si, c'est vrai !

les mensonges du lobby de l'atome

Le militant Takashi Hirose dresse un sévère réquisitoire contre les fournisseurs d’électricité. Dans son article intitulé les mensonges du lobby de l’atome, il leur reproche de dissimuler la vérité sur le coût de l’énergie nucléaire et de réaliser des bénéfices en monopolisant les réseaux de l’archipel.

Encore une fois, énergie nucléaire et transparence de l’information ne font vraisemblablement pas bon ménage.

chantage à Washington

Dans un court article intitulé chantage à Washington, Serge Halimi nous donne un aperçu des négociations actuellement tenues aux États-Unis au sujet l’équilibre budgétaire fédéral pour les années à venir et jusqu’en 2050.

Le 5 avril dernier, M. Paul Ryan, président de la commission budgétaire de la Chambre des représentants, a d’ailleurs détaillé les projets des républicains pour les décennies à venir. Son plan prévoit que les dépenses publiques, actuellement égales à 24 % du produit intérieur brut (PIB), n’atteindront plus que 14,75 % du PIB en 2050, le taux d’imposition maximal passant de 35 % à 25 % (niveau le plus bas depuis 1931). Toutes les niches fiscales des privilégiés seraient préservées, mais les remboursements de santé destinés aux personnes âgées et aux pauvres seraient gelés.

A supposer que les États-Unis ont quelques années d’avance sur l’Europe en terme de régression sociale, cet aperçu n’est pas de nature à rassurer.

des chiffres et des hommes

Alors que la question démographique est trop rarement abordée dans les média, le Monde Diplomatique a publié un dossier démographie intitulé des chiffres et des hommes.

Epidémies, guerres, chaos politique, habitudes culturelles… autant de facteurs qui orientent la démographie d’un pays. En Russie, la population avait décliné avant l’implosion de l’URSS, mais la « thérapie de choc » a accéléré la chute. Dans les pays arabes, le poids de la jeunesse a contribué à la révolte. La vision que les peuples ont d’eux-mêmes influe également sur leur nombre. A certaines époques, la peur de la surpopulation a envahi les esprits, tandis qu’à d’autres c’est la crainte du dépeuplement qui a dominé. En Chine, la grande inquiétude vient du vieillissement accéléré. Partout, la part croissante des personnes âgées constitue l’une des caractéristiques majeures du XXIe siècle.

Cité dans le dossier en question, Alfred Sauvy ne manque pas de rappeler dans son ouvrage intitulé la France ridée que la question démographique reste fondamentale et que c’est par lâcheté qu’elle est devenue taboue :

Si fondamentaux sont les problèmes de population qu’ils prennent de terribles revanches sur ceux qui les ignorent. Extrêmement rare est le nombre des auteurs parlant du vieillissement de la population : il n’y en a à peu près aucun qui ose examiner les conséquences morales, parce que cela fait trop peur. C’est la fuite générale, le sauve-qui-peut, l’immense lâcheté.

On pourrait donc considérer que le simple faire de lire ce dossier démographie serait déjà faire preuve de courage !

le libre-échange, c'est la dictature des entreprises

Écrivain, physicienne, prix Nobel alternatif, la militante écologiste indienne Vandana Shiva trace un parallèle entre la frontière d’un organisme vivant et les frontières artificielles appliquées par les états et les entités économiques :

Aucune frontière n’est jamais totalement fermée. C’est comme la frontière de notre peau, qui nous protège de l’invasion de toute infection : des ouvertures permettent à la transpiration de sortir, pour maintenir notre équilibre, préserver notre santé. Toutes les frontières sont poreuses. Un corps souverain sait comment réguler ces entrées et sorties. Il sait quand trop de chaleur entre dans le corps. Il sait comment s’opposer aux virus. Quand un corps perd cette autonomie, cette souveraineté, il devient malade. C’est la même chose pour un pays, gouverné par un peuple souverain et autonome. Ce peuple peut dire : « Notre lait est vendu 14 roupies/litre, votre lait européen qui débarque à 8 roupies/litre va détruire l’économie laitière en Inde, donc j’ai le droit de réguler ce qui entre. » La régulation est vitale pour tout système vivant. La dérégulation, c’est l’appel de la mort. Un corps dérégulé meurt. De même, une nation, une économie dérégulée meurt.

