout aussi intéressantes dans un article de Gilles Raveaud intitulé Warren Buffett partage car il sait d’où vient sa richesse.

rapport riches / pauvres : 3 fois plus, ou 60 ?

Gilles Raveaud illustre le fait qu’on peut faire dire ce qu’on veut aux chiffres et que les statistiques sont autant un outil pour ceux qui les maîtrisent qu’un piège pour ceux qui n’y comprennent rien (et qui peuvent se laisser berner par ceux qui les maîtrisent). Dans son article intitulé rapport riches / pauvres : 3 fois plus, ou 60 ?, il montre qu’on peut évaluer à 3 ou à 60 le rapport d’inégalités de revenu entre deux déciles de la population française selon le degré d’honnêteté du locuteur.

En réaction à un éditorialiste du journal les Echos qui écrit que “le niveau de vie des 10% de Français les plus aisés est 3,4 fois plus élevé que celui des 10% les plus modestes”, Gilles Raveaud montre que l’éditorialiste joue sur les mots à dessein (ou bien fait preuve d’un incroyable manque de précision) dans sa manière de présenter son interprétation de ces chiffres :

De plus et surtout, ce que [l’éditorialiste] compare, ce n’est pas, contrairement à ce qu’il écrit, “le niveau de vie des 10% de Français les plus aisés” au “niveau de vie des 10% les plus modestes”. En effet, le rapport de 3,4 qu’il affiche est le résultat de la comparaison entre le revenu de la personne qui est classée 90ème sur 100 au revenu de la personne classée 10ème sur 100.

Et comme le résume très bien Denis Clerc, “le rapport D9/D1, ce n’est pas autre chose que le rapport entre le plus pauvre des riches et le plus riche des pauvres”.

La perception de son propre niveau de richesse et des inégalités de répartition des richesses est éminemment subjective et invite à se positionner sur une échelle objective d’évaluation de la richesse. Chacun constaterait alors qu’il existe d’importantes différences entre l’idéal, la perception et la réalité de la répartition des richesses.