De cette hypothèse découle une vision plutôt originale du libre-échange :

Le libre-échange est un protectionnisme pour les puissants. Le libre-échange, dans la manière dont il a été façonné, n’est pas du tout libre. Il n’est pas démocratique.

Enfin, elle conclut en militant pour l’action non-violente :

Personne n’a mieux parlé du pouvoir de la non-violence que Gandhi. « Nous ne pouvons pas démanteler la maison du maître avec les outils du maître », a dit la poétesse américaine Audre Lorde. Nous avons besoin d’outils différents. Ils doivent être non-violents, parce que la non-violence est plus soutenable, et qu’elle efface vos peurs. Ceux qui luttent de manière violente doivent se cacher tout le temps. Je préfère me tenir droite face aux multinationales pour leur dire ce que je pense d’elles. Agir « sans peur » est notre plus puissante arme. Et la non-violence crée également un soutien plus large. Et nous vivons à une époque où une poignée de personnes ne peut pas mener les batailles pour toute la société. C’est toute la société qui doit être engagée. Les actions non-violentes sont une invitation à toute la société à participer au combat.

L’article intitulé le libre-échange, c’est la dictature des entreprises est publié sur le site de Basta!.

la TVA est-elle juste ?

Les taxes indirectes (telles que la TVA) représentent près de 17% des revenus des plus démunis, deux fois plus que pour les ménages les plus aisés.

Alors que dans le cas des impôts “progressifs” (l’impôt sur le revenu en particulier) le taux augmente avec le niveau de vie, dans le cas des taxes indirectes, il diminue.

A la lumière de ces éléments, on peut légitimement se poser la question : la TVA est-elle juste ?

l'organisation et le nombre

Albert Einstein disait : “Le monde est dangereux à vivre ! Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire.”

Comment faire alors pour amener ceux qui regardent et laissent faire à ne plus laisser faire mais à faire ? C’est à cette question que s’intéresse Alain Accardo dans son article intitulé l’organisation et le nombre.

Sa thèse est que le point de départ de toute démarche de changement social débute au niveau de l’individu, de l’auto-analyse qu’il peut avoir sur lui-même et sur sa place dans la société.

Se socioanalyser consiste à se demander, en toutes circonstances, en quoi ce que l’on est et ce que l’on fait ou projette de faire, est déterminé, dans sa matérialité et/ou ses modalités, par ses conditions sociales d’existence, c’est-à-dire par la socialisation subie, par la position sociale qu’on occupe, par la trajectoire que l’on a suivie, par son appartenance à tel(s) ou tel(s) groupe(s), à telle classe ou fraction de classe, par les capitaux matériels et symboliques que l’on détient ou que l’on convoite, etc., et en même temps à se demander en quoi les « choix » de toute nature que l’on opère à tout instant, parfois après en avoir délibéré mais le plus souvent sans même y réfléchir vraiment, contribuent au maintien et à la reproduction de l’ordre social établi. La socioanalyse est donc un travail d’élucidation, de mise en lumière de ce qui habituellement fonctionne dans le clair-obscur, voire dans l’inconscience totale, à savoir les rapports d’homologie ou, pour parler plus simplement, les correspondances et les déterminations réciproques plus ou moins étroites, plus ou moins immédiates, entre les deux formes conjointes sous lesquelles existe toujours le monde social : les structures objectives en dehors de nous et les structures subjectives au dedans de nous. C’est un exercice difficile sans doute, mais ni plus ni moins que toute autre tâche intellectuelle, pour peu qu’on ait le temps et les moyens de s’informer et de réfléchir. La qualité du résultat dépend évidemment des ressources théoriques dont on dispose, mais je ne crois pas qu’il existe de méthode de la socioanalyse sans peine ni de recette magique pour acquérir la volonté de savoir, de comprendre et d’en tirer les conséquences. La véritable difficulté est ailleurs.

Elle tient au fait que, généralement, ceux qui entreprennent ce retour sociologique sur eux-mêmes y sont conduits parce qu’ils s’interrogent sur la façon dont le monde social fonctionne. Et s’ils s’interrogent, c’est d’abord parce qu’ils ne s’y sentent pas bien. Ceux qui s’y sentent confortables sont plutôt enclins à considérer que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais ceux qui éprouvent un malaise, une des nombreuses formes de la « misère de position », finissent par s’interroger sur la racine de leur mal avec peut-être l’espoir d’y remédier. L’ennui, c’est qu’en même temps que certaines des raisons pour lesquelles on souffre, l’analyse critique découvre les conditions et donc les limites dans lesquelles on peut y remédier. On commence à comprendre que tous ces problèmes sont structurels, inhérents à une logique objective de fonctionnement, à un agencement systémique qui se moque des humeurs individuelles tant qu’elles ne se transforment pas en une force sociale organisée. On découvre qu’on n’est pas aussi étranger qu’on pouvait le croire au fonctionnement des structures et que, alors même qu’on aurait des raisons de se plaindre, on se comporte en victime consentante quand ce n’est pas en collaborateur zélé du système qui vous opprime. Pis encore, on découvre aussi – et ça, c’est très déstabilisant – qu’on n’a pas uniquement des raisons de se plaindre du monde dans lequel on vit, mais qu’il a aussi, en compensation, quelques côtés plus supportables, quelques avantages dont on imagine mal qu’on puisse se passer. Mais ce progrès dans la connaissance de soi-même n’a malheureusement pas d’effet automatique.

Il en conclut que cette auto-analyse conduit forcément sur un point de vue novateur sur soi-même et sur les autres.

En définitive, je dirai que que l’effort de se socioanalyser, s’il est suffisamment poussé, en toute rigueur, a une grande probabilité de déboucher sur l’adoption d’un point de vue révolutionnaire, une volonté de transformation radicale des rapports sociaux. La difficulté c’est de constituer la force sociale indispensable à la réalisation de ce projet. En tout état de cause, cela implique le rassemblement de la masse des intéressés potentiels (l’immense majorité des salariés aujourd’hui) autour d’un nouveau projet de société. Encore faudrait-il que tous les intéressés arrivent à faire le lien entre leur mal-être existentiel et la logique du système qu’ils ont intériorisée, et donc qu’ils entament, d’une façon ou d’une autre, leur socioanalyse.

Quoi qu’il en soit, la mise en évidence des liens étroits et incorporés que chacun entretient avec l’ordre établi, est la seule voie, non pas pour échapper miraculeusement aux pesanteurs sociales – ce qui est impossible – mais pour commencer à remédier à la cécité volontaire et plus encore involontaire qui assujettit tout agent au système et fait de lui un esclave qui s’ignore.

Cette analyse intéressante montre qu’une initiative isolé ou limitée n’a que peu de chance d’aboutir à un véritable changement. A l’inverse, une initiative qui débute au niveau de l’individu et qui - par l’organisation et le nombre - arrive à fédérer tout ou partie d’une classe sociale, est la seule à même d’aboutir à un mouvement doté d’une volonté politique de changement.

la femme, homologue de l'homme, ou homologue de l'époux ?

Selon le dictionnaire du portail lexical, Le terme femme répond à 2 définitions principales :

  • la femme est un être humain de sexe féminin
    • pas de synonyme évident
    • antonyme : homme
  • la femme est une personne de sexe féminin qui est mariée
    • synonyme : épouse
    • antonyme : époux

Le dictionnaire distingue donc deux sens : un sens morphologique et un sens social là où le langage n’utilise qu’un seul mot. Le masculin dispose de deux mots (homme et époux) là où le féminin ne dispose que d’un seul mot (femme).

Comment alors distinguer le sens sous-jacent du mot femme dans une phrase telle que “ma femme s’occupe des enfants” ? Est-ce la phrase signifie : “la personne qui est mariée avec moi s’occupe des enfants” ou bien “l’être humain de sexe féminin qui m’appartient s’occupe des enfants” ? Il est en réalité impossible de faire la différence. Les deux sens se fondent en un seul mot et finissent pas se confondre en une seule notion.

On se base alors sur une étude contextuelle pour déterminer quel est le sens à donner au mot femme. Mais cette étude contextuelle est forcément sujette à débat et est souvent laissée de côté pour laisser place à une commode confusion.

Cela n’est qu’un des indices qui montrent à quel point la langue française est une langue sexiste, machiste et patriarciale. En effet, la femme est traditionnellement autant définie par ses caractéristiques morphologique que par son positionnement par rapport à l’homme.

Ce qui est vrai pour le mot femme l’est tout autant pour le mot fille :

  • la fille est un être humain enfant de sexe féminin
    • pas de synonyme évident
    • antonyme : garçon
  • la fille est une personne de sexe féminin considérée par rapport à ses parents
    • pas de synonyme évident
    • antonyme : fils

Cette fois encore, le dictionnaire distingue donc deux sens : un sens morphologique et un sens social là où le langage n’utilise qu’un seul mot. Le masculin dispose de deux mots (garçon et fils) là où le féminin ne dispose que d’un seul mot (fille).

Cela peut s’expliquer dans une société patriarcale par le fait qu’une fille ou qu’une femme ne se définit pas uniquement par sa substance intrinsèque, au travers de sa propre personne, mais surtout en rapport à un homme. Du statut de fille de lorsqu’elle est enfant (le plus souvent, fille de son père, le chef de famille), elle passe au statut de femme de une fois adulte (donc une fois mariée à un homme, un autre chef de famille).

La femme n’existant donc que sous la tutelle d’un homme (son père ou son époux), il est dès lors inutile d’inventer un mot pour distinguer l’être humain doté de caractéristiques morphologiques féminines de l’être humain inséré dans une structure sociale particulière.

Cela peut paraître anodin, mais en réalité le choix des mots n’est pas neutre parce que le langage structure la pensée.

Pour aller plus loin, vous pouvez lire l’article de Eric Macé intitulé le piège de la “cause des femmes” (en trois partie).

glissement de la démocratie vers l'oligarchie

Si le glissement de la démocratie vers l’oligarchie est suffisamment lent et insidieux, il est possible que les citoyens ne s’en rendent pas compte.

Hervé Kempf n’est pas tendre avec l’occident et son système politique dans son article intitulé il est vital pour l’oligarchie de maintenir la fiction d’une démocratie. Il estime que les peuples occidentaux se laissent berner par la classe dirigeante :

Il est vital pour le maintien d’un système inégalitaire que le peuple continue à croire qu’il est en démocratie, que c’est lui qui décide. Aujourd’hui, une partie de la classe dirigeante est cependant en train d’abandonner l’idéal démocratique et aspire plus ou moins ouvertement à un régime totalitaire.

Il estime également la classe dirigeante incapable de s’attaquer à la question écologique car cela impliquerait de remettre en cause l’oligarchie elle-même :

Pour l’oligarchie, il est vital que croissance économique et promesse d’augmentation de la consommation matérielle soient considérées comme un objectif absolu. C’est la condition pour que les inégalités actuelles restent acceptables : la croissance du PIB est censée permettre l’élévation du niveau de vie de tous. La question écologique est donc toujours minorée et la critique de la croissance considérée comme absurde.

Plus de 3 ans après le Grenelle Environnement, des associations déplorent l’absence de résultat dans un bilan plus que mitigé sur les questions de taxe carbone, de transport et d’énergie.

Cette incapacité de la classe dirigeante à répondre à la question écologique serait un indice en faveur de la thèse de Hervé Kempf : nous sommes passé d’une démocratie à une oligarchie.